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MONOPIIYSITE (ÉGLISE COPTE), ORGANISATION


que d’Abyssinie, qui, comme on sait, est toujours un copte consacré par le patriarche d’Alexandrie, paraît avoir eu des évêques auxiliaires ou des suffragants proprement dits. Cela peut se déduire de la demande que firent les Éthiopiens à leur métropolitain d’ordonner plus de sept évêques, sous le patriarcat de Gabriel Ibn Tarik (1131-1145). Le métropolitain refusa, parce que c’était contre la coutume. On peut soupçonner que le but secret des Éthiopiens était d’arriver à avoir une hiérarchie d’au moins douze évêques, nombre requis d’après le droit canonique copte pour élire et ordonner un patriarche. Ils auraient pu ainsi secouer la tutelle d’Alexandrie et se donner un patriarche de leur nation. Cf. Renaudot, De patriarcha Alexandrino, dans l’ouvrage : Lilurgiarum orienlalium collectio, édit. de Francfort-surle-Mein, 1847, t. i, p. 418.

L’étendue de la juridiction du patriarche se trouve indiquée par les titres qu’il se donne, ou qu’on lui donne dans les documents officiels. En tête des lettres dites systaiiques (en arabe Taklid), c’est-à-dire lettres d’ordination, rédigées en grec, en copte et en arabe, le patriarche est appelé : Père très saint, archevêque de la grande ville d’Alexandrie et de Babylone-Fostdt, des nomes d’Egypte, de la Th’baïde, de la Penlapole africaine, de l’Ethiopie, d’Axoum, de la Nubie, de Macouris et de la région supérieure. I ! n’est pas facile de dire à quoi correspondent les deux derniers noms. Le reste est connu. Babylone-Fostât est le Vieux-Caire, que les Arabes appelaient Mesr ou Misr. A partir du xie siècle, en effet, les patriarches coptes prirent l’habitude de résider au Caire, capitale politique de l’Egypte musulmane. Ils essayèrent même, tel Mæaire 69e patriarche (1101 1127), d’abolir l’évêché du Caire, dans la crainte que le titulaire, par la faveur du pouvoir séculier, n arrivât à les supplanter ; mais, devant les résistances qu’ils rencontrèrent, ils se contentèrent de joindre à leur titre d’Alexandrie celui d’archevêque de Fostàt ou du Caire, pour attester leur juridiction sur l’évêbue local. Cf. Renaudot. ibid, p. 351-352. Dans les lettres signées de son nom, le patriarche s’intitule habituellement : Archevêque de la grande ville d’Alexandrie, du Caire et de toute l’Egypte, de l’Afrique, de la Penlapole, de la Lybie, de l’Ethiopie et de la Nubie. De nos jours, il supprime dans ce titre le Caire et l’Afrique, mais termine par les mots : et de tout le pays évangélisé par saint Marcha mention de l’Afrique est assez curieuse. Jamais les patriarches d’Alexandrie n’ont exercé de juridiction sur l’Afrique du Nord. Il faut sans doute entendre par là, comme le suggère Renaudot. ibid., p. 115, la région que les Arabes appellent Afrikiet par opposition au Mogreb. Au demeurant, bien rares furent les actes de juridiction des patriarches coptes sur leur territoire occidental, à partir de In conquête arabe, par manque de fidèles. Au dire de Vansleb, Histoire de l’Église d’Alexandrie, Paris, 1077. les Coptes réclamaient la juridiction non seulement sur le Sinal et la Palestine, prétention mentionnée par d’autres sources, mais aussi sur l’île de Chypre, peut-être à cause de Jean-Marc, compagnon de saint Paul, lors de sa première mission.

Le nombre des diocèses coptes a beaucoup varié à travers les siècles. Les listes les plus anciennes en énumèrent plus de cent pour la seule Egypte, Libye non comprise. Cf. Amélineau, L</ géographie de l’Egypte ii l’époque copte, Paris, 1893, p 571-577. Plusieurs n’avaient qu’un territoire Insignifiant. Ce nombre est allé en diminuant à mesure que se sont raréfiés les fidèles, Au xviie siècle, Vansleb parle de 17 évêques leulement, en dehors du métropolitain d’Abyssinie, Au Mon en Age, dans les réunions synodales pour l’élection du patriarche, les évêques présents sont une

quarantaine au maximum. Renaudot, op. cit., p. 386. Au xiie siècle, cependant, on comptait encore soixante diocèses, tandis que dans la première moitié du xiv « , d’après le Livre du chrême, qui donne la liste des évêques qui prirent part à la consécration du chrême aux années 1305, 1320, 1330, 1342 et 1346, il n’en restait plus que 41, plus les deux métropoles de Damiette et de Jérusalem. Cf. L. Villecourt, Un manuscrit arabe sur le saint chrême dans l’Église copte, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, 1921, t. xvii, p. 505-509.

