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MONOPHYSITE (EGLISE COPTE), CROYANCES


IV. Dogme et croyances. — L’Église copte monophysite a vécu jusqu’au xixe siècle dans un isolement à peu près complet, non seulement de l’Occident mais aussi de l’Orient byzantin. Aussi sa théologie est-elle restée à l’état rudimentaire. Passé le vie siècle, les controverses doctrinales ont cessé, ou ù peu près, dans son sein.Sil’on excepte celle qui, sur la fin du xir siècle, éclata entre Michel de Damiette et le prêtre.Marc al-Kanbar à propos de la nécessité de la confession sacramentelle, l’histoire des doctrines n’a pas grand’chose à glaner dans cette Église. Bien qu’héritière en principe de la tradition des premiers siècles jusqu’au concile de Chalcédoine, celle-ci a peu puisé dans ce trésor. Sa dogmatique se borne presque uniquement aux articles du symbole de Nicée-Constantinople et aux formules parfois maladroitement présentées et expliquées des premiers théologiens monophysites. Comme nous l’avons déjà dit, les Égyptiens sont peu portés à la spéculation. Par contre, il n’est pas rare de les voir introduire dans leurs écrits des explications enfantines, où paraît un merveilleux invraisemblable : et ils excellent dans les interprétations symboliques des usages disciplinaires et liturgiques, qui parfois ne manquent pas de saveur. Interrogeons-les sur les principaux articles de la foi.

Les sources de la Révélation.

Gomme les

autres Églises monophysites, l’Église copte admet une double source de la Révélation, à savoir l’Écriture inspirée de Dieu et la tradition.

Le canon scripturaire de l’Église copte correspond au canon catholique, sauf pour le nombre des livres des Machabées : les coptes en admettent trois au lieu de deux. Tel est du moins le canon relaté par Abou’l Barakât au chapitre vi de la Lampe des ténèbres encore inédit. Il faut remarquer que cet auteur compte pour un livre spécial la fin du livre des Proverbes à partir du chapitre xxx inclusivement (= Verba Congregantis filii Yomentis, dans la Vulgate). A un endroit, il intitule ce livre : Agùr, fils de Jaké ; à un autre endroit : Le jugement des Juges (Sufât HaSSaflîm). Le dernier des canons apostoliques dans les collections coptes et copto-arabes, dont il existe plusieurs recensions différentes, donne une liste divergente pour le Nouveau Testament. A ce dernier, plusieurs de ces recensions ajoutent les deux épîtres de Clément et les huit livres du même, c’est-à-dire les Constitutions apostoliques. Cf. I. Guidi, Il canone biblico délia Chiesa copta, dans la Revue biblique, t. x (1901), p. 161-174. C’est vraisemblablement sous l’influence des canons de Carthage reçus par l’Église copte, et non, comme le dit Guidi, sous une influence melkite, que l’Église copte a fini par s’en tenir au canon catholique exprimé dans la collection africaine et a délaissé le catalogue pseudo-apostolique.

D’ailleurs, on ne trouve point chez elle de critère précis de canonicité pas plus que de théorie de l’inspiration. Aucun concile œcuménique n’a fixé d’une manière définitive la liste des livres inspirés.

Les Coptes admettent l’infaillibilité du magistère de l’Eglise se manifestant par la voix du concile œcuménique ; mais ils en arrêtent pratiquement l’exercice au concile d’Lphèse, troisième œcuménique. Chose curieuse, ils ne rangent point explicitement parmi les œcuméniques le second concile d’Éphèse (449), dit Brigandage d’Éphèse, que présida Dioscore. Ils rejet 1er. t le concile de Chalcédoine et le tome de saint Léon comme entaché8 de nestorianisme. D’après leurs historiens et leurs théologiens, à Chalcédoine, Dioscore fut le seul défenseur de l’orthodoxie. Cela revient à dire que le patriarche d’Alexandrie seul était infaillible. Il est CUlieUX de constater qlie les théologiens coptes postérieurs ont reconnu l’orthodoxie des formules ehalcédoniennes, mais ils ont supposé la mauvaise foi

