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MOLINA LOUIS — MOLINARI NICOLAS


vêtements très pauvres, était un esprit curieux, toujours en éveil, que passionnait l’amour de la vérité et que ne rebutait aucun problème ; au demeurant, quoique d’humeur un peu âpre dans sa vieillesse, religieux modeste et soumis, qui faisait ses délices de l’Imitation de Jésus-Christ. Sa vie se fût probablement écoulée jusqu’au bout dans le calme et son nom serait resté obscur, parmi tant d’autres de professeurs qui furent jadis célèbres dans leur milieu, s’il n’avait fait qu’exposer devant ses élèves le fruit de ses subtiles méditations ; mais la publication de ses idées allait soulever une des controverses les plus retentissantes et les plus durables de toute l’histoire de la théologie.

Ses ouvrages sont au nombre de trois : 1° Concordia libcri arbitrii cum gratis : donis, divina pnescientia, providenlia, pncdestinatione et reprobatioiie ad nonnullos primée partis dioi Thomæ articulas, imprimée à Lisbonne en 1588 et dédiée au cardinal archiduc Albert d’Autriche, gouverneur du Portugal. L’année suivante Molina y ajouta un Appendix ad Concordiam liberi arbitrii… qui porte l’imprimatur des 25 et 30 août 1589. La Concordia venait à peine d'être livrée au public ; l' Appendix de 44 pages fut joint sous une même reliure aux exemplaires qui restaient disponibles (c’est le cas de l’exemplaire de la Bibl. nat. de Paris, D. 3682). On ne le retrouve pas dans les éditions successives de la Concordia. Il a été reproduit par Théodore Eleutherius (Liévin Meyer) à la fin de ses Historiée controi’ersiarum de auxiliis, Anvers, 1705, p. 789-805, et a passé de là dans la Concordia publiée par l'éditeur Lethielleux, Paris, 1876, p. 576-606. Une seconde édition de la Concordia parut à Cuenca en 1592 et à Lyon en 1593. Une troisième fut imprimée à Venise en 1594 et en 1602. Dans l'édition qu’il publia à Anvers en 1595, celle qui demeure la plus répandue, et qui a été reproduite à Anvers en 1609 et 1715, à Leipzig en 1722, à Paris en 1876, Molina a fait quelques retouches et d’importantes additions sur lesquelles nous reviendrons plus loin, ainsi que sur le contenu de l’ouvrage. Cette édition est intitulée Liberi arbitrii cum gralix donis, divina præscientia, providentia, prædeslinatione et reprobatione, concordia, altéra sui parte auction

2° Commentaria in primam divi Thomæ parlem, 2 vol., publiés à Cuenca en 1592, avec une dédicace à Philippe II, dont on sait le zèle pour la diffusion de la Somme théologique. La 2e édition, celle de Lyon, 1593, est augmentée de dissertations tirées de la Concordia, et se rapportant à cette partie de la Somme. L’ouvrage fut imprimé encore à Venise en 1594 et en 1602, et à Lyon en 1622. Il contient, dans le premier volume, le commentaire des 26 premières questions, et dans le second celui du reste de la I a Pars, ainsi qu’un traité De opère sex dierum de Molina.

3° De justitia et jure, ouvrage considérable en 6 vol. in-fol. Les deux premiers volumes et la première partie du troisième parurent à Cuenca en 1593, 1597 et 1600. Après la mort de Molina, les jésuites du collège de Madrid publièrent à Anvers la deuxième partie du t. iii, en 1 (509, puis successivement les trois volumes suivants. Déjà des éditions partielles avaient paru à Venise en 1601 ( t. n) et 1602 (t. i et dissertations tirées du t. n), et à Mayence en 1602 (t. i et il) et Ki(13 (t. iii, Impartie). Le t. n fut réédité à Mayence en

1614. Des éditions complètes fuient publiées à Cologne en 1613, à Venise en 1614 (7 vol., in-fol.), à Amers en

1615, à Lyon en 1622, à Mayence en 1659 (6 vol.), à Cologne en 1733 et en 1759 (5 vol.). Ces deux dernières éditions contiennent une biographie et un portrait de Molina. L’objet précis et le plan général de l’ouvrage ressortlront clairement de la distribution des matières dans les 7 volumes de l'édition de Venise : i. De justifia in génère neenon de ultimis voluntatlblts. II. De justitia commulutiva circa bona externa et alias de coutractibiis.

