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MORE (LE BIENHEUREUX THOMAS) — MOREAU
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comme étant d’institution divine, après avoir lu l’ouvrage de Henri VIII contre Luther, et s’être assuré de l’unanimité des Pères et des conciles. More avait sans doute été convaincu par son ami Fisher « Admettons même, ajoute-t-il, que la papauté soit une institution purement humaine, elle aurait cependant été établie par la chrétienté tout entière comme nécessaire au maintien de l’unité de l’Église, et confirmée par une tradition au moins millénaire ; et ainsi il ne serait loisible à aucun chrétien de s’en séparer. » Quant aux conciles généraux, More se défend d’avoir placé le pape au-dessus d’eux ; il admet leur « autorité indubitable » pour la « déclaration des vérités », car ils sont inspirés par le Saint-Esprit. More, ainsi que beaucoup de ses contemporains, voulait aller aussi loin qu’il était possible pour concilier avec l’orthodoxie les opinions et les actions du roi, qui venait d’en appeler du pape à un concile général. Mais il ne semble pas qu’il ait voulu étendre la supériorité des conciles au de la des cas extrêmes, où, à cette époque, même un défenseur convaincu de l’autorité papale pouvait accorder qu’elle s’exerçait ; sa mort, sans cela, perdrait toute signification.

Nous ne pouvons fournir ici une bibliographie complète ; mais on trouvera ci-dessous toutes les indications nécessaires pour amorcer de nouvelles recherches.

I. Œuvres de-More. — Elles sont heureusement, à très peu de choses près, réunies et accessibles dans deux collections : celle des œuvres anglaises, The works o/ Sir Thomas More, Londres 1557, et celle des œuvres latines (meilleures éditions : Thomee Mon… omnia… lalina opéra…, Louvain 1565, 1566, et surtout Francfort, 1689). Tous les ouvrages que nous avons mentionnés figurent, sauf indication spéciale, dans l’un ou l’autre de ces deux recueils.

Consulter également les Lettres d’Érasme (dans Epistolarum D. Erasmi… libri XXXI, Londres 1642, ou dans Desiderii Erasmi… Opéra omnia, Leyde, 1703, t. iii, ou mieux dans l’Opus epislolarum Des. Erasmi du prof. Allen, en cours de publication) ; et les Letlers and papers, Henry VIII, pour les années correspondantes à la vie de More.

On lira commodément V Utopia dans la traduction anglaise de 1551, publiée par Edward Arber dans les English reprints, n° xiv, Londres, 1869. L’édition qui fait actuellement autorité est la suivante : The Utopia o/ Sir Thomas More, with Roper’s lije o/ More and some o/ his letlers, edited by George Sampson with an introduction and bibliography by A. Guthkelch, Londres, 1910. On pourra se faire une bonne idée d’ensemble de l’œuvre de More d’après deux excellentes collections de pages choisies, celle du Rev. T. E. Bridgett, Wisdom and wit o/ blessed Thomas More, 1892, et mieux encore celle de P. S. et H. M. Allen, Sir Thomas More, Sélections from his english works, Londres, 1924 (Extraits des œuvres et des biographies, lettres, notes, glossaire). On trouvera un résumé très détaillé et des extraits du Dialogue dans James Gairdner, Lollardy and the Beformation in England, Londres, 1908, 1. 1, p. 543578, mais on se reportera surtout à l’édition complète publiée par W. E. Campbell, The dialogue concerning Tyndale, Londres, 1927, avec une introduction historique par A. W. Rééd. Une édition de l’Apologie est actuellement en préparation pour l’Early english text Society.

IL Biographies anciennes. — Quatre ouvrages dus à des auteurs catholiques :

1. The life, arraignment and death of… Syr Thomas More par son gendre Roper, vie écrite en 1555, publiée seulement à Paris en 1626, réimprimée par Ilearne en 1716 et d’après un meilleur ms. par le Rev. John Lewis en 1729, puis en 1731 et 1765 (Dublin) ; meilleure édition par le Rev. S. W. Singer, 1817. Le texte qui fait actuellement autorité est celui de George Sampson (voir plus haut son édition de V Utopia). Une édition critique établie d’après tous les mss. connus par le Dr.Hitchcock (voir § ci-dessous) est actuellement en projet. Document original de premier ordre.

