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MOGIIILA. LA CONFESSION DE FOI


à la doctrine catholique, mais l’opinion particulière de Mélèce Syrigos et de quelques autres. Dosithée lui-même, qui donne tant d’éloges à la Confession orthodoxe dans le prologue de son synode de Jérusalem (1672), disant que toute l’Église orientale l’a complètement reçue (ce qui est faux, surtout en 1672) : èSs^aro Se ocotJjv xal Sèmerai àrta^a-Xwç Trâaa tj àvaxoX’.x.r, ’ExxXïjoîa, Kimmel, ibid., p. 337, Dosithée, dans la Confession de foi qu’il rédige à ce même synode, contredit l’enseignement de Syrigos sur la reconfirmation des apostats, qu’il ignore (art. xvi), sur l’époque de la rétribution essentielle (art. viii : après la mort, les saints xa0apwç ènoTiisùouai. tt)v àytav Tp’.âSa), sur l’existence du purgatoire et d’un châtiment temporel pour une certaine catégorie de défunts (art. xviii). Il est vrai qu’en 1(590 le patriarche de Jérusalem s’est rétracté sur ce dernier point ; mais on n’y a point fait attention en Grèce et en Russie, et l’on y lit toujours l’article xviii de la Confession dans la rédaction de 1(572.

Voyez encore : En 1613, Parthenios 1 er, patriarche de Constantinople, déclare que la Confession orthodoxe ne s’écarte en rien de la doctrine de l’Église orientale. En 1654, dans une longue lettre de caractère liturgique rédigée par Mélèce Syrigos, le patriarche œcuménique Païsios I er répète à peu près la même chose au patriarche moscovite Nicon, qui, lui, partage les opinions des théologiens de Kiev. Or, en 1668, il se trouve un autre patriarche œcuménique, du nom de Méthodios III qui, dans des Réponses dogmatiques adressées également aux Russes, contredit ouvertement, au moins sur un point, la Confession orthodoxe. Celle-ci enseigne clairement l’existence d’un jugement particulier pour chaque individu, aussitôt après la mort (I. p., q. i.xi). Méthodios III répond aux Russes qu’il n’en faut rien croire : il n’existe qu’un seul jugement, le jugement dernier : Nos vero uniim et soluw judicium agnoscimus coram Dei tribunali in die resurrectionis. Texte publié par Malvy-Viller, op. cit., p. 166.

Autre exemple non moins typique de contradiction, cette fois chez les Russes : En 1696, le patriarche de Moscou, Adrien, écrit une encyclique aux fidèles orthodoxes pour leur recommander « le livre divinement inspiré » qui s’appelle la Confession orthodoxe, dont on vient de publier une traduction slavonne. Loc. cit. En 1699, le même patriarche Adrien, oubliant que « le livre divinement inspiré » nie toute catégorie de défunts intermédiaire entre les élus et les damnés, fait réciter à l’ex-catholique l’alladius Rogovskii, passé au schisme, une profession de foi, dans laquelle le converti déclare croire à l’existence de trois catégories de défunts : « les élus, les Infidèles et impénitents et ceux qui sont morts repentants, sans avoir eu le temps de satisfaire pour leurs péchés. » Cf. Nikolskii, Palladius Rogovskii, dans la revue Pravoslavnoe Obozrênie, 1863, t. x, p. 162-172.

Dans le Règlement ecclésiastique de Pierre le Grand, pars II, De muniis communibus, S 2, Théophane Procopovitch mentionne la Confession orthodoxe pour dire que c’est un livre trop long et trop relevé poulies gens illettrés. Certains voient dans celle mention une marque de singulière estime ; cf. Malvy-Viller, op. cit., p. i, xiii : c’est bien plutôt de la part du théologien réformateur une manière habile de reléguer dans l’obscurité un ouvrage gênant, qu’il s’apprête à contredire sur plus d’un point, notamment sur le culte des images, dans son l’élit catéchisme, Prima instructio pro pueris, qu’un oukaze impérial du 31 niai 1722 rendit obligatoire pour toute la Russie. Cf. M. Jllgie, "PCit., p. 590-591. On sait aussi que

Théophane rejetail la doctrine créatianisle de Pierre Moghila sur l’origine de l’âme et enseignait le tradu cianisme ; qu’il considérait comme non inspirés les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament cités par la Confession orthodoxe comme Ecriture sainte ; qu’il admettait la théorie protestante de la justification par la foi seule, doctrine que combat si ouvertement la même Confession.

