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MONOPHYSITE (EGLISE COPTE ;. USAGES PARTICULIERS

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Dans l’intervalle, elle ne peut être admise à la communion. Cf. Vansleb, op. cit., p. 81-83, 207.

3. Usages relatifs à l’eucharistie.

Pendant longtemps

l’Église copte se glorifia de pratiquer la communion fréquente. Quiconque assistait à la messe communiait. Michel de Damielte, au XIIe siècle, comptait cette pratique parmi celles qui distinguaient les Coptes des autres Églises orthodoxes ou hérétiques. D’après Pierre de Malîg, les melkites leur reprochaient de manquer par là de respect au Saint-Sacrement, et ils n’avaient pas tout à fait tort, puisqu’à cette époque, l’abandon de la confession sacramentelle était devenu général. De là l’essai de réforme de Marc Ibn al-Kanbar appuyé par Michel le Syrien. L’évêque de Damiette pouvait alléguer en faveur de sa thèse plusieurs anciens canons : 8e et 9e des apôtres, 2e d’Antioche (341), 28e d’Hippolyte, 97e de saint Basile ; mais il oubliait la préparation nécessaire. De nos jours, cela a bien changé. Aux messes ordinaires, il n’y a guère à s’approcher des saints mystères que des enfants. Butler, The ancient coplic Churches of Egypt, t. ii, p. 291, Oxford, 1884. Ce n’est qu’en carême, et à quelques grandes fêtes que les communiants sont plus nombreux.

Celui qui communie doit être à jeun depuis la veille, éviter pendant la journée tout contact avec les infidèles, Juifs ou musulmans, ne pas cracher par terre, ne pas fumer, ne faire aucune prostration ou métanie ce jour-là pour marquer que le jour de la communion est un jour de triomphe et d’allégresse, et non d’humiliation et de tristesse.

Le corban ou pain d’autel est divisé en douze petits carrés, plus un carré plus grand au milieu. Chacun d’eux est marqué d’une croix. Les douze croix et carrés représentent les douze apôtres ; la croix et le carré du milieu représentent Notre-Seigneur. C’est V Izbodicon ( = tô Szgtzo-ixÔv). Sur les bords du corban sont gravées ordinairement en lettres coptes ces paroles : (xyioç àyioç àyioç Kûptoç.

4. Sur les clercs.

Les prêtres ne peuvent se marier

après l’ordination ni convoler en secondes noces : deux choses que l’on permet aux simples diacres. Ceux-ci sont parfois ordonnés fort jeunes : abus que les melkites, d’après Pierre de Malîg, reprochaient aux coptes. L’excuse de ces derniers se trouve sans doute dans le fait qu’ils ne célèbrent jamais la messe sans diacre : d’où la nécessité de pourvoir avant tout aux besoins du culte. D’après le droit, il ne doit pas y avoir régulièrement plus de sept diacres pour une même église.

Une prescription de l’ancien droit ecclésiastique, à laquelle les coptes sont restes plus fidèles que les autres Églises, est la défense de transférer les évêques d’un siège à un autre Rares ont été les exceptions à cette règle. Cela vient sans doute de ce que, dans l’Église copte, il n’y a pas eu de métropolitain proprement dit, les évêques étant tous égaux entre eux au point de vue de la juridiction et la préséance étant déterminée par la date de l’ordination. Seuls les évêques du Nord, c’est-à-dire de la Basse-Egypte, ont eu le pas sur les évêques du Sud d’après un accord intervenu le 28 juin 1240, entre le patriarche Cyrille Ibn Laqlaq et dix évêques. Le texte de cet accord a été publié récemment par G. Graf, Die Ran.gordnu.ng der Bischôje Aegyptens nach einem protokollarischen Bericht des Patriarchen Kyrillos Ibn Laklak, dans V Orient christianus, III* série, t. n (1927), p. 299-337, La préséance du Nord sur le Sud est basée, d’à pics ces documents, sur les raisons suivantes : a) la tradition manifestée par le fait que c’est toujours un évêque du Nord qui a ordonné le patriarche, et que dans

les actes synodaux les évêques de la Basse-Egypte signent avant ceux de la Haute-Egypte J /M Notre Seigneur, lors de sa venue en Egypte séjourna d’abord dans le Nord, et se rendit ensuite dans le Sud : c) (Test à Alexandrie que saint Marc a prêché d’abord l’Évangile ; d) C’est dans le Nord que se trouve le désert de Scété et le monastère de Saint-Macaire, où le mijron est consacré et où le patriarche est proclamé avant son intronisation au Caire. Cette dernière raison n’aurait plus de valeur de nos jours.

