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    1. MORALE##


MORALE, HISTOIRE SOMMAIRE. 1 « PÉRIODE

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cruauté dans la vengeance, la passion de dominer et autres choses semblables, xxii, 74, col. 447. Faire la guerre à ses voisins pour s’étendre, briser et soumettre, par la seule cupidité de régner, des peuples cpii ne font aucun dommage, qu’est-ce autre chose qu’un grand brigandage ? De civ. Dei, IV, vi, P. L., t. xli, col. 117. Une société qui garde les préceptes chrétiens ne doit pas faire la guerre sans y pratiquer la bienveillance, ui ad piekilis justitixque pucalam societatem victis facilius consulatur. Epiai., cxxxviii, 14, t. xxxiii, col. 531. Si c’était possible, les bons devraient faire la guerre avec miséricorde, afin que, en triomphant de toutes les cupidités licencie. ises, ils détruisent les vices qui ont dû être extirpés ou contenus parle juste emploi de la force. Ibid. Voir Guerre, t. vi, col. 1912.

4. Droits et devoirs des individus.

a) En face de l’institution païenne de l’esclavage qui domine encore dans la société, particulièrement dans les quatre premiers siècles, la fraternelle égalité de tous les hommes dans la grâce de Jésus-Christ est enseignée selon la doctrine de l’Évangile et de saint Paul, de manière toutefois à ne pas amoindrir ou diminuer le respect, l’honneur, la fidélité et les autres devoirs auxquels on est tenu. Voir les textes cités dans l’encyclique In pturimis de Léon XIII du 5 mai 1888, § Apostoli eninwero et sq., dans l’encyclique Quod apostolici du 28 décembre 1878, § Quanquam eninwero, et l’art. Esclavage, t. v, col. 469, ainsi que Augustin (Suint), t. i, col. 2439. C’est cet enseignement qui, par son efficacité, a non seulement rendu au genre humain sa dignité, mais qui a uni très étroitement les hommes par les liens très étroits de la fraternité et qui, selon la parole de Léon XIII, a fait la société chrétienne des nations. Encyclique In pturimis du 5 mai 1888, § Aures sane.

Il est vrai que l’Église fut, au début, impuissante à extirper le mal si invétéré de l’esclavage et que, selon l’expression de Léon XIII, elle ne voulut point se hâter de procurer un affranchissement qui ne pouvait s’accomplir sans violence et sans un grand dommage pour les esclaves eux-mêmes et pour le bien commun de la société. Elle dut même réprouver les tentatives de ceux qui, entraînés par l’appât de la liberté, avaient recours à la violence et à la sédition pour améliorer leur sort. Il est vrai aussi que, tant que la situation sociale ne put être transformée, l’Église, en enseignant aux esclaves leur dignité chrétienne, leur recommandait, au nom de leur foi chrétienne, de ne point manquer au respect et à l’obéissance dus à leur maître, et de se consoler et de se fortifier par l’espérance des biens du ciel. Voir l’encyclique In pturimis, § Illa enim ad manumissionem. Mais en cela l’Église agissait avec sagesse, d’autant plus qu’en même temps elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour améliorer, par sa prédication, par sa législation et par son exemple, une situation si grave pour L’humanité, voir t. v, col. 463 sq.

b) L’affirmation des droits inaliénables des parents sur leurs enfants était, au moins implicitement, contenue dans la doctrine de l’institution divine du mariage, avec son iinilé indissoluble et les devoirs qui en sont la conséquence pour les parents. C’est la pensée de saint Augustin : l’ordre naturel prescril que le père veille, avec un amour égal, â ce que tous les membres de sa famille honorent Dieu duquel on doit espérer les biens éternels. L’ordre naturel le prescrit tellement que de là est né le nom de père de famille, nom si répandu que même ceux qui exercent roel cette autorité se réjouissent de l’appellation. De civ. Dei, XIX, xvi, P. L., t. xi.i, col, 644.

