Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/479

Cette page n’a pas encore été corrigée
2251
2252
MONOPHYSISME — MONOPHYSITE (ÉGLISE COPTE)


ches d’Alexandrie depuis la mort de l’empereur Anastase jusqu’à la réconciliation des Églises jacobites (518-616), Paris, 1923. L’auteur est malheureusement peu familiarisé avec la théologie catholique, et ce qu’il dit des doctrines est parfois sujet à caution. Les notes ajoutées par A. Fortescue corrigent heureusement certains passages. Sur le trithéisme de Jean Philopon et de Jean Asquçnagès, la meilleure étude est celle de J. M. Schônfelder donnée en appendice à sa traduction de l’Histoire ecclésiastique de Jean d’Éphèse, Die Kirchengeschichte des Johannes von Ephesus, Munich, 1802, p. 267-311. Cette étude est à compléter par les renseignements fournis par Michel le Syrien dans sa Chronique, éd. Chabot, t. ii, p. 92-121, qui résume l’ouvrage de Jean Philopon contre le concile de Chalcédoine.

M. Jugiiî.

    1. MONOPHYSITE (ÉGLISE COPTE)##


MONOPHYSITE (ÉGLISE COPTE). —

I. Origine de l’Église copte monophysite et bref aperçu de son histoire. II. Organisation ecclésiastique et état présent (col. 2258). III. Littérature théologique (col. 2265). IV. Dogme et croyances (col. 2271). V. Discipline et coutumes (col. 2292). VI. Vie liturgique. Rituel (col. 2298).

I. Origine de l’Église copte monophysite et bref aperçu de son histoire. — On distingue de nos jours l’Église copte monophysite et l’Église copte catholique. Mais cette distinction est récente. L’appellation d’Église copte tout court a désigné, à partir de la conquête de l’Egypte par les Arabes (639-G41), l’Église monophysite d’Egypte par opposition au groupe catholique qui s’est maintenu dans le pays, après le concile de Chalcédoine, spécialement à Alexandrie, groupe auquel les monophysites, et à leur suite les Arabes conquérants, ont donné le surnom d’Église melkite, c’est-à-dire d’Église impériale. Ce surnom a été, comme on sait, généralement appliqué à tous les partisans du concile de Chalcédoine par les monophysites, qui se décernaient à eux-mêmes le titre d’orthodoxes.

Le mot copie ou cophte, que certains ont voulu tirer de la ville de Coptos dans la Thébaïde, d’autres, du verbe grec xÔ7tteiv, couper, par allusion à la circoncision, en usage parmi les chrétiens d’Egypte, n’est en réalité que le mot grec Aiyû^rioç, transformé par les Arabes en Qibt ou Qoubt et devenu copie dans la bouche des Européens ; Copte est donc synonyme d’Égyptien. L’Église copte, c’est l’Église égyptienne, devenue Église autonome et nationale et schismatique par rapport à la catholicité, après le concile de Chalcédoine. Comme la plupart des Églises schismatiques, elle porte le nom du pays où elle s’est constituée et des limites duquel elle n’est pas sortie. On dit l’Église copte comme on dit l’Église gréco-russe, l’Église anglicane, l’Église arménienne, etc.

On peut diviser l’histoire de l’Église copte en quatre périodes d’inégale longueur, correspondant aux périodes de l’histoire politique de l’Egypte : 1° La période byzantine (451-641) ; 2° La période de la domination arabe (641-1517) ; 3° La période de la domination turque (1517-1798) ; 4° la période égyptienne (1798 à nos jours).

1° La période byzantine (451-641). — C’est la période de formation, période de luttes incessantes, de persécutions Intermittentes de la part du pouvoir impérial, de divisions intestines inouïes, dont l’histoire est extrêmement compliquée et intimement mêlée à l’histoire de l’Église d’Orient, impossible d’entrer ici dans les détails « le cette histoire. Rappelons-en seulement les grandes lignes. El disons

d’abord un mot « les causes du schisme égyptien.

