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MUZZARELLI — MYSTÈRE


J.-J. Rousseau accusateur des nouveaux philosophes, in-12, Assise, 1798, réimprimé sous le titre Mémoires du Jacobinisme ; Lettre à Sophie sur la secte dominante de son temps, in-4°, 1781, où il parle de la grâce, de la charité, du déisme de la philosophie et du droit politique ; Du motif formel, spécifique et principal de l’acte de charité parfaite, in-8°, Foligno, 1791 ; dans cet écrit, Muzzarelli défend, contre Bolgeni, la possibilité d’aimer Dieu pour lui-même et toujours, et il revint sur cette thèse dans la Lettre amicale à Bolgeni et Réponse à quelques observations, 1792 ; Dissertations choisies, in-8°, Rome, 1807. L’ouvrage capital de Muzzarelli est intitulé : Le bon usage de la logique en matière de religion, 3 vol., in-8°, Foligno, 1787 ; une seconde édition parut en 6 vol. in-12, et une troisième en 10 volumes. Cette dernière édition comprend 37 opuscules différents, tous en italien et dont quelques-uns avaient déjà été publiés à part. Vingt d’entr’eux ont été traduits en français, et quelquesuns fort intéressants méritent encore aujourd’hui d'être lus. On peut citer : Méthode à observer présentement dans les écrits de religion ; Tolérance ; La primauté et l’infaillibilité du pape ; Origine de la juridiction des évéques dans leurs propres diocèses ; L’inquisition ; Le domaine temporel du pape ; La religion des philosophes ; L’immunité ecclésiastique ; Un fait dogmatique décidé par l'Église est-il de foi catholique ? Le mariage en tant que sacrement ; La sainteté et la divinité de l'Église prouvées par la vertu héroïque de ses saints ; Réflexions sur les tribulations de l'Église ; Les obligations d’un pasteur dans les tribulations de l'Église. L'écrit de Muzzarelli fut traduit en latin, 9 vol. in-8°, par le P. Georges Zeldmayer, S. J.

Durant son exil en France, Muzzarelli composa de nouveaux écrits qui, presque tous, se rapportent à la théologie proprement dite : De l’autorité du pontife romain dans les conciles généraux, 2 vol., in-8°, publié après sa mort, par le P. Geerts, S. J., en 1815 ; L’infaillibilité du pape prouvée 1° par les principes et les sentiments de l'Église gallicane, 2° par la doctrine et la tradition de l'Église catholique ; dans cet écrit, Muzzarelli s’appuie en particulier sur l’autorité de Bossuet et de Languet, évêque de Soissons ; Religion et philosophie, où on examine successivement la religion révélée, la religion chrétienne et la religion catholique ; Critique de l’histoire ecclésiastique de Fleury, avec une addition sur son continuateur, par le docteur Marchetti, 2 vol., in-12, 1803. La plupart de ces écrits et opuscules eurent beaucoup de succès, et furent réimprimés en 1826 et 1827 à Avignon chez Seguin aîné. Les Œuvres théologiques, 7 vol., in-12, furent imprimées à Avignon en 1842 et des Œuvres choisies, 9 vol., in-12, à Paris, 1859. Ajoutons enfin que Muzzarelli laissa à sa mort un très grand nombre de manuscrits dont quelques-uns furent publiés sous le titre d’Opuscules, à Bruxelles, 6 vol., in-8°, 1837.

Michaud, Biographie universelle, t. xxix, p. 665, 666 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xxxvii, col. 86, 87 ; Quérard, la France littéraire, t. vi, p. 374-376 ; Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. v, col. 14881514 ; Joseph Baraldi, Notice sur Muzzarelli, dans Mémoires de religion, de morale et de littérature, Modène, 1822, t. i, 3e cahier, p. 389-412 ; Le nouveau conservateur belge, 1833, contient une notice sur Muzzarelli qui a été publiée en tête des Opuscules, Bruxelles, 1837 ; L’ami de la religion et du roi, t. xxx, p. 43-48, et t. xxxiv, p. 172-174 ; Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, t. xlvii, p. 152-153 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. v, col. 621-624.

J. Carreyre. MYSTERE. — On envisage ici le mystère uniquement au point de vue théologique. Les questions relatives à la comparaison des mystères chrétiens et des mystères religieux étrangers au christianisme ne seront pas traités ici. Du mystère, théc logiquement considéré, on étudiera successivement : I. La notion. II. L’existence (col. 2590). III. L’intelligence (col. 2594). Le mode par lequel le mystère est porté à notre connaissance, savoir, la révélation, sera exposé plus loin. Voir Révélation.

