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MESSIANISME, APRÈS L’EXIL : ABDIAS, MALACHIE


les envahisseurs ; il les frappera d’effroyables fléaux. Par cette victoire, Jahvé deviendra le roi de toute la terre. Les peuples qui survivront le reconnaîtront comme unique Dieu. Ils viendront en pèlerinage à Jérusalem. Ceux qui n’y prendront pas part, seront anéantis. Pour Israël et la Terre sainte commencera une ère de prospérité merveilleuse. Il y aura une clarté perpétuelle qui ne sera pas interrompue par les nuits. Tout le pays sera transformé en une plaine à l’exception de la montagne qui porte la ville sainte. De cette montagne jaillira une source dont les eaux couleront vers l’Est et l’Ouest pour arroser tout le pays.

Il y aura partout à Jérusalem une telle sainteté que même les harnais des chevaux seront consacrés à Dieu, et que tous les pots pourront servir de vases liturgiques. Le profane n’existera plus. (A cause des différences très prononcées qui existent entre cette seconde et la première description de l’invasion des ennemis et des événements suivants, on comprend aisément que Sellin suppose deux auteurs différents. Le texte des deux morceaux est altéré par plusieurs gloses.)

Voir les commentaires des douze petits prophètes col. 1429. — J. D. F. Burger, Éludes exégétiques et critiques sur le prophète Zacharie, 1841 ; M. Baumgarten, Die Nachtgesichte Sacharias, i-II, 1854-1855 ; L. Reinke, Der Prophet Haggai, 1868 ; Rubinkam, The second part o/ the Book o/ Zechariah, 1892 ; J. J. P. Perowne, Haggai and Zecharjah, 1893 ; A. Tony, Le prophète Aggée, 1895 ; J. Boehmer, Haggai und Sacharja, zwei Prophelen des Glaubens, dans Neue kirchliche Zeilschrift, 1901, p. 717 sq. ; A. Holm, Del messianska hoppel hos Haggai och Saharja, 1903 ; J. Matthes, Hag. 1, 9 ; 2, 15-19, dans Zeitschrift fur die A. T. Wissenschaft, 1903, p. 123 sq. ; F. Descy, Analyse du livre d’Aggée, dans Collaliones Namurcences, sept. 1905 ; Allnutt, Expository thoughts on the nine visions granted to Zachariah, 1906 ; Lagrange, Notes sur les prophéties messianiques des derniers prophètes (Ag., Zach., Joel, Mal.), dans Revue biblique, 1906, p. 78 sq. ; J. W. Rothstein, Die Nachlgesichte des Sacharja 1910 ; Mitchell Hinckley, A critical and exegetical Commentary on Haggai and Zecharjah, 1912 ; Condamin, Le sens messianique de Zacharie, 12, 10, dans Recherches de science religieuse, 1913, p. 52 sq. ; K. Marti, Der Prophet Sacharja, der Zeilgenosse Zerubbabels, 1892, Zwei Studien zu Sacharja, dans Theol.Studien und Kritiken 1892, p.207 sq., Die Zweife an der propheiischen Sendung Sacharjas, dans Wellliausenfeslschrift, 1914, p. 279 sq., Der Prophet Haggai, Der Prophet Sacharja, dans Kaulzsch, 1923-, W. E. Barnes, Haggai and Zechariah. Wilh notes and introduction, 1917 ; D. Baron, The visions and prophecies of Zecharjah the prophet of hope and glorꝟ. 1918 ; G. Cooke, The unknown martyr : a study of Zach., Il sq., dans Angl. theol. Rev., 1923, p. 57 sq. ; B. Keller, Der Prophet Sacharja, 1925 ; Touzard, L’âme juive au temps des Perses, dans Revue biblique, 1926 p. 174-205, 359-381.

v. abdias. — L’oracle d’Abdias, au moins dans sa partie messianique, 9-21, a été composé après 586, très probablement après 538 ; car d’une part la destruction de Jérusalem décrite Il sq. est celle qui fut faite par Nabuchodonosor, et d’autre part la mention de la montagne de Sion comme endroit de salut pour les Israélites et de ruine pour les ennemis, 16-17, fait penser que cette montagne était de nouveau habitée par le peuple élu au moment où le prophète écrivait.

