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MYSTÈRE. NOTION


n. 1642 ; cꝟ. 1645. Cependant les mystères ne sont pas des produits de l’imagination et des inventions humaines, Pie IX, encycl. Qui pluribus, n. 1634. Vérités révélées par Dieu, on ne peut découvrir en elles aucune contradiction véritable avec la raison, /<L, n. 1635 ; cf. prop. 1, souscrite par Bonnetty, n. 1649, et prop. 6 du Syllabus, n. 1706. Par l’analogie des choses créées et à la lumière de la foi, il est cependant possible d’en avoir une certaine intelligence, pleine de profit pour l’âme. Concile du Vatican, sess. iii, c. iv, n. 1796.

2. Enseignement du concile du Vatican.

Pour nous en tenir strictement à la question dogmatique du mystère, nous ne devons considérer, dans le c. iv De fide et ralione de la troisième session du concile du Vatican, que les paragraphes 1 et 2, le premier se rapportant à la nature et à l’existence du mystère dans la religion catholique, le second définissant la connaissance que l’intelligence humaine peut en avoir ici-bas.

Hoc quoque perpetuus Ecclesiae catholicæ consensus tenuit et tenet, duplicem esse ordinem cognilionis non solum principio, sed objecto etiam distinctum : principio quidem, quia in altero naturali ratione et altero fide divina cognoscimus ; objecto autem, quia præter ea, ad quæ naturalis ratio pertingere potest, credenda nobis proponuntur mysteria in Deo abscondita, quæ nisi revelata divinitus, innotescere .non possunt. Quocirca Apostolus, qui a gentibus Deum per ca quæ facta sunt (Rom., i, 20) cognitum esse testatur, disserens tamen de gralia et veritale, quæ per Jesum Christum /acta est (cf. Joa., i, 17) pronuntiat : Loquimur Dei sapientiam in mysterio quæ abscondita est, quam preedestinavit Deus ante seeculu in gloriam nostram, quam nemo principum hujus sœculi cognovit.. Nobis autem revelavil Deus per Spiritum suum : Spiritus enim omnia scrutatur, etiam profunda Dei (I Cor., ii, 7, 8, 10). Et ipse l’nigenitus confitetur Patri, quia abscondit hœc a sapientibus et prudentibus, et revelavit ea parvulis (cf. Matth., xi, 25).

At ratio quidem, fide illustrata, cuni sedulo, pic et sobrie quærit, aliquam Deo dante mysterlorum iniclligenliam eamque fructuosissimam assequitur tum ex eorum, quæ naturaliter cognoscil analogia, tume mysteriorum ipsorum nexii inter se et cum fine honiinis ultimo ; Dunquam tamen Idonea i t-f i 1 1 1 iii iid ea persplcienda Instar verltatum, quæ pro priuni ipsius objectum conslituunt. Divina cnini mysteria Buapte natura Intellec lum créai uni sic excedunt.

L’Église catholique s’est toujours accordée à admettre et elle tient qu’il y a deux ordres de connaissance distincts, non seulement par leur principe, mais encore par leur objet : par leur principe, parce que nous connaissons dans l’un au moyen de la raison naturelle, dans l’autre, au moyen de la foi divine ; par leur objet, parce que, outre les vérités auxquelles la raison naturelle peut atteindre, l’Église propose à notre foi des mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus que par la révélation divine. C’est pourquoi l’Apôtre qui rend témoignage à la connaissance que les nations ont eue de Dieu, au moyen des choses créées, dit néanmoins en parlant de la grâce et de la vérité données par Jésus-Christ : « Nous prêchons la sagesse de Dieu renfermée dans son mystère, cette sagesse cachée que Dieu a prédestinée avant tous les siècles pour notre gloire, qu’aucun des princes de ce siècle n’a connue ; — mais pour nous, Dieu nous l’a révélée par son Esprit ; car cet Esprit pénètre tout, jusqu’aux secrets les plus profonds de Dieu. » Et le Fils unique lui-même i rend gloire a son Père de ce qu’il a caché ces choses aux sages et aux prudents et les a révélées aux petits. »