chez les Pères du concile et chez saint Léon : Ceux-ci ont parlé d’une manière orthodoxe sans croire à ce qu’exprimaient leurs formules, pour dissimuler leur nestorianisme foncier. Dans son Histoire des conciles, Sévère d’Asehmounaïn écrit : « Léon et ses partisans étaient favorables à Nestorius et à ses sectateurs, mais la crainte les a empêchés de manifester le fond de leur pensée. Ils usèrent d’artilice en employant une autre terminologie que Nestorius ; mais ils prirent sa défense et eurent pour lui toutes sortes d’égards, tandis qu’ils faisaient de l’opposition aux partisans de la vraie doctrine, la repoussaient et faisaient de l’opposition à son défenseur (= Dioscore). » Histoire des conciles de Sévère Ibn al-Moqafja, édit. et trad. L. Leroy, dans la Patrologia orientulis, t. vi, p. 564. Le même, dans sa Réfutation d’Eutychius, édit. P. Chebli, P. O., t. iii, p. 181, dit dans le même sens « Ceux qui acceptèrent la foi de Chalcédoine promulguèrent que le Christ Notre-Seigneur est Dieu et homme en deux natures distinctes, et pour expliquer l’union ils ajoutèrent : « en une seule personne », faisant celle addition de bouche sans y croire. « 

La tradition de l’Église s’exprime pour les Coptes : 1° Dans le Symbole de Nicée-Constantinople, qu’ils attribuent au second concile œcuménique, et qu’ils récitent à la messe. Plusieurs théologiens en ont donné une explication succincte, notamment Sévère d’Aschmounaïn, Histoire des conciles, loc. cit., p. 523 sq., Abou’l Barakât, La lampe des ténèbres, c. ii, édit. et trad. Villecourt-Tisserant, dans P. O., t. xx, p. 696-711 ; Jean Ibn Sabâ, La perle précieuse, c. xxxiv, édit ettrad.Périer, P. 0., t. xvi, p. 710 sq. — 2° Dans les Trois premiers conciles œcuméniques. Au concile de Nicée, les collections canoniques coptoarabes attribuent, outre le symbole et les 20 canons authentiques, cinq autres séries de canons : a) une première série de 20 canons fort divergente des canons authentiques ; b) 30 autres canons ; c) les 84 canons orientaux (= les canons arabes de Nicée) ; d) une autre série de 73 canons ; e) 33 canons sur les monastères et les moines. Cf. W. Riedel, Die Kirchenrechtsquellen des Patriarchats Alexandrien, Leipzig, 1900, p. 178-180 ; cf. p. 36-39. Du second concile œcuménique les mêmes collections ne comptent que 4 canons ; mais ces 4 canons correspondent au contenu des 6, ou même des 7 canons des collections grecques. Au même concile sont attribués 23 anathématismes dogmatiques fort intéressants, ceux-là même que Théodoret, H. E., V, xi, attribue au synode romain de 379. Riedel, ibid., 95-97, 180-183, 303-310, est d’avis que ces anathématismes constituent le T6[xoç du second concile, que les historiens considèrent généralement comme perdu. Du concile d’Éphèse les collections arabes ne connaissent qu’un canon, le 7e des collections grecques. — 3° Dans les Canons des six conciles particuliers qui ont précédé le concile d’Ephèse à savoir : 24 canons du synode d’Aneyrc : 14 ou 15 canons du synode de Néocésaréc. que la plupart des collections arabes attribuent à un synode de Carthage ; 20 canons du synode de Gangres ; 25 canons du synode d’Antioche (311) ; 59 canons du synode de Laodicéc, qui dans certaines collections sont unis aux canons d’Antioche, ce qui leur donne un total de 84 canons du synode d’Antioche ; 21 canons du concile de Sardique. — 1° Dans les canons des sept synodes de Carthage au nombre de 123 ; cette collection copte est une recension du Codex cunoiuim Ecclesiæ africanæ fort divergente de la collection latine et

(le la collection grecque.- 5° Dans une série de documents apocryphes mis sous le nom (les Apôtres : a) la Didascalie des Apôtres en : > ! > chapitres ; b) les Constitutions de Clément ou 30 canons ecclésiastiques des Apôtres, recueil dénommé Constitution apostolique