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MOZARABE (MESSE), L’AVANT-MESSE


pontifical mozarabes ; ils formaient deux livres différents auxquels il est fait allusion dans les documents de l’Espagne wisigothique. Dom Férotin a pris la peine de relever ces allusions. Cf. Liber ordinum, p. xvi. Le Liber ordinum édité par dom Férotin est en même temps un rituel et un pontifical. Son édition est faite d’après le ms. de Slos, complété par un ms. de .Madrid. Il faut lire dans l’introduction de dom Férotin l’histoire de ce manuscrit de Silos dont les péripéties sont des plus curieuses. Nous nous contenterons de noter ici que ce manuscrit si précieux ne serait, d’après l’hypothèse de l’éditeur, rien de moins que l’un des quatre volumes (Liber ordinum, Liber missarum, Liber oralionum, Liber anliphonarum) envoyés en lOlil au pape Alexandre II pour être examinés par lui.

Quand les évêques d’Kspagne, à cette date, virent l’existence de leur liturgie nationale menacée par les légats du pape, ils choisirent les meilleurs et les plus purs exemplaires de leur liturgie pour les soumettre à l’examen de Rome. Celle-ci approuva et loua la liturgie mozarabe comme étant parfaitement orthodoxe. Et pour cette fois elle échappa au danger de la suppression. Mais ce ne fut pas pour longtemps. Cet épisode a été raconté souvent, voir notamment dom Gué.ranger, Institutions liturgiques, 1. 1, p. 268 sq. Mais dom Férotin apporte quelques détails inédits. Liber ordinum, p. xix.

Quoi qu’il en soit de l’hypothèse de notre savant confrère, il n’en reste pas moins que le ms. de Silos est l’un des plus précieux manuscrits du Moyen Age, aussi remarquable par le soin de la rédaction que par la beauté du parchemin et par l’élégance de l’écriture. Dom Férotin qui a eu le rare mérite de le découvrir dans la boutique d’un apothicaire de Silos, en a donne, dans les Monumenla Ecclesiæ liturgica, une excellente édition à laquelle il a consacré de longues années de travail et qu’il a enrichie de notes, de tables, de glossaires et d’index du plus haut intérêt. In-fol. de xi.vi-800 p., Paris, 1904 ; c’est le v" vol. des Monumenla. C’est d’après ces différents ouvrages que nous donnons l’exposé qui suit la messe mozarabe.

III. La messe.

1° l.’i vant-messe. — Préparation.

— Le Missale mixtum contient une préparation à la messe qui est donnée après la messe de Pâques, P. L., t. i.xxxv, col. 522-52 !).

Elle comprend un certain nombre de rites et d’oraisons, lavement des mains, quatre Ave Maria, des prières pour l’amict, l’aube, la ceinture, le manipule, l’élole, la chasuble, une apoloijia, le psaume Judica me avec l’antienne Inlroibo ad allure Dei, la confession des péchés, l’absolution, l’oraison Au/er a nobis, le signe de croix sur l’autel et le baiser de l’autel, qui était autrefois le baiser de la croix présente sur l’autel, la prière pour étendre le corporal sur l’autel et pour préparer le calice. Quelques-uns de ces rites et de ces prières sont anciens, comme on peut le voir par la comparaison avec les rites gallicans ; d’autres sont d’introduction récente. I.a préparation du calice et du corporal était autrefois à l’offertoire (cf. P. /-., lor. eil., col. 339, et les noies de l.esley sur ces passages).

Introït. I.a messe débute par i’offlcium appelé clicI. les gallicans anliphona ad prælegendum, dans l’ambrosien, ingreesa, à Home, introitus, ou anliphona ml inlroitum. Il se compose d’une antienne, d’un verset de psaume et d’une doxologie : il est tiré soit des Livres saints, soi ! des actes du saint dont on célèbre la fête.

Voici comme exemple celui du premier dimanche de l’aven !  : Ecce super montes pedes evangelizantis pacem, alléluia. ICI aiinuncianlis bona, alléluia : célébra.Indu jestivilates tuas, alléluia. Et redde Domino vota tua alléluia, f Dominas dabit verbum cixmaclizantibus in Virlule muita P. El redde. Gloria et l.onor Patri et Filio,

et Spirilui sancto in secula seeulorum. Amen. P. Et redde. Dieat Presbgter. Per omnia semper seeula seeulorum. Amen. P. L., loe. eil., col. 109. Cf. Tommasi, Disquisitio de anliphona ad inlroitum missæ, et la noie de l.esley, P. L., col. 234.

