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MONOPHYSITE (ÉGLISE COPTE), LITURGIE


première semaine. Il n’en reste donc pratiquement rien de plus que le nom. b) Le jeûne des deux veilles de Noël et de l’Epiphanie, qui dure jusqu’au coucher du soleil, c) Le jeûne des apôtres, qui se termine à la fête des apôtres Pierre et Paul. Il vient après la Pentecôte et dure plus ou moins longtemps suivant la date de la fête de Pâques, ou, comme disent les canonistes coptes, suivant la longueur de l’intervalle entre Noël et le carême. Les jours de ce jeûne, en effet, additionnés à ceux de l’intervalle en question, doivent faire 81 jours. Ce jeûne dure jusqu’à noue. Le poisson est permis, d) Le jeûne de Ninive, qui dure trois jours, institué pour imiter les Ninivites. Il commence le lundi de la deuxième semaine avant le jeûne d’Héraclius et se prolonge jusqu’à none. é) Le jeûne de l’Assomption de la sainte Vierge, qui dure la quinzaine avant cette fête. Le poisson est permis. /) Enfin le jeûne de Noël, pendant la quarantaine qui précède cette fête. Institué par Christodule, 66e patriarche, pour imiter la sainte Vierge qui, disent les coptes, « jeûna à partir du septième mois et demi de sa grossesse jusqu’à son enfantement, à cause de la crainte qu’elle avait de saint Joseph ». Vansleb, p. 77. On voit par cette énumération ce que ces jeûnes ont de vraiment particulier à l’Église copte et ce qui lui est commun avec d’autres Églises. Ces rudes abstinences sont encore, paraît-il, assez observées par le peuple.

7. Manière de faire le signe de la croix.

Les coptes

font le signe la de croix avec un seul doigt en commençant de gauche à droite. Ils justifient leur pratique par plusieurs raisons : a) Dieu ordonna de faire l’aspersion du sang des victimes avec un seul doigt ; b) Notre-Seigneurdit dans l’Évangile : Si in digito Dei ejicio dœmonia, il ne dit pas : les doigts ; c) l’unique doigt indique et l’unité d’essence de la Trinité et la cpiicnç unique résultant de l’union hypostatique ; d) saint Marc enseigna cet usage à ses disciples. Si on commence de gauche à droite, c’est pour marquer que par le baptême nous sommes passés du groupe de gauche au groupe de droite. Ainsi parle Abou’l Barakât dans la Lampe des ténèbres, c. xxiv.

8. Quelques autres usages.

Dans son Traité des usages particuliers aux coptes, Michel de Damiette prend la défense, comme d’une sorte de patrimoine national, des coutumes suivantes, qui durent encore : a) Porter les cheveux courts, contrairement aux melkites et aux Arméniens ; b) Se tenir debout à l’église appuyé sur une sorte dé bâton en forme de T ; on ne se met à genoux que le jour de la Pentecôte ; c) Quitter ses chaussures en entrant à l’église. Les canonistes coptes attachent une grande importance à ces trois pratiques et trouvent toute sorte de raisons ingénieuses pour les légitimer. La principale de toutes est que saint Marc l’a ordonné ainsi. « Nous faisons usage des bâtons, dit Abou’l Barakât, et pour imiter les patriarches bénis qui s’en servaient, et à cause de la parole de Notre-Seigneur (à lui la gloire) : Celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Et Dieu avait ordonné aux enfants d’Israël d’avoir leurs bâtons à la main au moment de manger la Pâque. Par ailleurs, c’est un instrument de repos au cours des chants et des longues psalmodies, surtout pour le vieillard affaibli et celui qui est faible et fatigué, et celui qui ne peut se dresser. Mais ce n’est pas là une prescription de rigueur. Il est certain que celui qui fait effort pour se dresser pendant les prières a une plus grande récompense et plus de piété. » La lampe des ténèbres, c. xxiv. A l’appui de la pratique du déchaussement dans les églises, le même auteur entre en des considérations invraisemblables. Non seulement il invoque l’ordre de Dieu à Moïse, au mont Horeb : Ole tes chaussures, car le lieu où tu te tiens est saint, et la recommandation de Notre-Seigneur à ses disci ples de ne pas prendre de souliers, mais il ajoute qu’au Cénacle, Notre-Seigneur et ses apôtres étaient déchaussés ; que les chaussures étant faites pour préserver les pieds des ordures du chemin, elles ne sont pas nécessaires à l’église qui, par sa consécration, est exempte de toute impureté : « Il y a, au contraire, avantage à les ôter pour que notre épiderme profite de la pureté de la poussière de l’église. » Si les théologiens coptes ne réussissent guère dans les spéculations philosophiques et théologiques, ils excellent en l’art de trouver les raisons de convenance et le symbolisme des moindres pratiques disciplinaires et liturgiques.

