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MONOTHÉLISME, FORMULES TIIÉOLOGIQUES


gnomique, mais il était proprement physique, dressé toujours et mû par sa divinité substantielle pour l’acl’accomplissement de l’économie ( = de l’œuvre du salut des hommes) : fxr) yvwfxixov toûto xaôaTtoci ;, àXXà cpuaixèv xuptwç STÛyyavsv, ùnb tîjç aùxoù xoct’oùatav 6cÔTr)Toç TU7rou[xsvov àeî xai. xivoùfxevov irpàç tîjç oîxovo^Laç ÈK7rXy ; ptoCTtv. » Tomus dogmaticus ad Marinum, P. G., t. xci, col. 81 D. Il fait sien le mot de saint Grégoire de Nysse : « Comme Dieu, lorsqu’il le voulait, le Verbe donnait à son gré occasion à la nature d’exercer son activité : êÇouaiaaxixwç wç 0eôç èStSou -zfi cpôaei xatpov, ot<xv è60ùXeTO, rà eauTTJç èvepY^aai. » Ibid., col. 77 B. Ailleurs il écrit : « Étant véritablement Dieu et homme tout à la fois, comme Dieu il était le moteur de sa propre humanité, et comme homme il- était le manifestateur de sa propre divinité : <xii, qj « xaT’àX^Osi.av cbv, wç ulv 0eèç TTjÇ îSiâç’ïjv xivTjTIXgç àv0pco7r6TY)Toç, <î)ç av6pa>7ro< ; Se tîjç olxstaç èxçavrixoç ŒÔTTjTOç. » Ambiguorum liber, P. G., t. xci, col. 1056 A. Saint Jean Damascène enseigne, lui aussi, la même doctrine avec tout la clarté désirable : « L’esprit humain du Christ, dit-il, manifeste sa propre hégémonie, lorsqu’il en reçoit la permission du supérieur. Mais il est dominé et il suit le supérieur, et il opère ce que veut la volonté divine. Par un mouvement libre, l’âme du Seigneur voulait librement ce que sa volonté divine voulait qu’elle voulût. » De flde orthodoxa, t. III, 6, 14, 18, P. G., t. xciv, col. 1005 B ; 1036-1037 ; 1076 C. Cf. De duabus voluniatibus, 26-27, 39-43, P. G., t. xcv, col. 157-160, 177-184.

3. L’hétérodoxie des monothélites.

Bref, la faute, l’erreur des monothélites, chalcédoniens et dyophysites convaincus, a été de vouloir greffer sur la terminologie catholique, canonisée au concile de Chalcédoine, la terminologie du monophysisme sévérien pour ce qui regarde non les natures elles-mêmes, mais les activités et les volontés. Nous avons vii, en parlant du monophysisme sévérien (cf. col. 2226°), comment les partisans de ce système disaient non seulement une seule cpôaiç dans le Christ, mais aussi une seule èvspY£ioc, un seul QsXy)|xoc. Cette unique activité, cet unique vouloir, ils les considéraient non du point de vue des natures, mais du point de vue de la personne ; non du point de vue physique, c’est-à-dire naturel, mais du point de vue hypostatique, - par rapport à l’unique agent, qui est la personne du Verbe. C’est ce point de vue que les monothélites, préoccupés de trouver une formule conciliatrice pour ramener les monophysites sévériens à l’orthodoxie, ont malencontreusement adopté. Ils voyaient bien que cette position n’était pas tenable ; que cette terminologie s’accordait mal avec la doctrine dyophysite qu’ils admettaient, avec le tome de Léon, qu’ils recevaient. De là leurs capitulations successives, dès que les théologiens orthodoxes dévoilaient les inconséquences et les contradictions de leur système. Quelques-uns, cependant, tel Macaire d’Antioche, à force de ne considérer en Jésus-Christ que la personne divine, le principium quod des opérations divines et humaines, s’entêtèrent à garder leurs formules, à fermer les yeux sur les principes physiques immédiats des opérations divines et humaines, sans du reste les nier positivement, en les admettant implicitement, et quelquefois explicitement, mais en refusant de leur donner le nom d’èvspyeia et de 6éXv]fjia.

