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MONTFAUCON — MONTGAILLARD


deaux, y demeura un an, et, en 1687, il fut mandé à Paris pour travailler aux nouvelles éditions de saint Athanase et saint Jean Chrysostome. On le plaça d’abord aux Blancs-Manteaux. Pendant le cours de l’édition des œuvres de saint Athanase, à laquelle il travailla avec dom Antoine Pouget et dom Jacques Lopin, Montfaucon apprit l’hébreu, le chaldéen, le syriaque et le samaritain, puis le copte et un peu d’arabe.

De 1C98 à 1701, il obtint de faire le voyage d’Italie et de Rome pour étudier dans les bibliothèques les manuscrits des œuvres de saint Jean Chrysostome. Bien accueilli à Rome par le pape Innocent XII, il fut en butte à la jalousie du sous-bibliothécaire du Vatican qui lui tendit des pièges, mais en vain, pour mettre son érudition à l’épreuve et diminuer la bonne opinion qu’on en avait. Nommé procureur général de sa congrégation auprès de lacour de Rome, il ne tarda pas à constater que les affaires (c’était l’époque où l’édition bénédictine de saint Augustin était violemment attaquée) seraient un obstacle à ses travaux littéraires. Il supplia les supérieurs de le rappeler à Paris. Ainsi, malgré toutes les instances que l’on fit pour le retenir, il quitta Rome en mars 1701.

Jusqu’à sa mort, Montfaucon se livra à l’étude et donna un grand nombre d’ouvrages utiles. En 1719, il fut nommé membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. L’habitude d’une vie réglée et frugale lui permit de travailler pendant plus de cinquante ans sans avoir été malade. Il projetait de nouveaux travaux, quand il mourut presque subitement le 21 décembre 1741 ; il fut inhumé près de Mabillon dont il avait soutenu la réputation avec honneur. M. de Boze, secrétaire de l’Académie des Inscriptions, fit son éloge en séance publique le 3 avril 1742. Fabricius, dans sa Bibliotheca græca, t. xiii, p. 849, a écrit sur Montfaucon les lignes suivantes : Nemo vivit hodie qui majoribus vel prseclarioribus muneribus auxerit rem litlerariam, et qui grsecas prxserlim et ecclesiasticas litteras omnemque antiquitalem pulchrius ornaverit quam nobilis génère, sed virtute, doctrina et meritis illustrior D. Bernardus de Montfaucon, Gallicæ genlis et œtatis suæ decus.

IL Œuvres. — On trouvera dans dom Tassin, Histoire littéraire de la Congrégation de Saint-Maur, p. 591 et suiv., l’énumération des ouvrages de Montfaucon. Nous en détachons ceux où il est question de théologie ou de patristique :

1° S. P. N. Alhanasii, arehiep. Alexandrini opéra omnia quæ exstanl… opéra et studio monachorum O. S. Benedicti, 3 in fol., Paris, 1698. L’œuvre avait été entreprise par les PP. Lopin, Pouget et Montfaucon : le premier étant mort après avoir travaillé à la première partie du t. i or, le second ayant quitté Paris, Montfaucon se trouva seul chargé de ce grand ouvrage. On peut dire qu’il est le principal auteur de cette édition, l’une des plus recommandables parmi celles des bénédictins. La préface est pleine de discussions savantes ; Montfaucon y expose ce qui regarde la doctrine de saint Athanase qu’il appelle le père de la théologie moderne ; il parle de sa fermeté à combattre les hérétiques, il expose la discipline de l’époque pour la célébration du saint sacrifice, le baptême que beaucoup recevaient seulement à l’approche de la mort, etc. Cette préface est suivie d’une vie de saint Athanase que Montfaucon a composée à l’aide des écrits du saint docteur. Cette édition a été reproduite dans P. G., t. xxv-xxviii. — 2° Étant à Rome, Montfaucon vengea l’honneur de ses confrères, les éditeurs de saint Augustin, contre le prétendu abbé allemand, par ses Vindicix editionis sancti Augustini a Benedictinis adornatæ adversus Epistolam abbatis Germani, auctore. D. B. de Rivière (pseudonyme de Montfaucon comme on le sut bientôt), in-12, Rome, 1699 ; le