Abdias accuse Édom à cause de sa conduite si peu fraternelle lors de la prise de Jérusalem et lui annonce une punition imminente : « le jour de Jahvé sur tous les peuples est proche », 15 a. Comme Israël a dû boire le calice de la colère divine sur la sainte montagne de Jahvé, tous les peuples le boiront jusqu’à ce qu’ils soient comme s’ils n’avaient point été, 16 b. En particulier les Édomites seront anéantis comme la paille que le feu dévore.

Tandis qu’au jour de Jahvé les païens périront, les Israélites qui se trouvent à Sion seront sauvés, 17 ;

ceux qui sont encore dispersés seront délivrés et reviendront. Le peuple de Dieu ainsi rétabli exterminera avec une ardeur dévorante les Édomites, et s’emparera de nouveau de tous les districts de la Palestine. Alors le règne de Dieu sera définitivement établi, 21. (Il n’y a aucune raison de séparer 9-14 de 15-21 et d’attribuer 15-21 à une date ultérieure, comme le font Marti, Nowack, Sellin ; la transposition de 15 a immédiatement avant 16 est inutiel, et la mention particulière des Édomites dans le jugement universel n’a rien de surprenant comme Is., li, et Jo., iv, 19, en sont la preuve.)

Voir les commentaires des douze petits prophètes col. 1429. — N. Peters, Die Prophétie Abadjah’s untersucht und erklàrt, 1892 ; Condamin, L’unité d’Abdias, dans Revue biblique, 1900, p. 261 sq. ; M. J. Smith, The structure of Obadjah, dans American Journal of Semitic languages and literature, 1905-1906, p. 131 sq. ; J. Bewer, A critical and exegetical conunentary on Obadiah and Joël, 1912 ; J. Theis, Die Weissagung des Abdias, 1917 ; K. Marti, Der Prophet Obadia, dans Kautzsch, 1923.

vi. malacuie. — Du temps de Malachie, l’œuvre à laquelle Aggée et Zacharie avaient excité les Israélites était achevée : le temple était construit et le service lévitique réorganisé. Cependant, au lieu de lire dans son livre que les promesses elles-mêmes de ses prédécesseurs se sont réalisées, nous y apprenons une fois de plus que le peuple se montre indigne d’elles. De graves abus se sont introduits non seulement dans le populaire, mais aussi dans le collège sacré des prêtres.

Malachie prit la parole tout d’abord pour rappeler ces derniers à leur devoir. Il leur fait savoir que Jahvé les déteste ainsi que leurs sacrifices ; il ajoute que le Très-Haut va être dédommagé de leur service trop négligent : « .Je ne prends plus plaisir en vous, dit le Seigneur des armées, et je n’agrée plus d’offrande de votre main. Car du levant au couchant mon nom est grand chez les nations et en tout lieu on offre à mon nom de l’encens et une offrande pure. » i, 10 b -ll, (le vav devant minha doit très probablement se placer devant muggas). Il résulte de ces déclarations que les sacrifices mosaïques vont être remplacés par d’autres. Par rapport au caractère de ces offrandes, Malachie ne révèle que ces deux choses : d’une part qu’elles seront présentées non seulement à Jérusalem mais dans le monde entier, et de l’autre qu’elles seront agréables à Dieu par leur pureté. Leur nature par contre n’est pas exactement indiquée. En effet le premier des deux mots qui l’expriment, minha, que nous avons traduit par offrande, désigne, comme au f 10, le sacrifice en général, non pas le sacrifice non sanglant, de sorte que l’autre expression ne signifie pas non plus ici oblation de parfums, mais sacrifice tout court.

Par rapport à l’époque où le nouveau culte doit entrer en vigueur, le prophète ne donne pas non plus d’indications précises ; car il emploie des participes qui expriment chez lui le présent aussi bien que l’avenir, n, 3 ; iii, 1, 17. Comme, dans tout le contexte, Malachie parle de son temps, à peu près tous les exégètes protestants affirment que c’est aussi le cas au ꝟ. 11. Il voudrait dire : le culte des païens, à cause du monothéisme qui commence à poindre chez eux, est un équivalent de celui des Juifs. Mais précisément puisque Malachie constatait une négligence extrême chez les prêtres de son temps et qu’il proclamait l’abolition des sacrifices actuels, ne pensait-il pas, pour l’introduction de ces nouveaux rites, au temps qui suivra l’abolition, donc à l’avenir ? Peut-on sérieusement supposer qu’un prophète israélite ait eu l’idée que le culte des païens (bien entendu des païens non convertis) pourrait être substitué aux sacrifices rituels de Jérusalem ? Et le prétendu