5. Sur le mariage.

Nous n’avons pas à signaler ici les divers empêchements de mariage reconnus par le droit de l’Église copte. Vansleb, op. cit., p. 100-105, en donne un court résumé. Un point distinctif de cette législation est qu’elle permet le mariage entre cousins germains. Le droit canon nestoiien fait de même. Pour justifier cette pratique, les canonistes coptes disent qu’elle n’est interdite ni par les canons des apôtres, ni par ceux de Nicée, ni par la plupart des canons impériaux. Ils apportent l’exemple de saint Démétrius, le 12e patriarche, qui était marié avec sa cousine germaine, avec laquelle, du reste, il vécut comme un frère.

Ajoutons qu’autrefois le calice de soupçon était chez eux un usage reconnu par l’Église. Vansleb, op. cit., décrit la curieuse cérémonie.

6. Les jeûnes.

Les canonistes coptes distinguent deux sortes de jeûnes : a) les jeûnes communs à tous les chrétiens (c’est-à-dire qui devraient être communs, d’après eux, à tous les chrétiens) ; b) les jeûnes particuliers à l’Église copte.

Les jeûnes communs à tous les chrétiens sont au nombre de trois : le carême, le jeûne de la semaine du crucifiement (= la Semaine sainte), le jeûne du mercredi et du vendredi de chaque semaine. Primitivement le carême commençait le lendemain de l’Epiphanie et durait quarante jours de suite. Le jeûne de la Semaine sainte se trouvait alors séparé du carême proprement dit. On a ensuite uni les deux jeûnes de manière à ce que le carême finisse au dimanche des Rameaux. Comme le jeûne est rompu le samedi et le dimanche de chaque semaine, le carême commence le lundi de la huitième semaine avant le dimanche des Rameaux. Durant ce temps, on ne doit manger aucune viande d’animal à sang, ne boire ni vin ni liqueur, vivre dans la continence. Baptêmes, obsèques à l’intérieur de l’église, ordinations, banquets sont interdits. On jeûne jusqu’à none, d’après Abou’l Barakàt ; tant que le soleil monte, d’après Ibn Sabà, op. cit., p. 680. Le jeûne de la Semaine sainte commence le dimanche des Rameaux et se termine avec la messe de Pâques. Il est le plus rigoureux de tous soit pour la qualité des aliments (pain et sel seulement, d’après le 22° canon d’Hippolyte), soit pour l’heure de l’unique repas (= quand les étoiles paraissent). Le jeûne du mercredi et du vendredi, analogue à celui du carême, dure toute l’année, excepté de Pâques à la Pentecôte et aux fêtes de Noël et de l’Epiphanie, quand elles tombent en ces deux jours.

Les jeûnes particuliers à l’Église copte sont : a) Le jeûne d’Héraclius, qui dure une semaine, celle qui précède le carême. Son institution se rattache, d’après les Coptes, à la campagne d’Héraclius contre le Perses et au serment qu’il avait fait aux.luifs de Jérusalem de ne pas les faire massacrer. Les habitants de Jérusalem lui demandèrent de violer ce serment en lui disant : « Pour le serment, nous et les chrétiens de tous les climats nous jeûnerons pour toi une semaine

chaque année jusqu’à la fin des temps. > Abou’l Barakàt, La lampe des ténèbres, c. wm.cité par Yillecourt. Les observances liturgiques et la discipline du jeûne dans l’Église copte, dans le Muséon, 1925, t. xxxviii, p. 262, Depuis le xiv » siècle au moins, ce jeûne a été Incorporé au grand carême, dont il constitue la