Lorsque la raison éclairée par la foi cherche avec soin, piété et modération, elle acquiert, il est vrai, par le don de Dieu, quelque Intelligence très fructueuse des mystères, tant par l’analogie des choses qu’elle connaît naturellement, que par la liaison des mystères entre eux ei avec la fin dernière de [’homme ; cept ndanl jamais elle n’est rendue capable de les pénétrer comme les vérités qui constituent son objet propre, lui effet, par leur nature, les divins mystères

ut etiam revelatione tradita et fide suscepta ipsius tamen fidei velamine contecta et quadam quasi caligine obvoluta maneant, quamdiu in hac mortali vil a peregrinamur a Domina : ]>er fidem enim ambulamus et non per speciem (II Cor. v, 6 sq.)

Canon 1. — Si quis dixerit, in revelatione divina nulla vera et proprie dicta mysteria contineri, sed universa fidei dogmata posse per rationem rite excultame naturalibus principiis intelligi aut demonstrari, anathema sit.

Denz.-Kannw., n. 1795, 1796, 1816.

dépassent tellement l’entendement créé, qu’après avoir été communiqués par la révélation et. reçus par la foi, ils restent néanmoins couverts du voile de la foi elle-même et enveloppés comme d’une sorte de nuage, « tant que nous restons éloignés de Dieu par cette vie mortelle ; car nous marchons dans le chemin de la foi et non dans celui de la vision ».

Anathème à qui dirait que la révélation divine ne renferme à proprement parler aucun mystère véritable, mais qu’une raison convenablement cultivée peut par ses principes naturels comprendre et démontrer tous les dogmes de la foi.

De ces déclarations et définitions du concile, il appert que trois propriétés essentielles doivent être attribuées aux mystères : 1. Ils sont des vérités cachées en Dieu, in Deo abscondita, c’est-à-dire appartenant à l’incompréhensibilité divine, ou, d’une façon plus précise, des vérités proportionnées à l’intelligence divine, infiniment supérieure à toute intelligence créée, humaine et même angélique. Parce que les mystères sont aussi des secrets d’ordre divin, qui ne sauraient être atteints par les lumières finies d’une intelligence créée, ils sont dits des vérités surnaturelles. Dans la lettre Gravissimas inter, Pie IX fait observer que ces vérités sont au-dessus de la nature et, par conséquent, ne sauraient être atteintes par la raison naturelle ni par des principes naturels : Cum hase dogmata si ni supra naturam, ideirco naturali ralione ac naturalibus principiis attingi non possunt. Denz.-Bannw. , n. 1671. Résumant l’enseignement contenu dans cette lettre, le concile du Vatican affirme que ces divins mystères dépassent toute intelligence créée. 2. Ils sont des vérités dont la connaissance ne peut dès lors nous parvenir que par voie de révélation : nisi revelala divinitus, innotescere non possunt. Les mystères étant des vérités proportionnées à la seule intelligence divine ne peuvent être connus des intelligences inférieures que si Dieu les leur manifeste. Il est même impossible que Dieu crée aucune intelligence capable de les connaître sans révélation ; impossible aussi qu’il développe les lumières naturelles d’aucune intelligence créée, jusqu’à lui faire saisir en elle-même la vérité du mystère. Le seul moyen dont Dieu dispose pour manifester aux créatures ces mystères est la révélation de sa science infinie. Sur la possibilité et la réalité de cette révélation, voir ce mot. 3. Ils sont des vérités qui, même connues par voie de révélation divine, demeurent couvertes du voile sacré de la foi et enveloppées d’un obscur nuage, sacro ipsius fide vélo lecta et obscura caligine obvoluta. En dehors des principes évidents pour nous, nous n’avons en effet, une claire intelligence que des vérités que nous ramenons à ces principes. Or, les mystères de la foi ne sauraient être ramenés par une créature à des principes évidents pour elle. Autrement ils ne dépasseraient plus les lumières naturelles des créatures, et ils ne seraient plus des mystères.

3° Enseignement théologique : mystère proprement dit ou absolu et mystère improprement dit ou relatif. — On voit comment, au point de vue strictement dogmatique, la notion du mystère se restreint à une catégorie très déterminée de vérités inaccessibles à la raison humaine. Pour distinguer plus nettement ces vérités d’autres vérités qu’on peut dire aussi, sous certains