2. Une Vie due à Nicholas Harpsfield, non publiée pendant deux siècles et demi, et dont nous possédons huit mss. différents. Cette vie, composée sous le règne de Marie Tudor, devait être, comme les English works, un ouvrage de propagande catholique. C’est une synthèse fort bien faite

de sources connues par ailleurs (Roper, œuvres de More. Lettres d’Érasme, etc.) auxquelles s’ajoutent quelques éléments originaux. Mais l’intérêt principal en est ailleurs. Harpsfield représente une conception historique de son héros qui disparaîtra peu après lui pour ne reparaître, assez timidement, que de nos jours. Il est encore assez près de More, pour comprendre et approuver son idéal d’humanisme chrétien, qui ne lui paraît nullement incompatible avec son orthodoxie, et pour voir d’un bon œil son amitié avec Érasme, que jugeront sévèrement au contraire les historiens catholiques des générations suivantes. L’ouvrage de Harpsfield a été publié presque en entier, d’après le ms. de Lambeth, dans Manhu, la revue mensuelle de la chapelle de l’Adoration réparatrice à Chelsea (1910 sq). Le P. dom Roger Huddleston prépare actuellement, d’après le même ms., une nouvelle édition destinée à l’Orchard book séries. En fin une édition critique, établie d’après les huit mss. existants, et due au Dr Hitchcock (avec préface du prof. R. W. Chambers) devait paraître au début de 1928, dans les publications de l’Early english text Society.

3. Le Très Thomæ de Thomas Stapleton, Douai, 1588, contient les vies de saint Thomas apôtre, de saint Thomas Becket et de Thomas More. L’auteur connaissait plusieurs parents ou amis intimes de More. Document de grande valeur. Nombreuses réimpressions ; traduction française.

4. The life of Sir Thomas More composée par son arrière-petitfils Cresacre More (et non Thomas More, comme le porte l’édition de 1726), 1e édition 1627, réimpressions 1726, 1828. Amusante, contient peu d’éléments originaux III. Biographies modernes.

Il faut citer The life of Sir Thomas More par Sir James Mackintosh, Londres, 1844, et l’essai de Lord Campbell, dans les Lives of the chancellors (1846-47 et 1856-57) où More est considéré surtout comme homme de loi. Nous avons dit plus haut quelles réserves appelait l’étude de Seebohm dans les Oxford reformers. L’historien anglican Gairdner, dans sa Lollardy (voir ci-dessus) a des aperçus originaux et une riche documentation. Le long article du Dictionary of national Biography, par Sydney Lee (t. xxxviii, p. 429449) est très exact et complet quant aux faits, et fournit partout des références détaillées ; mais son jugement sévère sur la conduite de More envers les hérétiques est peu conforme à la vérité historique. Signalons encore une « vie » anglicane, celle du Bev. W. H. Hutton (Sir Thomas More, Londres, 1895).

La meilleure biographie est celle du P. T. E. Bridgett, Life and writings of Sir Thomas More, Londresl892 (2’édit.), excellent instrument de travail, qui sera le point de départ nécessaire de toute étude nouvelle. On devra aussi se reporter à l’étude du professeur R. W. Chambers, The Saga and the mylh of Sir Thomas More (publications de The British Academy, Oxford, 1927). L’auteur y met en lumière de façon saisissante la continuité morale et religieuse de la vie et de l’œuvre de Thomas More, et fait principalement ressortir tout ce qui, dans l’Utopie, s’apparente aux aspirations religieuses du Moyen Age.

Signalons en France l’essai de Nisard, dans ses Éludes sur la Renaissance, Paris, 1855, qui contient quelques lourdes erreurs de jugement. Le petit livre de Henri Bremond, Le bienheureux Thomas More, Paris, 1904, est une analyse psychologique très pénétrante, où sont utilisés les travaux des devanciers. L’Essai sur la langue de Sir Thomas More par Joseph Delcourt, Paris 1914, fait autorité seulement en tant qu’étude de philologie ; en appendice plusieurs lettres inédites de More. Voir aussi E. Dermenghem, Thomas Morus et les utopistes de la Renaissance, 1927.

La meilleure bibliographie et la plus complète jusqu’en 1910, est imprimée en appendice de l’édition de l’Utopie par Sampson et Guthkelch, mentionnée plus haut. Signalons encore celle de H. Bremond (sommaire mais utile), celle de T. E. Bridgett, assez complète pour les œuvres de More (appendice de Life and writings) et les biographies (préface) ; les bibliographies détaillées de Joseph Gillow, Biographical and bibliographical dictionary of english Calholics, et du Dictionary of national Biography. Pour l’Utopie, indications concises et utiles dans Arber. Pour les œuvres anglaises, J. Delcourt fournit une bibliographie minutieusement complète, la meilleure jusqu’à ce jour.

P. Janelle.

    1. MOREAU Charles##


MOREAU Charles, religieux augustin († 1671), fut un des grands défenseurs de saint Augustin et de l’augustinisme au xvii » siècle. Il a publié Terlullian-