VI. Vie liturgique et rituel.

Tout en faisant des emprunts à la liturgie de l’Église melkite, sa voisine d’Alexandrie, la liturgie de l’Église copte est généralement restée conforme aux rites anciens, et elle garde de ce fait sa physionomie particulière. Nous allons parler brièvement des livres liturgiques, de la prière commune et de l’office divin, de la messe, de l’ère et du calendrier, des fêtes et du rituel.

Les livres liturgiques.

 D’après Abou’l Barakât,

les livres liturgiques de l’Église copte sont les suivants : 1. Le livre de la Pâque égyptienne (Kitab il Pasca), attribué au patriarche Gabriel Ibn Tarik (1131-1145), qui contient l’office de la Semaine sainte. 2. L’Antiphonaire ou Defnari, également attribué à Gabriel Ibn Tarik, qui comprend les louanges des fêtes et les hymnes des saints et des martyrs. 3. Le Synaxaire ou Martyrologe, attribué à Pierre El-Gamîl, évêque de Malîg (xii-xme siècle) et revu au xve siècle par Michel, évêque de Malîg : c’est un abrégé des vies des saints et des histoires des martyrs, disposé selon l’ordre des fêtes du calendrier pour la lecture quotidienne. 4. Le Pontifical, appelé par Abou’l Barakât, Les livres des offices sacerdotaux, qui contient toute la série des consécrations, tout le rituel sacramentaire et l’office des funérailles. Il correspond donc à la fois au pontifical et au rituel des Latins. 5. L’Euchologe(Hulaki), qui est le livre des messes ou Missel ; - 6. La Psalmodie, qui embrasse les odes, les théotokies et la doxologie. Les théotokies sont, comme leur nom l’indique, un recueil d’hymnes en l’honneur de la sainte Vierge. Ces hymnes sont encadrées dans d’autres prières, de telle manière qu’elles constituent un véritable office de la sainte Vierge, office septénaire, variant quant à la partie principale, qui est la théotokie, pour chaque jour de la semaine. La théotokie elle-même est divisée en quatre parties : la psallie, l’hymne proprement dite, la conclusion, la glose. « L’hymne proprement dite consiste en une série de comparaisons, tirées parfois de la nature, mais le plus souvent de l’Ancien Testament. On y rappelle les symboles, les emblèmes, les prophéties ayant quelque rapport avec la sainte Vierge. On y exalte ses grandeurs incomparables, ses privilèges et spécialement ceux de sa virginité immaculée et de sa maternité divine. On y énumère ses titres glorieux et les bienfaits sans nombre qu’elle ne cesse de répandre sur les hommes. » A. Mallon, Les théotokies ou office de la sainte Vierge dans le rite copte, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1904, t. ix, p. 17-31. La théotokie est en général assez longue. Celle du dimanche ne compte pas moins de 157 strophes de 4 vers. Cet office mariai fut d’abord composé pour le mois de Khiak ou de décembre, le mois de Marie des Coptes, comme préparation à la fête de Noël. L’office des théotokies est de nos jours fort négligé. On ne le récite plus guère que chaque samedi du mois de Khiak, mais alors dans son entier, c’est-à-dire avec ses sept parties, un volume de plus de 400 pages. Il y faut toute la nuit. En certains endroits, on ne le chante qu’une fois l’an, à la nuit de Noël, comme préparation à la messe solennelle.