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MOLINA ANTOINE - - MOLINA LOUIS

’dans la Castille, vers 1550. Il étudia à l’université de Salamanque et entra chez les augustins de la même ville, où il fit profession le 17 mars 1575. Son attrait pour la vie contemplative le fit passer, en 1589, chez les chartreux de Mira florès, près de Burgos, où il termina saintement ses jours le 21 septembre 1617. Dom Antoine de Molina, par ses vertus et ses ouvrages, appartient à ce groupe de personnages célèbres, qui honorent l’Espagne des xvie et xviie siècles. Il figure dignement à côté de saint Thomas de Villeneuve, de sainte Thérèse, du vénérable Louis de Grenade et de tant d’autres saints et maîtres de la vie spirituelle. Sa retraite chez les chartreux de Burgos ne l’empêcha pas de faire un bien immense aux âmes de tous états, et surtout à ses confrères dans le sacerdoce et dans la vie religieuse. On le consultait de toutes parts et sur toutes les matières concernant le bon gouvernement de la vie tant particulière que civile. Le cardinal Zapata, archevêque de Burgos, aimait à faire de fréquentes retraites dans une cellule de Miraflorès pour profiter des entretiens spirituels de dom A. de Molina. Les administrateurs de la ville de Burgos n’entreprenaient rien de grave sans avoir pris son avis. Son influence s’exerçait partout, et Philippe III songea à le proposer au pape pour un évêché. On a publié le jugement qu’il porta sur les œuvres de sainte Thérèse, cf. Vicente de la Fuente, Documentes relativos à S. T. y sus obras, t. vi, n. xux. Théologien profond et grand mystique lui-même, il put affirmer avec autorité que la vénérable réformatrice du Carmel avait composé ses écrits avec l’assistance du Saint-Esprit, que sa doctrine tenait du miracle, et que non seulement elle était sainte, pieuse et catholique, mais qu’elle avait aussi une efficace toute particulière pour toucher les cœurs et les porter à la dévotion.

Dom A. de Molina a écrit les ouvrages suivants : 1. Instruction de Sacerdotes, en que se los da doclrina muy importante para conocer la alteza del sagrado oftcio sacerdotal, y para exercilarle debidamenle, sacada toda de los Sanlos Padres y Doctores de la lylesia. — 2. Exercicios espirituales de las excelencias, provecho y necessilad de la Oracion mental, reducidos a doclrina, y meditaciones, sacados de los Sanlos Padres y Doctores de la Iglesia. — 3. Excrcicios espirituales para personas occupadas deseosas de su salvacion, imprimés à Burgos, en 1613, in-16, avec une Lettre sur l’état religieux adressée à sa sœur, et le Chemin de l’éternité ou exercices et instructions pour se préparer à la mort. Ces trois opuscules ont été traduits en français, et puis en latin d’après cette version par dom Jean de Blitterswych, chartreux, Liège, 1629, in-16. — 4. Un petit ouvrage surl’oraison, dont l’approbation parlecenseur ecclésiastique est du 20 septembre 1607.— -5. Plusieurs lettres adressées au confesseur de Philippe III, roi d’Espagne, pour obtenir l’exemption de toutes sortes d’impôts, en faveur (.us églises et des monastères. Une copie de ces lettres se trouve encore aujourd’hui aux archives de la chartreuse de Miraflorès. — 6. Un traité sur les fins dernières, inédit. — 7. Des consultations concernant le gouvernement politique, mss. — 8. Biographie de dom Michel Colmenero, chartreux de Miraflorès, traduite en latin et insérée par dom Le Vasseur dans ses Ephemerides Ord. Carlus., Monlreuil-surmer, 1891, t. ii, p. 486-87.

Le plus célèbre des ouvrages de dom A. de Molina est sans contredit son Instruction des prêtres, qui dès sa première édition, fut accueillie avec applaudissement par tout le clergé d’Espagne et même d’Europe. A côté de cet enthousiasme général il y eut des adversaires, dont l’opposition, loin de nuire à son succès, ne fit que l’augmenter. Le P. Rapin, dans ses Mémoires sur le jansénisme, t. i, p. 29, raconte comment le fameux Antoine Arnaud, docteur de Sorbonne et chef

du parti, conçut et exécuta le plan de son ouvrage, De la communion fréquente pour réfuter la doctrine exposée dans l’Instruction des prêtres.

