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MONETA DE CREMONE — MONOPHYSISME

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Moneta n’est pas seulement un compilateur de textes bibliques ; il raisonne dans son livre avec cette mæstria qui fit de lui, dans sa jeunesse, la gloire de l’université de Bologne. Il excelle à reprendre un texte allégué par l’adversaire, à le disséquer, à en dégager une alternative de deux contraires possibles où l’adversaire est bien obligé de choisir, dans l’un et l’autre cas, contre sa thèse. Moneta présente même quelque intérêt pour l’histoire de la philosophie chrétienne. Ainsi il développe, sur l’éternité du monde et les conditions de sa création par Dieu, un véritable traité, p. 477-506, où il tient compte très philosophiquement de l’opinion d’Aristote, où il pèse la valeur des arguments du philosophe grec, hasarde des conjectures sur la portée que celui-ci pouvait donner dans son esprit à de telles sortes de preuves et montre comment, en une telle matière, le théologien chrétien doit avoir le pas sur le philosophe païen. Il y a même dans le cinquième livre de la Somme de Moneta toute l’amorce d’une théologie de l’Église suggérée par les négations vaudoises et albigeoises, et qu’il serait intéressant d’étudier. Sur l’état des mœurs ecclésiastiques de son temps, Moneta peut encore fournir quelques renseignements, p. 434, 436.

Broeckx, Le catharisme, 1916 ; Quétif-Echard, Scriptores Ordinis prædicatorum, t. i, p. 123 ; Hurter, Nomenclator, 3’édit., t. ii, col. 267 ; Mortier, Histoire des maîtres généraux de l’Ordre des Frères prêcheurs, 1. 1, p. 99, 132, 159, 179, 201, 202 ; Préface de l’édition Racchini ; Willanueva, Viaje lilerario, t. xxi, p. 206.

M.-M. Gorce.

MONIGLIA ou MONELIA Thomas-Vin cent, Frère prêcheur italien (1686-1767). — Né à Florence le 18 août 1686, de l’illustre famille des Monelia, il fit ses premières études à Pise, où professait son oncle, célèbre médecin ; entré à seize ans dans l’ordre de saint Dominique au couvent de Saint-Marc à Florence, il donna dès l’abord les plus belles espérances qu’il faillit tromper. Ébloui par les suggestions de l’ambassadeur britannique Newton, il s’enfuit subrepticement en Angleterre où il passa trois ans. S’il n’y trouva pas la situation brillante qu’on lui avait fait entrevoir, du moins y fut-il en contact avec les idées nouvelles et la philosophie régnante, et cette connaissance lui sera précieuse plus tard. L’intervention du grand-duc d’Étrurie, Cosme III, lui facilita la rentrée en Italie et la réconciliation avec l’ordre ; il fut entendu que l’on oublierait complètement ses frasques de jeunesse. Moniglia était d’ailleurs un sujet brillant, ayant du goût pour les disciplines les plus diverses, sauf peut-être pour la scolastique ; on ne tarda pas à le donner comme adjoint à Minorelli, préfet de la bibliothèque casanate à Rome. Ainsi fut-il amené aux travaux d’érudition ; d’ordre de ses supérieurs, il composait d’abord une dissertation De origine sacrarum precum rosarii B. M. V., Rome, 1725, où il essayait de défendre, contre les attaques des Bollandistes, la tradition dominicaine sur l’origine du rosaire. Peu après il était renvoyé à son premier couvent de Saint-Marc à Florence, pour y professer la théologie ; il y exerça une très heureuse influence, s’efïorçant de faire sortir l’enseignement théologique de la forme purement scolastique et verbale qu’il gardait en Italie, insistant sur le nécessité d’initier les jeunes étudiants à l’histoire, à la patrologie, à la philosophie naturelle et aux modernes découvertes. On peut avoir quelque idée de son enseignement par l’ouvrage suivant : Dissertât iones duce de annis Jesti Christi et de religione utriusque l’hilippi August., in-4°, Rome, 1741 ; il fixe la date de la naissance du Christ à l’an 5 avant notre ère, son baptême à l’an 28 de noire ère, sa mort à l’an 30 ; la seconde dissertation entend prouver que ni l’un ni l’autre des deux empereurs