succès de cet écrit fut considérable à Rome et dans toute l’Italie : l’archevêque de Naples félicita l’auteur par une lettre rendue publique. L’écrit fut réimprimé en France. — 3° Collcctio nova Patrum et scriptorum greecorum… notis et prsefationibus illustravil D.B. de Montfaucon, 2 in-fol., Paris, 1706. La préface traitant de la doctrine d’Eusèbe de Césarée, démontre qu’il fut véritablement arien quoi qu’en aient dit quelques catholiques. Otant à Jésus-Christ sa divinité, il n’est pas surprenant que cet auteur méconnaisse la toute-puissance de sa grâce (E use ht n’admet qu’une grâce versatile abandonnée au caprice du libre arbitre). — 4° Le livre de Philon de la Vie contemplative, traduit sur l’original grec avec des observations où l’on fait voir que les thérapeutes dont il parle étaient chrétiens, in-12, Paris, 1709. — 5° Réponse de dom de Montfaucon aux objections que lui a faites M. (Bouhier) contre la Dissertation des thérapeutes, in-12, Paris, 1712. Une deuxième édition de cette réponse porte le titre : Lettres peur et contre sur la fameuse question si les solitaires appelés thérapeutes étaient chrétiens, in-12, Paris, 1712. Montfaucon, suivant le sentiment d’Eusèbe, de saint Jéicme, abandonné d’ailleurs aujourd’hui, met dans un grand jour toutes les marques de christianisme que l’on trouve dans les thérapeutes. — 6° S. P. N. Jcannis Chrysostomi, arehiep. Constantinop. opéra cmniaqiiw exstant, vel quæ ejus nomine circumferuntur cd mss. cedd. castigata, aucta, præ/ationibus, monitis, notis, variis lectionibus illustrata, 13 in-fol., Paris, 1718-1738. Au t. xiii se trouve une vie de saint Jean Chrytostome composée par Montfaucon. A la suite de cette vie se trouvent cinq dissertations curieuses sur la doctrine du saint, sur la discipline et la liturgie de son temps, sur les hérétiques et les hérésies qu’il a combattus, sur plusieurs choses singulières que l’on rencontre dans ses ouvrages et sur les usages de son siècle.

Dom’lassin, Histoire littéraire de la Congrégation de Saint-Maur, in-4°, Bruxelles-Paris, 1770, p. 585-617 ; P. Le Cerf de la Viéville, Bibliothèque historique et critique des auteurs de la Congrégation de Saint-Maur, in-12, La Haye, 1726, p. 363-392 ; C. de I.ama, Bibliothèque des écrivains de la Congrégation de Saint-Maur, in-8° Munich-Paris, 1882, n. 461-476 ; M. Valéry, Correspondance inédile de Mabillon et de Montfaucon avec l’Italie, 3 in-8°, Paris, 1846, t. iii, p. 43, 112, 137, 153, 170, 200, 217, 221 ; Fabricius, Bibliotheca grwca, t. xiii, p. 849 ; E. de Broglie, Mabillon et la Société de SaintGennain-des-Prés à la fin du XVIIe siècle, 2 in-8°, Paris, 1891, t. ii, p. 216-219 ; A. Danlier, Rapports sur la correspondance inédile des bénédictins de Saint-Maur, in-8°, Paris, 1857 ; U.Berliêre, Bulletin d’histoire bénédictine. Supplément à la Revue bénédictine, n. 32, 478-681, 934, 1175-1176, 1491, 1756-1757, 2152, 2525, 2962 ; H. Oraont, La paléographie grecque et le P. Hardouin, in-8°, Paris, s. d. ; Revue Mabillon, t. ii, p. 24, 31, 284 ; t. v, p. 37, 452 ; t. x-xi, p. 139.

J. Baudot.

MONTGAILLARD (Pierre-Jean-François de Percin de), prélat français (1633-1713), naquit à Toulouse, le 29 mars 1633, du baron de Montgaillard qui, pour avoir rendu la place de Blême en Milanais, fut décapité sous Louis XIII, mais qui fut réhabilité plus tard ; il fit des études ecclésiastiques et devint docteur de Sorbonne, abbé de saint Marcel et enfin évêque de Saint-Pons en avril 1664. Dans Pafïaire du Formulaire, il se déclara en faveur des quatre évêques réfractaires (1667) et il signa la lettre écrite par dix-neuf évêques au pape et au roi ; après avoir bataillé contre l’évêque de Toulon, au sujet du rituel d’Aleth, et contre Fénelon, au sujet de l’infaillibilité de l’Église dans le jugement des faits dogmatiques, il fit, croit-on, une soumission sincère à Rome, par une lettre du 28 février 1713, adressée au pape Clément XL II mourut quelques jours après, dans son diocèse, le 15 mars 1713.