L’Instruction des prêtres fut d’abord imprimée, en 1608, in-8°, dans l’enclos de la chartreuse de Miraflorès, près de Burgos, et, dans le courant de la même année, on fut obligé d’en faire sept autres éditions. Ce succès inouï obligea les chartreux à renoncer à leur privilège, et à permettre aux autres imprimeurs de rééditer l’ouvrage de leur confrère. Depuis, les réimpressions se multiplièrent presqu’à l’infini. Une traduction latine par l’abbé Thomas Galletti reçut l’approbation et l’imprimatur du pape Paul V, en 1614. Il y eut aussi des traductions italienne, anglaise, portugaise, deux françaises : la première de René Gaultier, publiée en 1617 à Paris et bien des fois réimprimée, l’autre de Nicolas Binet, Paris, 1676, souvent rééditée jusqu’à la fin du xixe siècle.

Le deuxième ouvrage de dom Molina intitulé : Exercicios espirituales de las excelencias… de la oracion mental, etc., eut un succès d’autant plus remar quable qu’il fut publié à une époque où les ouvrages sur l’oraison de saint Pierre d’Alcantara, de sainte Thérèse, des vénérables Louis de Grenade et Louis du Pont, etc., jouissaient de la faveur très méritée des âmes intérieures. Il fut imprimé après la mort de l’auteur, à Burgos, en 1615, in-4°, et très souvent réédité ; il y eut aussi des traductions italienne, anglaise, française, cette dernière également par René Gaultier, Paris, 1621, puis années suivantes. Le Traité de la prière du cœur par le R. P. Antoine de. Molina… traduit de l’espagnol par R. G. A. (René Gaultier, avocat), Paris, 1695, in-16. C’est un extrait du grand ouvrage et la traduction diffère notablement du texte imprimé en 1637.

M. Tarin y Iuaneda dans son ouvrage, La real Cartuja de Miraflorès, Burgos, 1897, p. 486-497, a donné la meilleure notice biographique et littéraire de Molina, et cite les principaux auteurs qui ont fait mention de lui. Cf. aussi Aubert le Mire ; Morozzo, dans le Theatrum chronol. S. ord. earl., Turin 1681, n. otxi, p. 140-41 ; le Dictionnaire de Richard et Giraud, où l’on dit que A. de Molina dans son Instruction des prêtres avait émis des propositions de morale relâchée ; Valenti, San Bruno y la Orden de los Carlujos, Valence 1899.

S. AUTORE.

    1. MOLINA Louis##


2. MOLINA Louis, jésuite espagnol du xvie siècle (1536-1600). Issu d’une famille illustre, il naquit à Cuenca (Nouvelle-Castille), en 1536. A l’âge de 18 ans, , le 10 août 1553, il entra dans la Compagnie de Jésus, à Alcala où il avait étudié et, après son noviciat, fait à Lisbonne, il fut envoyé au collège de Coïmbre, en Portugal, pour y étudier la philosophie et la théologie. Suivit-il, comme on l’a écrit, les leçons de Pierre Fonseca ? Toujours est-il que, ses études achevées, il devint lui-même professeur à Coïmbre et y enseigna la philosophie tandis que, dans une chaire voisine, . 1’ « Aristote portugais » développait ses commentaires sur la logique et la métaphysique. Il y resta quatre ans, après quoi il étudia la théologie à Evora et à Coïmbre. où il prit son doctorat. Il fut aussitôt chargé d’enseigner cette science à Evora, où son succès fut éclatant et ne se démentit pas pendant vingt ans. Enfin, . Molina quitta le Portugal pour rentrer dans son pays. Les dix dernières années de sa vie se passèrent au collège de Cuenca, dans une retraite laborieuse qu’il consacra à la publication de ses cours. Il y aurait sans doute fini ses jours si, une chaire de théologie morale ayant été fondée à Madrid, il n’y avait été appelé par le visiteur de la province de Tolède. A peine y était-il depuis six mois qu’il mourut, le 14 octobre 1600,. âgé de 65 ans.

Molina, petit homme de ebétive apparence et de-