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MONTALEMBERT


II n’abandonne pas ses études, ni ses travaux. En 1835, il promet des leçons sur l’histoire littéraire et sociale des siècles chrétiens à l’Université catholique que fonde Gerbet. Mais c’est sur l’art chrétien surtout

— influence de Victor Hugo et de Rio — qu’il écrit. Cꝟ. 1° De la peinture chrétienne en Italie à l’occasion du livre de M. Rio, juillet 1837, Université catholique, t. iv, p. 123 ; Œuvres, t. vi, p. 78, suivi d’un Tableau chronologique des écoles catholiques de peinture en Italie. 2° A la publication par livraisons : Monuments de l’histoire de sainte Elisabeth d’après Taddeo Gaddi, Andréa Orgagna, publiés par Achille Bablet, Paris, 1838-1840, il donne comme introduction un article qu’il vient de publier dans la Revue de Deux Mondes, du 1 er décembre 1837 : De l’état actuel de l’art religieux en France, Œuvres, t. vi, p. 163 ; la seconde livraison offre de lui une Notice sur le bienheureux Père Angélique Frisole, Œuvres, ibid., p. 328. 3° De l’attitude actuelle du vandalisme en France, Revue des Deux Mondes, 25 nov. 1838, Œuvres, ibid., p. 210, où il s’en prend à tous ceux, ecclésiastiques ou laïques, « la bande noire » qui n’entretiennent pas ou massacrent les monuments d’art religieux. 4 u II prononcera sur le même sujet, dans ces années et les suivantes, plusieurs discours à la Chambre des pairs. Il réunit ces discours avec plusieurs des brochures précitées et d’autres encore dans un volume : Du vandalisme et du catholicisme dans l’art (Fragments), in-8°, Paris, 1839 ; 2e édit., 1856’. On les retrouve aussi dans Œuvres, t. vi, Mélanges d’art et de littérature.

A la Chambre des pairs, Montalembert entend être « catholique avant tout ». Il est resté fidèle à la devise : « Dieu et liberté ». C’est pour défendre la solution de la liberté qu’il avait pris la parole dans la discussion des lois de septembre 1835 ; ce sont les principes du libéralisme qu’il défend à propos de l’Espagne divisée, de la Pologne opprimée et de la Belgique lésée, 18381839. C’est pour défendre les droits de l’Église qu’il dénonce, en des articles vibrants, les attentats de la Prusse protestante dans l’affaire de Cologne, 1838. Cf. Œuvres, t. iv. Il ne craint pas de s’affirmer opposé au fameux principe soutenu par les légitimistes, par la plupart des évêques et surtout par l’archevêque de Paris, de Quélen : « Il ne peut y avoir d’orthodoxie religieuse sans orthodoxie politique. Le roi, Jésus-Christ, l’Église catholique : Dieu est en ces trois termes. » Il entend bien séparer l’Église du trône et lui assurer de ce côté comme des autres une entière liberté d’action. Cf. Des rapports de l’Église catholique et du gouvernement de Juillet, dans France contemporaine, 15 mai 1838 ; Œuvres, t. iv, p. 272, article que Montalembert résume ainsi en terminant : « Il faut nationaliser le clergé et catholiciser la nation. » En conséquence il use de son influence auprès du gouvernement pour obtenir un épiscopat favorable à ses vues, sans peut-être toujours réussir comme il eût désiré : par exemple dans la nomination de Mgr Affre au siège de Paris ; d’autre part, pour atteindre l’opinion, il s’efforce de faire revivre l’Univers qui se meurt.

2° Montalembert à la conquête de la liberté d’enseignement et à la tête d’un grand parti libéral et catholique (1842-1850). — 1. La liberté de l’enseignement en 1842.

— Depuis l’affaire de la Meilleraye, autour de laquelle Y Avenir avait mené grand bruit, cf. loc. cit., t. vi et vu, l’opinion publique s’étant d’ailleurs adoucie, le gouvernement de Juillet se montrait tolérant sur le droit d’association. Mais sur la pressante question de l’enseignement, si les catholiques avaient obtenu la loi du 21 juin 1833 qui concernait l’enseignement primaire, ils avaient repoussé comme insuffisants tous les projets — le dernier était le projet Villemain de 1841 — concernant l’enseignement secondaire.

