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MONOPHYSITE (EGLISE COPTE), CROYANCES


Saint-Esprit est la procession de la substance du Père », ibid., p. 582. Jean Ibn Sabâ emploie les formules suivantes : « La personne du Père existe par elle-même, parle par le Fils et vit par le Saint-Esprit. Le Fils existe par le Père, parle par lui-même et vit par le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit existe par le Père, parle par le Fils, vit par lui-même — L’Esprit-Saint, vie du Père et du Fils, procède du Père — Qui procède du Père, c’est-à-dire : qui procède du Père pour aller au Fils sans quitter ni le Père ni le Fils. » La perle précieuse, loc. cit., p. 598, 716, 721. Il est bien difficile de tirer de ces formules quelque chose de clair pour déterminer la relation existant entre le Fils et le Saint-Esprit. Un écho de la doctrine traditionnelle se rencontre pourtant dans le 19e canon d’Hippolyte, § 11, où la question suivante est posée au catéchumène avant le baptême : Crois-tu au Saint-Esprit Paraclet, qui émane, sort du Père et du Fils ? Riedel, op. cit., p. 212. Au Moyen Age, plusieurs théologiens coptes ont blâmé chez les latins l’addition du Filioque au symbole, et paru condamner la doctrine qu’elle exprime. Ce blâme se trouve déjà chez Sévère d’Aschmounaïn, à la fin du xe siècle. Cf. Renaudot, Coll. liturg., édit. de 1847, t. i, p. 198-199.

L’ange et l’homme.

 Les théologiens coptes se

donnent beaucoup de liberté sur le nombre des chœurs angéliques. Bien qu’ils acceptent communément la hiérarchie de l’Aréopagite, il leur arrive de réduire les chœurs à sept ou de les porter à quatre-vingt-dix-neuf. C’est ainsi que Sévère d’Aschmounaïn, dans son Traité de l’incarnation, après avoir parlé des neuf chœurs, déclare plus loin que Dieu créa cent ordres angéliques dont Sabataniel était le chef. Sabataniel s’étant révolté, il fut précipité dans le tartare avec ceux qui l’imitèrent, et on l’appela désormais Sataniel. Il ne resta que 99 ordres angéliques représentés par les 99 brebis dociles de la parabole. Renaudot, op. cit., t. i, p. 277-278.

Les coptes, outre les trois archanges honorés des Latins, en connaissent un quatrième nommé Suriel, qui accompagna Adam et Eve à leur sortie du paradis. Ils célèbrent également les quatre animaux incorporels dont il est fait mention dans l’Apocalypse, et qu’ils identifient avec des anges d’un ordre supérieur. Ils invoquent les vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse. Leur euchologe contient une prière qui leur est adressée et dans laquelle ils sont appelés des saints incorporels, les prêtres de la vérité, se tenant tout près de Dieu devant son trône pour le louer incessamment. Cf. Renaudot, op. cit., t. i, p. 277-279 ; L. Delaporte, Quelques textes coptes de la Bibliothèque nationale sur les xxiv vieillards de l’Apocalypse, dans la Revue de l’Orient chrétien, 1913, t. xviii, p. 411-416.

Ibn Sabâ explique ainsi la chute du prince des démons : « Le diable (Iblis), chef des milices célestes et de tous les anges, voyant monter vers lui toutes les louanges afin qu’il les offrît à son créateur, s’imagina qu’il était quelque chose et que ces louanges s’adressaient à sa propre personne. Dans cette croyance, il cessa de les présenter à son créateur et s’attribua la divinité. Mais, sur-le-champ, Dieu le Très-Haut le précipita du siège de sa splendeur pour le jeter au plus profond des abîmes. » La perle précieuse, loc. cit, p. 601-602.