De nos jours, l’Église copte proprement dite est divisée en quinze diocèses, dont treize dans l’Egypte proprement dite, un dans le Soudan, à Khartoum, un autre à Jérusalem, dont le titulaire réside le plus souvent à Jaffa. Voici la liste des diocèses égyptiens : Le Caire, administré par le patriarche : 23 églises, une quarantaine de prêtres ; Alexandrie et les provinces de Bohaireh et Ménoufieh : l’évêque, qui réside à Alexandrie, porte le titre de métropolite : 48 églises, 60 prêtres ; la métrcpole de Dakalieh, Charkieh et Garbieh : 70 églises, une centaine de prêtres ; Ghizeh et Fayoum : 25 églises, 40 prêtres ; Béni-Souef : 24 églises, 70 prêtres ; Minieh : 40 églises, 90 prêtres ; Sanabou : 32 églises, 65 prêtres ; Manfalout : 28 églises, 55 prêtres ; métropole d’Assiout : 25 églises, 70 prêtres ; métropole d’Aboutig : 45 églises, 105 prêtres ; métropole d’Akhmin et Girgeh : 50 églises, 100 prêtres ; Kéneh : 24 églises, 48 prêtres ; métropole de Louqsor et Esneb : 24 églises, 48 prêtres. Le diocèse de Khartoum fut fondé en 1835. L’évêque de Jérusalem porte le titre de métropolite. Comme nous l’avons déjà dit, ce titre est purement honorifique. Le métropolite d’Abyssinie ne dépend du patriarche que pour l’ordination. Une fois intronisé dans son immense diocèse, il est absolument indépendant dans son administration. Le seul lien de sujétion qui continue à le rattacher au patriarche est la réception du chrême, que le patriarche consacre le Jeudi saint. Depuis 1897, les abbés des quatres grands monastères de Moharrak (province d’Assiout), de Saint-Antoine, de Saint-Paul (dans le désert d’Arabie) et de Baramous (désert de Nitrie) sont élevés à la dignité épiscopale, ce qui donne à l’Église copte proprement dite, comme haut clergé, un patriarche et dix-huit évêques.

Le patriarche a été dans le passé à la fois le chef religieux et civil des chrétiens monophysites d’Egypte. Le droit ecclésiastique copte détermine jusque dans les moindres détails les qualités qu’il doit posséder, les conditions qu’il doit remplir. D’après le canoniste Ibn al Assal, ces conditions sont au nombre de treize. Le candidat au patriarcat doit : 1° être de naissance légitime et de parents libres ; 2° être issu d’un premier mariage au moins du côté de la mère ; 3° jouir de l’intégrité de ses membres et d’une bonne santé ;

1° être âgé de 50 ans, condition qui a été généralement observée ; on signale cependant que le patriarche Gabriel Ibn Tarik n’avait que 17 ans au moment de son éjection ; 5° être célibataire, ou tout au moins avoir gardé la virginité dans le mariage ; 6° connaître

a langue du peuple, bien qu’il puisse être originaire d’un autre pays que l’Egypte ; quelques patriarches ont été d’origine syrienne ; 7° avoir la science compétente et connaître au moins l’arabe et le copte. Remarquons, à ce propos, que les patriarches coptes n’ont jamais brillé par leur science ; on en a vu de fort ignorants, et nous avons donné plus haut le nom d’un Illettré ; 8° avoir embrassé la vie monastique des sa jeunesse. Cette condition n’a pas toujours été exigée. Quand l’élu n’était pas moine, on le consacrait kommos, c’est-à-dire higoumène, avant son ordination épiscopale. Il était, par le fait même, agrégé.i li vie monastique et en contractait les obligations. Chez