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MORALE. APPORT DU NOUVEAU TESTAMENT


occuper normalement. C’est sans doute selon une conception de ce genre que la théologie morale est, d’ailleurs très injustement, placée par quelques auteurs au dernier rang des sciences ecclésiastiques, comme n’étant qu’une méthode d’application de certains principes à des conditions variables de temps et de milieu.

4. Quant aux raisons parfois invoquées en faveur de ce système de répartition, elles n’ont point la valeur qu’on leur attribue.

a) Il n’y a point d’inconvénient à ce que, sur ce point comme sur beaucoup d’autres, les mêmes matières soient successivment étudiées au point de vue philosophique et au point de vue théologique, la première étude devant servir de préparation à la seconde, et pouvant d’ailleurs n’être pas très étendue si elle se maintient dans son propre domaine. D’autre part, l’étude théologique pour laquelle on aura le soin de rappeler, au moins somnT-îrement, l’enseignement philosophique, aura l’avant…., e de compléter celui-ci et d’en donner une meilleure intelligence, en même temps qu’on y ajoute la doctrine théologique.

b) Au reproche de trop grande extension des programmes, on peut répondre que, pour certaines matières, comme les matières juridiques et économiques, tout ce qui est demandé à l’enseignement de la théologie morale, ce sont des conclusions doctrinales, sans doute suffisamment exposées et solidement appuyées, mais de telle sorte que les développements techniques soient laissés aux sciences sociales.

De même, pour les vérités doctrinales qui doivent diriger l’ascétique et la mystique, comme la nature de la perfection chrétienne, la nature de l’union avec Dieu résultant de la charité à ses divers degrés, l’étude des dons du Saint-Esprit, celle des conseils évangéliques, et plusieurs questions ou explications doctrinales concernant les diverses vertus en particulier, tout ce qui est demandé de la théologie morale, c’est un enseignement doctrinal sous forme de conclusions théologiques. Les détails, considérations pratiques, ou faits, selon la nature des questions, sont, en principe, laissés à l’ascétique et à la mystique.

D’ailleurs, d’une manière générale, il est aisé de comprendre que des élèves bien préparés par le cours de philosophie scolastique comprenant aussi la philosophie morale, et parle cours de théologie morale fondamentale, seront capables d’étudier plus facilement, en morale spéciale, et dans une période de temps relativement moindre, le programme intégral.

5. Toutefois on peut approuver et recommander certains arrangements pratiques, en vertu desquels le même professeur, de dogme ou de morale, peut comprendre, dans son enseignement, surtout dans la matière des sacrements, toutes les questions dogmatiques ou morales, appartenant au même traité théologique. On obtient ainsi le grand avantage, si important pour la science théologique, de l’unité de renseignement.

.Mais l’on doit se rappeler que les matières ainsi attribuées continuent à appartenir à la partie de la théologie, dont elles relèvent immédiatement et qu’elles doivent être traitées chacune avec la méthode qui lui convient

III. Aperçu synthétique sur l’apport nuNouveau Testament a la théologie morale, — Bien que cet enseignement néo-testamentaire soit exposé dans divers articles particuliers traitant surtout des vertus et des sacrements, il est utile d’en donner ici un aperçu synthétique, pour mettre plus d’unité dans les concepts exprimés ailleurs d’une manière fragmentaire et aussi pour montrer, (h moins dans ses lignes principales, ce qui concerne le point de vue social.

Pour comprendre la nature de cet enseignement, il

est nécessaire de se rappeler ce que l’on a dit en expliquant la définition de la théologie morale. Les vérités révélées que l’on y étudie y sont considérées seulement sous leur rapport pratique, autant qu’elles donnent des directions, consistant en préceptes ou en conseils, indiquant ce qui doit être fait ou ce qu’il convient de faire pour s’orienter effectivement vers la fin surnaturelle. Ce sont donc ces directions pratiques, données sous la forme de préceptes ou de conseils, que l’on d ?it rechercher dans le Nouveau Testament. C’est de ces vérités pratiques aue l’on s’est ultérieurement servi pour constituer la théologie morale comme partie distincte de la théologie, en employant la méthode positive et la méthode scolastique, telles qu’elles ont été précédemment décrites.

I. FIJI DERNIÈRE SURNATURELLE AFFIRMÉE l’Ai :

le nouveau TESTAMENT. — La fin dernière surnaturelle, assignée à l’homme dans l’ordre actuel, ressort avec évidence de la double sentence définitive de Notre-Seigneur au jugement général, Matth., xxv, 34, 41 : sentence appelant au bonheur éternel tous ceux qui auront observé les commandements de Notre-Seigneur ; sentence condamnant aux supplices éternels les méchants qui auront transgressé ces mêmes commandements. Voir Fin dernière, t. v, col. 2498 sq.

Cette fin dernière apparaît nettement comme obligatoire pour tous les adultes, seuls en cause dans la promulgation de cette double sentence : pour eux, dans les conditions normales, il n’y a point d’alternative entre la possession éternelle de la vision béatifique et les supplices éternels de l’enfer.

En même temps, le texte cité montre que chacun doit tendre à cette fin dernière par le libre accomplissement des devoirs qui lui sont imposés. Selon la teneur de la double sentence du Juge suprême, sont seuls punis ceux qui ont transgressé de façon coupable leurs obligations ; et sont récompensés ceux-là seuls qui ont librement et méritoirement accompli leurs devoirs. Il est non moins évident que les fidèles sont tenus de tendre vers leur fin surnaturelle, non seulement dans leur vie privée, mais aussi dans leur vie publique et sociale. La sentence rendue par le souverain Juge porte sur toutes les actions, de quelque nature qu’elles soient, donc aussi sur celles qui se rapportent à la vie publique et sociple.

II. PRÉCEPTES DE LA LOI NATURELLE AFFIRME^

    1. DANS LE NOUVEAU testament##


DANS LE NOUVEAU testament. — Le Nouveau Testament confirme, par son autorité, les préceptes de la loi naturelle, connaissables par la raison. Il y ajoute le plus souvent des précisions nouvelles, et aussi des motifs nouveaux empruntés à l’enseignement de la foi.

1° Tous ces préceptes, correspondant aux préceptes du décalogue, à l’exception du troisième qui est à la fois naturel et positif, voir t. iv, col. 167 sq., sont maintenus dans leur intégrité : « Ne pensez point, dit Notre-Seigneur, que je sois venu abroger la loi et les prophètes. Je ne suis pas venu abroger, mais accomplir. » Matth., v, 17. D’ailleurs, dans d’autres circonstances, Notre-Seigneur a aussi rappelé les préceptes de la loi naturelle. Matth., xix, 17 sq. ; Luc, xviii, 20.

2° En même temps, ces obligations naturelles sont dégagées par Notre-Seigneur des fausses Interprétations données par les Juifs sur beaucoup de points. notamment pour le meurtre, l’adultère, le divorce, le serment, le talion, l’amour des ennemis. Matth, . v, 21-18 ; s. Thomas, s, un. theol., IMI », q. cviii, a. ; i, ad l 1 "" ; J. M. Lagrange, Évangile selon suint Matthieu, Paris, 192 :  !, p. 101 sq.

3° Des précisions nouvelles, appuyées principalement sur les enseignements de la foi. sont souvent