A une époque toute récente, on pourrait multiplier les exemples du peu de cas que les théologiens grécorusses font de l’autorité de la Confession orthodoxe, même lorsqu’ils lui donnent de grands éloges. On ne peut vraiment pas dire qu’elle soit pour eux un recueil d’articles de foi et de définitions dogmatiques, dont il serait défendu de s’écarter. Quelquefois cependant ces théologiens paraissent accepter son enseignement contre la pratique même de leur Église : ce qui est d’une inconscience rare. Nous ne citerons qu’un cas : celui de la reconfirmation des apostats. La Confession orthodoxe, nous l’avons vii, enseigne expressément cette reconfirmation. L’Église russe a officiellement renoncé à cette pratique, contraire au dogme du caractère ineiïaçable, en 1757, lorsqu’elle a adopté l’euchologe de Pierre Moghila. Cela n’empêche pas des théologiens russes, comme Philarète Goumilevskii et Macaire Roulgakov, de faire écho, dans leurs manuels de théologie, à la doctrine de la Confession orthodoxe, et de dire que la confirmation se renouvelle aux apostats, voire même (Philarète) aux simples hérétiques. Celui-là donc se tromperait grandement et s’exposerait à de lourdes méprises qui considérerait tout ce qui se trouve dans la Confession orthodoxe comme doctrine de foi intangible de l’Église gréco-russe prise dans son ensemble. Comme doctrine de foi absolument obligatoire, cette Église en est encore réduite aux définitions explicites des sept premiers conciles œcuméniques. Tout le reste demeure plus ou moins du domaine de l’opinion théologique.

Sur la vie et les écrits de Pierre Moghila, le maître ouvrage, malheureusement peu accessible, est celui de C. Goloubiev, Le métropolite de Kiev, Pierre Moghila et ses compagnons d’armes, 2 volumes parus, Kiev, 1883 et 1898 (en russe) ; le t. i ayant été l’objet de critiques de la part de N. F. Petrov dans le Journal du Ministère de V Instruction publique, Goloubiev y répondit longuement dans les Troudg de l’Académie de Kiev, 1881, t. i, p. 416-484. Les nombreux écrits russes antérieurs au travail de Goloubiev (toisent être lus avec circonspection ; il s’y rencontre, en effet, beaucoup de dates fausses. Signalons parmi ces écrits celui de A. V. Gorskii, l’ierre Moghila, métropolite de Kiev, dans les Suppléments éi l’édition des œuvres des saints Pères. 1857, t. iv, p. 2 ; >-7(i ; celui de Bojovskii, Pierre Moghila, métropolite de Kiev, dans le Voskresnoe Tchtenie (Lecture dominicale), t. xxvii (18(13), p. 1147-1160 ; 11771191 ; 1268-1278 ; 1298-1306 ; celui deC. P., Pierre Moghila, métropolite de Kiev, dans les Ichteniia de la Société impériale d’histoire et d’archéologie de l’Université de Moscou, 1877, t. i, p. 1-159, où l’on trouvera, p. 141-146, une comparaison intéressante entre la doctrine de la Confession orthodoxe et celle du Petit catéchisme de Moghila publié m 1645. Une étude sur le Trebnikd* Moghila a été Insérée par Kryjanovskii, dans ta revue Intitulée : Direction pour les curés de campagne, 1860, t. a, ». 185-206 ; 210-231 ; 272287 ; 2 !)0-316 ; 449-462. Autres études : M. Ternovskll ; L< métropolite de Kiev, l’ierre Moghila, dans la Kievskaïu Starina, 1882 ; C.eiin ; i<le Enacenu, Pierre Moghila, dans la

inscrira orthodoxa romand, t. vu (1883), p. 278-289 ; 431153 ; 618-622 ; 657-696 ; 73 1-772 ; t. viii (1884), p. 4-89 ; 89-121 ; 185-221 ; 282-320 ; E. l’icoi, l’ierre Movilà, dans la Bibliographie hellénique du a 17P-s fée Je, t. n. p. 104-156, d’E. Legrand, qui pour la biographie de Moghila a surtout utilise le travail de Gennade Enacenu ; à partir de la p. 120. ce i auteur donne la Bibliographie des ouvrages publiés

par l’ierre Mogliila ou ipii lui sont dédiés d’après la description détaillée du Russe Karatalev ; on y trouve en particulier la liste des diverses éditions do Petti Catéchisme el

de la Confession orthodoxe. Sur la doctrine du Petit col,

chtsme comparée à l’enseignement de la Confession orthodoxe, voir l’Intéressante étude de Malvy-Viller, ’» Confes-