Philippe n’a été chrétien. Nommé en 1741 professeur à l’université de Pise, Moniglia y continua sur la jeunesse d’action qu’il avait eue dans son couvent de Florence ; des réunions privées où il conviait les meilleurs de ses élèves et où se débattaient les questions du jour, sortirent divers travaux qui eurent leur valeur : Disserlazione contra i fatalisti, 2 vol. in-8°, Lucques, 1744, où sont examinées les théories de Locke, Leibniz, Collins, Hobbes et Spinoza ; Dissertazione contra i materialistie altri increduli, 2 vol. in-8°, Padoue, 1750 ; Osservazioni criticofilososo fiche contra i materialisti divise in due trattati, in-8°, Lucques, 1760 ; La mente umana spirito immortale non materia pensante, 2 vol., in-8°, Padoue, 1766. Fabroni dit qu’il préparait aussi un grand travail sur les anciennes Ailles de Toscane, et qu’il avait beaucoup écrit sur la propagation du christianisme aux Indes et le décret du cardinal de Tournon. Moniglia mourut à Pise le 15 février 1767.

A. Fabronius, Vilæ Italorum doctrina excellentium qui sœc. XVII et XVIII floruerunt, Pise, 1785, t. xi, p. 144169 ; de cette notice dérivent celles de Michaud, Hœfer, et Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. va, col. 64-66.

É. Amann.
    1. MONISME##


MONISME, voir Matérialisme et Monisme, col. 315 sq.

MONNIER Hilarion (1646-1707), né à Toulouse en 1646, prit l’habit de saint Benoît à Besançon ; il enseigna la philosophie et la théologie à l’abbaye de Saint-Mihiel ; puis il vint à Paris en 1677 et il se lia d’amité avec Mabillon, Nicole et Duguet. Après la révocation de l’Édit de Nantes, il fut envoyé à Metz (1686) pour y prêcher. En 1706, il fut nommé prieur de Morey, et il mourut le 17 mai 1707.

Monnier publia : Éclaircissements des droits de la Congrégation de Saint-Vanne sur les monastères qu’elle possède en Franche-Comté, in-4°, 1688. — Sept Lettres contenant la réfutation du système de Nicole sur la grâce ; elles furent publiées par Duguet à qui elles sont adressées, dans un recueil intitulé : Réflexions sur le traité de la grâce générale, in-12, s. 1., 1716. L’auteur déclare qu’il faut suivre saint Augustin, or Nicole s’éloigne de ce docteur et pour le fond et pour les formules qu’il emploie. Il faut ajouter encore deux Lettres à Mabillon sur les éludes monastiques, publiées dans les Œuvres posthumes de Mabillon, 1. 1, p. 413, sq. Voir aussi à la Bibliothèque nationale, ms.fr. 17 680. — Lettre à un docteur de Sor bonne sur la vocation religieuse. La Bibliothèque nationale, nouvelles acquisitions fr. 1039, possède un manuscrit des Recherches sur l’abbaye de Beaume-les-Messieurs. Enfin A. Vacant paraît avoir démontré que dom Monnier est l’auteur du fameux Problème ecclésiastique de 1698.

Michaud, Biographie universelle, t. xxvru, p. 638 ; Hrefer, Nouvelle biographie générale, t. xxxv, col. 1026 ; Quérard, La France littéraire, t. VI, p. 213 ; dom Calmet, Bibliothèque lorraine, in-fol., Nanc>, 1751, col. 667-670 ; abbé Monnier, Abrégé de la vie de dom Hilarion Monnier, in-12. Dôle, 1786 ; Histoire de la Congrégation de Saint-Vanne ; A. Vacant, Renseignements inédits sur l’auteur du problème ecclésiastique, publiés en 1698 contre M. deNoailles, archevêque de Paris, in-8°, Paris et Lyon, 1890, p. 33-50, ou dans la Bévue des sciences ecclésiastiques, 1890, t. i.xii, p. 131-150.

J. Carreyhe.

    1. MONOPHYSISME##


MONOPHYSISME.— I. Préliminaires. II. Le monophysisme sévérien (col. 2219). III. Le monophysisme sévérien et les Églises monophysites (col. 2228). IV. Le théopaschitisme (col. 2237). V. Les sectes issues du monophysisme sévérien et le monophysisme trinitaire (col. 2211). VI. Le monophysisme orthodoxe

(col. 2’. ! 19).

I. Préliminaires.

Nous n’avons pas à définir ici le monophysisme ; Cette définition a été donnée avec toutes les précisions désirables a l’article Euty CIIIANISME ET MONOIMIYSISM B (te CC DtCllOTUUltTt,