Telle fut l’erreur, telle fut l’attitude des monothélites dyophysites, des partisans de l’hérésie spéciale, distincte des autres précédemment parues, qui troubla l’empire byzantin pendant presque tout le vii siècle, et qui a reçu le nom demonothélisme. La définir comme une hérésie qui niait en Jésus-Christ l’existence d’une volonté humaine considérée comme

faculté, serait certainement inexact. Ce serait se tromper aussi que de croire que les monothélites aient enseigné que la volonté humaine du Sauveur n’a jamais produit son acte, n’est jamais entrée en exercice. On ne peut affirmer avec certitude qu’ils aient refusé la liberté à l’humanité de Jésus-Christ. Mais ils ont professé une seule énergie hypostatique, une activité théandrique du Christ, un seul vouloir hypostatique, hégémonique divin du Christ, et ils ont refusé de dire : deux activités physiques, deux volontés, deux vouloirs physiques du Christ. Nous parlons des monothélites proprement dits, de ceux qui ont été fermes à garder les formules du système monénergiste et monothélite ; car pour ce qui est du monothélisme officiel, il a, comme nous l’avons vii, varié ses formules suivant les phases de la controverse. Il a commencé par dire : Une seule activité hypostatique ou théandrique du Christ. Il a dit ensuite : Ni une ni deux opérations, mais un seul vouloir hypostatique. Il disait, avant d’être frappé par le sixième concile œcuménique : À T i une ni deux énergies, ni une ni deux volontés.

Il ressort de ce que nous venons de dire que les monothélites proprement dits n’ont rien inventé, sauf peut-être l’épithète d’hypostatique ajoutée aux mot& £vépyei.a et QcKr^cc. Tout en anathématisant Dioscore, Sévère et leurs partisans, ils ont pris leur terminologie pour ce qui regarde les activités et les vouloirs de l’Homme-Dieu. A la différence des sévériens, qui ont professé non seulement le monénergisme et lemonothélisme, mais aussi le monoïdiotisme, c’est-à-dire l’unité des propriétés, ils confessaient les propriétés physiques des deux natures et ne refusaient pas de les compter. Leur originalité a consisté à être en partie dyophysites et en partie monophysites sévériens. Le monothélisme est donc un demi-dyophysisme et un demi-monophysisme.

Autres formes du monothélisme.

Avant le

monothélisme proprement dit, monothélisme plus verbal que réel, avaient apparu dans l’Église plu sieurs autres formes de monénergisme et de monothélisme.

L’arianisme, l’apollinarisme et l’eutychianisme enseignent, chacun à sa manière, le monénergisme et le monothélisme réels, mais avec des différences marquées. Le Logos incarné d’Arius, qui n’est ni Dieu véritable ni homme complet, n’a vraiment qu’une activité physique et qu’une volonté physique, puisqu’il ne s’est uni qu’à un corps inanimé, qu’il meut comme un automate. Le Logos incarné d’Apollinaire est sans, doute Dieu ; mais il n’a pris, lui aussi, de l’homme q ; aele corps, ou tout au plus, la sensibilité animale. Ils manque d’âme humaine douée d’intelligence et devolonté libre. Il est évident qu’il est aussi monénergiste, et surtout monothélite. Quant au monstre eutychien, résultat du mélange réel de l’humanité et de la divinité, il ne peut avoir également qu’une seule activité et qu’un seul vouloir ; activité, voulour qu’on pourrait appeler théandriques, en attribuant à ce mot son sens strictement étymologique.

Il y a des raisons de croire que, dans la réalité, le mystérieux Denys, auteur de l’expression énergie théandrique, a donné à celle-ci un sens différent, sens orthodoxe dans le fond, bien que l’expression soit malheureuse et favorise la théorie eutychienne du mélange des deux natures. Monophysites sévériens et théologiens catholiques l’ont interprétée chacun de leur côté en lui enlevant toute signification eutychienne. Les sévériens en ont fait l’équivalent de l’expression èvépY£t.a cûv6etoç, c’est-à-dire activité de Yhypostase composée du Verbe, et l’on sait que pour ces hérétiques l’épithète de aûvGexoç n’est pas synonyme de mixte ou de mélangée au sens eutychien. Cf. article Monophysisme, col. 2223, et Lebon, Le mono-