Le dogme du péché originel est affirmé clairement par les théologiens coptes. Sévère d’Aschmounaïn enseigne que notre père Adam causa par son péché sa propre perte et celle de sa postérité, en sorte que srs descendants étaient esclaves du péché. Jésus-Christ est venu pour solder la dette d’Adam à la justice divine. Histoire des conciles, P. 0., t. vi, p. 542-544, 556. Le baptême est la résurrection de ceux qui étaient morts, car nous étions tous morts à cause du

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

péché de notre père Adam. Mais nous avons été vivifiés par le Christ ; nous sommes sortis vivants du tombeau du péché et nous avons vécu d’une vie nouvelle. Ibid., p. 586. D’après Ibn Sabâ, l’âme morte par le péché, héritage d’Adam, est affranchie par le baptême de la mort spirituelle et vit par la grâce du Saint-Esprit, qui vivifia le Christ. La perle précieuse, c. xxx, P. O., t. xvi, p. 670. D’après le même, le baptême est nécessaire même aux petits enfants pour entrer dans le royaume des cieux. C’est pourquoi on a renoncé, en Egypte, à la pratique ancienne de n’administrer le baptême qu’une seule fois l’an, le vendredi de la sixième semaine du jeûne, de peur qu’une mort inopinée ne privât les enfants du royaume divin. Ibid., p. 672. D’ailleurs, d’après Ibn Sabâ, personne, pas même l’enfant d’un jour, n’est exempt de péché personnel, et voici comment il le prouve : « Quand il naît, l’enfant pleure, n’étant pas satisfait de ce que Dieu a fait pour lui, affligé d’avoir perdu le séjour habituel où il résidait. Tel est, dit-il, le péché de l’enfant âgé d’un jour ou d’une heure sur la terre. » Ibid., c. xxxiii, p. 698.

Le mystère de l’incarnation.

A l’article Monophysisme.

coI. 2232 sq., il a été dit que l’Église copte, comme les autres Églises monophysites, enseignait non le monophysisme eutychien, mais le monophysisme sévérien. Nous n’avons pas à recommencer ici la démonstration de ce point. Faisons seulement remarquer que certains théologiens coptes emploient parfois des expressions sentant fort l’eutychianisme. Abou’l Barakât, par exemple, écrit ceci : « Nous, communauté des jacobites, nous disons que la substance du Verbe s’est unie à la substance humaine prise de la vierge Marie et qu’elles sont devenues toutes deux une substance (= ÔTûécru-aaiç) unique, une volonté unique, une personne unique, qui est le Dieu adoré et le Christ né. » Lampe des ténèbres, c. i, p. 660. Mais le même, en d’autres endroits du même ouvrage, écarte tout soupçon d’eutychianisme en affirmant que le Verbe est resté sans changement dans l’union hypostatique. Il ajoute : « Nous attribuons au Seigneur-Christ la divinité de préférence à l’humanité, quoique l’attribution qui lui est faite de celle-ci soit véritable, l’humanité étant une de ses deux parties. » Ibid., p. 650. Il déclare que nestoriens, jacobites et melkites sont d’accord pour rejeter le théopaschitisme, pour affirmer « que, dans le Christ né de Marie, ce qui naquit c’est seulement l’humanité, non la divinité qui lui était unie ; que la personne du Fils ne fut pas passible du tout, ni affectée, ni changée en quoi que ce soit : que ! e Christ a été crucifié, enseveli, a souffert dans le crucifiement, est ressuscité et est monté au ciel, mais que ce n’est pas le moins du monde la divinité qui a souffert et a été assujettie à la mort. » Ibid., p. 659-660. De même son monénergisme et son monothélisme sont purement verbaux, non réels : « Du moment, dit-il, que les opérations divines et humaines du Christ se correspondent toutes, et que les deux opérations correspondantes se rencontrent en une fois et sont l’œuvre simultanée d’un même agent, il ne nous est pas permis de le diviser, ni de lui appliquer le terme « dualité ». Ibid., p. 669-670. Il reconnaît que la comparaison de l’union de l’âme et du corps dans l’homme pour expliquer l’union hypostatique n’est pas adéquate, muis une simple analogie, le mystère de l’union du Christ dépassant et surpassant toute intelligence créée, étant un phénomène unique dans l’histoire. Ibid., p. 647-648.

Les théologiens coptes ne connaissent qu’un seul motif de l’incarnation : le salut des hommes. « Le Christ n’est venu que pour sauver les hommes des mains de l’ennemi », dit Sévère d’Aschmounaïn, Histoire des conciles, loc. cit., p. 549. Ibn Sabâ

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