m. De majoritatibus et tributis. iv. De delictis et quasi delictis. v. De justitia ccnunulatiua circa bona corporis, personarumque nobis conjunctarum. vi. De justitia circa bona honoris et famée, itemque circa bona spirilualia. vu. De judicio et executione justitiæ per publicas potestates. — Les éditeurs n’ont pas d'éloges assez grands pour les traités qu’ils présentent au public : ils louent la concision et la science de l’auteur, il lui font gloire d’avoir relevé toutes les questions et difficultés relatives à son sujet, et de les avoir résolues avec un tel soin qu’il ne reste rien à désirer. De fait, Molina est un moraliste très estimé parmi les probabilistes. Cardenas le considère comme omni exceptione major, et Gury admire la solidité des raisons sur lesquelles il appuie ses décisions. Il fut plus qu’un casuiste : un théoricien du droit, qui a su jeter des lumières sur la question des rapports de l'Église et de l'État et sur les questions économiques qui se posaient à l'état aigu de son temps déjà ; et la multitude d’applications qu’il a faites de ses principes est telle, qu'à l’aide de ses seuls livres ou ferait un tableau vaste et précis des conditions sociales de son temps.

A ces ouvrages, il faut ajouter des inédits : 1. Opusculum Patris Ludovici Molinæ pni’sentatum Diquisilori generali Lusitaniæ in defensionem sua Concordiic, scilicet ne impediretur ejus publicatio, Rome, Bibl. Victor-Emmanuel, ms. Gesuilici, 678-2807. — 2. Censura Molinæ contra propositions P. Dominici Banes, Rome, Bibl. angélique, R. 3, 12 ; catal. H. Narducci, Rome, 1893, 1. 1, p. 384, n. 901. — 3. Plusieurs lettres conservées aux bibliothèques ou archives des universités de Grenade et de Salamanque et aux archives centrales de la Compagnie de Jésus. Quatre sont adressées par Molina à son général Claude Aquaviva : Madrid, 18 juin 1594 ; Cuenca, 17 décembre 1594, 16 janvier 1595 et 1 er avril 1595. Une est écrite au pape Clément VIII, Cuenca, 20 septembre 1598. Le P. Raoul de Scorraille les a utilisées dans son François Suarez, t. i, Paris, 1912, p. 368, 369, 371, 372, 397, 410.

De BacUer, Bibl. (les écrivains de la Compagnie de Jésus, t. ii, Liège, 1854, p. 421-423 ; C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de.Jésus, t. v, 189 I, col. 1167-1179 ; Hurtcr, Nomenclutor, 3° éd., t. iii, col. 118-151 ; Morgott, art. Molina du Kirchenlexicon, 2e éd., t. viii, col. 1734-1737 ; Pcll, art. Molinn und der Molinismus de la Protesl. Realencyklopàdie, t. iii, p. 256-257. Ces auteurs signalent et mettent à profit la bibliographie antérieure, très maigre du reste. On ne trouvera à glaner quelques détails nouveaux que dans l’ouvrage du P. de Scorraille cité plus liant.

Sur le canoniste et le moraliste, voir Schulte, Geschlchie der Quellen and Lileraiur des canonischen Redits, t. iii, Stuttgart, 1880 ; et Dollingcr. Moralstreitigkeiten, t. i, p. 337 sq.

E. Vansteenberohe.

    1. MOLINARI Dominique-Marie##


1. MOLINARI Dominique-Marie, dominicain

italien, professeur dans sa ville natale de Sarzana au début du xviu siècle, a composé, outre un Scrutinium de opinionibus in praxi deligendis (1725), un « traité de la pénitence », thomiste, d’une remarquable érudition. Tractatus de pœnitentia speeulativus et practicus, Marsa, 2 vol. in-8°, 1743.

Hurler, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 1300.

M. -M. GOHCB.

    1. MOLINARI Nicolas##


2. MOLINARI Nicolas, capucin de la province

de Lucanic onde Basilicate, naquit le 10 mars 1707, à Lagonegro, petite ville du diocèse de Policastro. dans le royaume de Naples. Après Sa profession solennelle le 25 novembre 1730, il fut envoyé à Bologne. pour s’y consacrer entièrement aux et mies. Retourné dans sa province, il y exerça successivement les charges de maître des novices et de gardien, et parcourut pendant de nombreuses années l’Italie, en donnant des