C’esl un phénomène curieux au premier abord que la facilité avec laquelle la grande niasse des chrétiens

d’Egypte, clergé et moines en tête, repoussèrent le concile de Chalcédoine et se jetèrent dans le schisme monophysite.

L’historien attentif n’a pas de peine à en découvrir les causes profondes. On peut les ramener à quatre : 1. Le sentiment national et la haine du Grec étranger ; 2. L’omnipotence spirituelle du patriarche d’Alexandrie, et ses ressources matérielles considérables, qui en faisaient une puissance même dans l’ordre temporel ; 3. L’ignorance du haut et du bas clergé ; 4. La prédominance de l’élément monastique, également ignorant dans son ensemble, ne jurant que par la foi de son patriarche, et jouissant d’une grande influence sur le peuple fidèle.

Les Romains purent conquérir l’Egypte par la force : ils n’arrivèrent point à assimiler les Égyptiens à leur civilisation ni à conquérir leur sympathie. En dehors d’Alexandrie, ville cosmopolite où les Grecs exercent la primauté intellectuelle, l’Egypte reste insoumise de coeur et déteste le conquérant étranger. Elle est fière de son antique civilisation, se considère comme la plus ancienne race du monde, et garde toujours un vif sentiment de sa nationalité. La langue grecque s’impose sans doute dans les milieux cultivés ; mais la masse du peuple garde son dialecte traditionnel, quitte à abandonner les vieux hiéroglyphes vraiment peu commodes pour l’alphabet hellène complété par quelques signes indigènes. Si le christianisme, religion nouvelle, recruta, dès l’origine, beaucoup de fidèles dans le pays, le vieux polythéisme s’y maintint aussi pendant longtemps — il était encore vivant en certains endroits au début du vie siècle — et son grand appui était le sentiment national. Ce sentiment n’était pas éteint dans le cœur des Égyptiens devenus chrétiens. Tout alla assez bien tant que le siège épiscopal d’Alexandrie occupa en Orient la première place ; mais, dès que le siège de Constantinople, devenue la ville impériale, y conquit la primauté de fait, le patriotisme égyptien commença à devenir un danger pour l’unité de l’Église. On conçut instinctivement de l’aversion pour tout ce qui venait du basileus byzantin, ou du hiérarque qu’il protégeait. Et comme, depuis Constantin, les empereurs prirent l’habitude de se mêler perpétuellement des questions religieuses, il était à prévoir que, du jour où leurs décrets heurteraient trop fort la susceptibilité égyptienne et ses prétentions à la prééminence, voudraient imposer par la force une formule de foi, une rupture éclatante s’en suivrait. On se jetterait dans le schisme et l’hérésie pour faire opposition à une domination politique détestée, pour n’être pas de l’avis du basileus, même en matière de foi, pour n’être pas de religion impériale, melkite.

Pour que ce nationalisme latent produisît le schisme, une condition était cependant nécessaire : il fallait que le chef de l’Église égyptienne, l’évêque d’Alexandrie, donnât le signal de la révolte. Il était, en effet, tout-puissant sur son clergé : évêques, prêtres et moines. Le premier concile de Nicée (canon 6e) lui avait reconnu juridiction sur tout le diocèse d’Egypte au civil (Egypte proprement dite, Libye et Pentapole). A la différence des autres grands sièges, cette juridiction était immédiate. Les autres évoques d’Egypte, pour nombreux qu’ils fussent, n’avaient qu’un supérieur hiérarchique : l’èvèque d’Alexandrie. Point d’organisation métropolitaine, comme ailleurs, si l’on excepte la Cyrénaïquc. La seule vraie métropole était Alexandrie tenant sous son contrôle tous les autres évêchés. Le danger que présentait cette centralisation était augmenté par le l’ait que le prélat alexandrin était une vraie puissance dans l’ordre temporel, disposant de richesses énormes : argent liquide, terrains et Immeubles donnés par les empereurs OU les particuliers. Hotte de plus de treize grands vaisseaux, qui faisait du commerce dans la Méditerranée et l’Adriatique pour