c) En face de la conception païenne encore survivante <le l’usage égoïste des richeses, les Pères, particulièrement au iv siècle, en recoininandanl la pra tique de l’aumône et le bon usage de richesses au point de vue des mérites éternels, insistent sur cette vérité moiale : les riches, tout en possédant légitimement, quand leurs richesses ont été justement acquises, sont, vis-à-vis de Dieu, de simples intendants, des économes qui doivent donner en aumône, pour l’usage de tous, ce qui ne leur est point nécessaire ou ce qui est pour eux superflu. S. Cyrille de Jérusalem, Cal., xv, 26, P. G., t. xxxiii, col. 908 ; S. Basile, Homil. in illud Lucte, destruam ttorrea mea, 2, 7, P. G., t. xxxi, col. 264, 276 sq. ; S. Grégoire de Nazianze, Oral., xiv, De pauperum amore, 23 sq., 29, P. G., t. xxxv, col. 888 sq., 897 ; S. Jean Chrysostome, De Lazaro, ii, 4, P. G., t. xlviii, col. 987 sq. ; Hom 7., ii, Ad populum Antioehenum, 7, t. xlix, col. 43 ; In I Cor., hom. x, 4, t. lxi, col. 86 sq. ; In I Tim., hom. xii, 3, t. lxii, col. 563 sq. ; S. Ambroise, De Nabuthe Jezrælita, ci, xii, t. xiv, col. 731, 747. Voir Aumône, t. i, col. 2564 sq.

d) La légitimité du droit de propriété est au moins implicitement reconnue par le fait qu’en parlant de la pratique de l’aumône, les Pères disent expressément ou laissent entendre, que les richesses sont légitimes quand elles sont justement acquises. L’affirmation est explicite chez saint Jean Chrysostome, loc. cit., P. G., t. lxii, col. 563 ; et S. Augustin, Contra Adamantium Manichœi discipulum. xx, 2, P. L., t. xlii, col. 1651. Quant à saint Basile et saint Ambroise, ils n’ont point cru nécessaire d’affirmer formellement le droit de propriété dont l’empreinte était si fortement marquée dans le droit de cette époque ; mais ils n’ont rien qui le contredise. Lorsque saint Basile affirme que les riches, retenant tout pour leur usage sans rien communiquer aux autres, comme ils devraient le faire selon les desseins de la Providence, font tort à ceux auxquels ils devraient donner, op. cit., P. G., t. xxxi, col. 276 sq., il laisse entendre qu’il veut seulement exprimer le devoir de l’aumône.

De même saint Ambroise, qui, d’ailleurs, paraît supposer que, pour son temps et son milieu, les riches ressemblent habituellement aux spoliateurs de Naboth, De Nabullie Jezrælita, i, P. L., t. xiv, col. 731, reproche seulemant à ces riches de tout approprier à leur usage exclusif. Il leur reproche de ne rien donner quand Dieu a voulu que, par l’aumône du superflu, l’usage fût commun pour tous : ce que nous entendrons bientôt de saint Thomas, ce que redit Léon XIII dans l’encyclique Rerum novarum. Quant à l’enseignement de saint Augustin en cette matière, il a déjà été exposé précédemment. Voir t. i, col. 2439, et B. Roland-Gosselin, La morale de suint Augustin, Paris, 1925, p. 169-218. D’ailleurs l’enseignement commun, pendant toute cette période, sur la malice du vol et sur l’obligation de respecter en tout la justice, suppose manifestement le droit de propriété.

e) Le devoir de ne pas refuser le salaire aux mercenaires que l’on emploie, est particulièrement affirmé par saint Ambroise. On ne doit pas mépriser le pauvre qui fatigue sa vie par son travail et qui la soutient avec son salaire. C’est tuer quelqu’un que de refuser à sa vie les subsides qui lui sont dus. Parce que nous sommes mercenaires de Dieu sur la terre, il nous faul donner le salaire au mercenaire pour ne pas être privé du salaire éternel. De Tobin, xxiv, 92, P. /… t. iv. COl. 791 ; EpisL, il. 12 : xix, 3, t. xvi. col. 882. 983.

5. L’usure, selon L’enseignement commun des Pères, particulièrement au iv et au v siècle, est défendue par la loi divine, surtout quand il s’agit du prêt que l’on fait à celui qui est dans le besoin. Voir parti culiè renient : S. Basile, In ps../v, homil. i, (> : ii, 5, P. G.. I. xxix, col. 261 sq.. 277 sa. ; S. Grégoire de Nysse. Oral, contra usurarios, P. G., t. xi.vi. col. 436 sq. ;