On constatera dès ce moment la doxologie différente de la doxologie romaine, et le semper du Per omnia, qui est aussi un Irait mozarabe.

Gloria in exrelsis et collecte. — Le Gloria in excelsis est encadré au commencement et à la fin du Per omnia semper secula seeulorum. Le Gloria in excelsis étail chanté chez les mozarabes le dimanche et les jours de fête, comme le dit le IVe concile de Tolède, can. 12 ; Etherius et Beatus le constatent aussi, Adv. Elip., 1. 1 ; cf. aussi la note de Lesley, P. L., toc. cit.. col. 531. Plus tard, chez les mozarabes, on omit cette hymne les dimanches de l’avent et du carême. Elle se chantait aussi chez les gallicans, comme on le voit par le missel de Bobbio et elle était suivie de deux oraisons. Dans la liturgie mozarabe, après le Per omnia de la fin, le diacre criait Oremus et le prêtre disait une oraison. Plus tard, l’acclamation du diacre fut supprimée, mais non pas l’oraison du prêtre qui variait pour les dimanches de l’avent, de l’Epiphanie, du carême, de Pâques, de la Pentecôte et pour les fêtes des saints. On trouvera le texte de ces diverses oraisons dans le Missale mixtum, P.L., t. lxxxv, col. 531 sq. Le texte du Gloria donné ici est conforme au texte courant, mais il a existé d’autres formes. Sur ce point, voir la discussion entre Lebrun et Lesley, P. L., loe. cit., col. 33.

La collecte appelée ici oratio est souvent adressée directement au Christ, comme dans les liturgies gallicanes. Elle est souvent aussi une paraphrase du Gloria in excelsis. Elle n’a, d’ordinaire, ni la sobriété, ni la précision, ni le rythme de la collecte romaine. Elle n’est souvent qu’une sorte d’effusion pieuse. En voici un exemple pris au hasard ; c’est l’oraison de la fête de saint Etienne : Luudamus le. Domine, cum angelis : Benedicimus te cum virtutibus sanctis. Glori/icamus cum potestatibus supernis. Et qui te opi/icem nostrum nos subsislere non hesimus recle honore lui nominis per officium créature creatricem tuam potentiam non negamus : pro qua re nos facito bone voluntati tue placere seruilium. Est vel in celis cum angelis et vel in terris cum hominibus pacifiée gloriari in tua glorificatione assensum. iç. Amen, P. L., loc. cit., col. 190.

Le prêtre disait alors : Per misericordiam tuam, Deus noster qui es benedielus, et oivis et omnia régis in secula seeulorum. rç. Amen. Dominus sit semper l’obiscum. iç. Et cum spirilu tuo.

Lectures. — Aux jours de jeune, chez les Espagnols, I’offlcium est retranché et la messe commence par les lectures comme autrefois à Home. Saint Augustin nous dit aussi qu’en Afrique la messe commence le dimanche par la lecture de l’Écriture sainte.

Nous avons une leçon de l’Ancien Testament, une de saint Paul, la troisième est l’évangile. La première s’appelait la Prophétie, la seconde Y fi pitre ou V Apôtre, la troisième V Évangile. Cet ordre n’est cependant pas invariable. La prophétie est supprimée le dimanche ; en carême et les jours de jeûne, on a quatre levons, deux de l’Ancien Testament et deux du Nouveau : de Pâques à la Pentecôte la première leçon est tirée de l’Apocalypse, celle de l’Ancien Testament est supprimée. Les gallicans, à peu de chose près, suivaient le même usage pour les lectures. A Honie.au contraire, nous avons VU qu’en général les leçons se réduisaient à deux comme aujourd’hui. La prophétie était lue par le lecteur, comme le constate Saïnl Isidore. Epist. ad Ludi/rcdum Cordubensem, Cf. sur cet usage la noie de Lesley, P. L. loe, cit., col. 251. Après la première

oraison, le prêtre saluait le peuple, et le lecteur, d’un