I. Notion.

D’une façon générale, le mot [i.u<rrr]piov désigne une chose secrète, toute réalité naturellement cachée à notre connaissance naturelle. C’est la notion profane du mystère. Transporté sur le terrain religieux, cette expression désignait, chez les Grecs, une réalité d’ordre religieux, doctrine ou rite, dont la connaissance devait être réservée à un petit nombre d’initiés. Ainsi l’on avait, à Athènes, les mystères d’Eleusis, les petits mystères en l’honneur de Perséphoné, et les grands mystères, en l’honneur de Déméter ; dans le monde gréco-romain les mystères d’Attis et de Cybèle, etc.

1° Dans l'Écriture, on retrouve ce double sens, profane et religieux. Le sens profane, chose secrète ; se lit dans Tobie, xxii, 7 ; Judith, ii, 2 ; Prov., xx, 19, Eccli., xxii, 27 : xvii, 17, 24 ; II Mach., xiii, 21, et peut être encore, mais avec une nuance religieuse, Apoc, xvii, 5.

Le sens religieux est plus fréquent. On parle des mystères divins. Dan., ii, 19-27 ; Sap., ii, 22 ; vi, 24, et c’est Dieu qui les fait connaître, Dan., ii, 28, 29, 47. Dans l'évangile, le Christ annonce les « mystères du Royaume », Matth., xiii, 11 ; Marc, iv, 11 ; Luc, vin, 10. Le mot jjiuo-TTjpiov est mis ici indifféremment au singulier (Marc) ou au pluriel (Matth., Luc). Dans les épîtres pauliniennes, le mot se lit 21 fois ; il est ordinairement au singulier et désigne le mystère de la révélation du Christ au monde qui doit être par lui sauvé ; cf. Rom., xvi, 25 ; Col., i, 26-27 ; iv, 3 ; Eph., i, 9 ; iii, 3-9 ; vi, 19 ; I Tira., iii, 9 ; sans que cependant on doive nécessairement et exclusivement attacher à cette signification une perspective exchatologique empruntée à Daniel, comme l’a prétendu Hans Von Soden, Muaxrjptov und Sacramentum in den ersten drei Jahrhunderten der Kirche, dans Zeitschrift fur die N. T. Wissenschaft, t.xii, 1911, p. 188 sq. On trouve également le mot |xu<rry)piov chez saint Paul avec un sens moins précis : l’ensemble de la foi, les mystères cachés en Dieu, I Cor., ii, 8 ; iv, 1 ; xiii, 2 ; cf. Col., ii, 2, mystères que fait connaître l’Esprit, I Cor., xiv, 2 ; la prophétie relative à l’aveuglement d’Israël et à sa conversion finale, Rom., xi, 25. Dans Apoc, x, 7, ce mot désigne toute l'économie providentielle.

Enseignements du Magistère.

C’est au xixe siècle que le magistère s’est prononcé explicitement touchant les rapports des mystères et de la raison humaine.

1. Enseignement général.

Nous le trouvons épars dans différents actes de Grégoire XVI et surtout de Pie IX. On proclame que les mystères sont absolument impénétrables à l’intelligence humaine, exsuperant omnem sensum, Grégoire XVI, encycl. Mirari vos, Denz.-Bannw., n. 1616 ; longissime vires excedunl noslri intellectus, Pie IX, alloc. Singulari quadam, id., n. 1642 ; cf. Syllabus, prop. 4, n. 1704. Même la révélation supposée, la raison humaine, relativement aux. mystères, ne peut parvenir par ses principes naturels et ses seules forces à en acquérir une science et une certitude : Pie IX, encycl. Gravissimas inter, n. 1669, cꝟ. 1671, et Léon XIII, prop. 25 de Rosmini, n. 1915. Donc, pas de démonstration possible, pas d’intelligence possible des mystères avec les seules ressources de la raison humaine, Pie IX, encycl. Tuas libenter, n. 1682 ; ci. Syllabus, prop. 9, n. 1709. Impénétrables à la raison humaine, ils le sont aussi à l’intelligence angélique, Pie IX, encycl. Gravissimas inter, n. 1673. Vouloir les pénétrer, c’est-à-dire, les comprendre, c’est donc, avec une arrogance coupable, exagérer les forces de la raison, Pie IX, alloc Singulari quadam,