2. La question portée par Montalembert sur le terrain

du droit commun (1843). — Or, tandis qu’un certain nombre de prêtres continuaient à réclamer la liberté entière de l’enseignement, au nom du droit imprescriptible de l’Église — par où ils nuisaient à leur cause

— Montalembert, de Madère où le retient la santé de sa femme, réclame cette même liberté uniquement au nom de la Charte et du droit commun. Il reprend la position de l’Avenir dans la même question. Cf. sa brochure Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement, 80 p. in-8° Paris, 1843 ; 2e édit., in-32, 1844 ; Œuvres, t. iv, p. 207. Veuillot qui est entré à l’Univers en 1838, le Correspondant qui vient de renaître, l’appuient et, en se prononçant pour lui, Mgr Parisis le couvre du côté de l’épiscopat que scandalisent le terrain choisi et le caractère laïque du nouveau chef.

A propos du second projet Villemain, avril-mai 1844, Montalembert prononça devant la Chambre des pairs quatre fameux discours : 1° une réponse à Dupin qui devant la Chambre des députés a appelé les foudres du gouvernement sur les évêques : Chambre des pairs : Discours de M… sur la question de la liberté de l’Église dans la discussion du projet de loi sur les fonds secrets, 64 p. in-8°, Paris, 1844 ; Œuvres, t. I, p. 364 ; 2° Chambre des pairs : Second discours de M… sur la question de la liberté d’enseignement, 32 p. in-8°, Paris, 1844 ; Œuvres, ibid., p. 441 ; 3° troisième discours. .. sur la liberté des ordres religieux. Séance de la Chambre des pairs du 8 mai 1844, sur le projet refusant aux congrégations le droit d’enseigner, 32 p. in-8°, Paris, 1844 ; Œuvres, ibid., 471 ; ces trois discours réunis furent publiés en une seule brochure in-18, en juillet 1844 ; 4° Chambre des pairs. Séance du 21 mai 1844. Dernier discours de M… dans la discussion de la loi sur l’enseignement (titre relatif aux petits séminaires) ; la loi leur imposait, non le droit commun, mais un régime privélégié, ce qui était un piège tendu aux catholiques, 32 p., in-8°, Paris, 1844 ; Œuvres, ibid., p. 537. Pour achever de gagner l’opinion, il rééditait, novembre 1841, en une seule brochure sa Défense de l’école libre et son écrit, Du devoir des catholiques, in-18 ; en même temps que, pour émouvoir les évêques, il publiait une brochure sur saint Anselme, défenseur des droits de l’Église : Saint Anselme. Fragment de V introduction à l’histoire de saint Bernard (en projet), in-18, Paris, 1844, rééditée plus tard à la suite de l’Histoire de sainte Elisabeth.

3. Montalembert groupe les catholiques militants en un grand parti libéral (1844-1848). — Malgré le silence, voire l’opposition de la plus grande partie de l’épiscopat, l’hostilité de légitimistes intransigeants et même de quelques personnages romains qui condamnent tout haut la coda di Lamennais, tandis que Montalembert ne cesse de dénoncer à la tribune les atteintes aux droits de l’Église, cf. Œuvres, t. ii, p. 1, et que se déroulent dans le pays l’affaire du Manuel de Dupin et, jusqu’à Rome, l’affaire des jésuites, Montalembert arrive à son but : les catholiques se groupent en un grand parti politique sur le terrain du droit commun, qui revendique conséquemment pour l’Église comme pour tous, pour tous comme pour l’Église, la liberté d’enseignement et toutes les libertés légitimes. Un Comité directeur pour la défense de la liberté religieuse qui a pour devise : Dieu et mon droit, pour organe Y Univers, pour appui le Correspondant, est fondé à Paris ; des comités diocésains qui ont pour organes des journaux départementaux ou régionaux lui répondent en province.

Le résultat est qu’aux élections de 1846, les catholiques, éclairés par des circulaires envoyées au nom du Comité directeur par Montalembert, Œuvres, t. ii, p. 200 et 415, par sa broc ! » ure, Du devoir des catholiques dans les élections, in-12, Paris, 1846, envoient à la Chambre des députés 140 partisans de la liberté d’enseignement.

De précieuses adhésions viennent en même temps au parti, comme celle de Dupanloup, alors vicaire général de Paris et supérieur du petit séminaire de