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    1. MISSIONS##


MISSIONS, PROPAGANDE EN LEUR FAVEUR

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Beaucoup disent : les protestants sont plus riches que les catholiques. Cela peut être vrai, surtout depuis la dernière guerre qui a singulièrement enrichi les nations anglaises et nord-américaines. Mais il y a des catholiques en nombre respectable aux États-Unis, et il y a de la fortune également chez les catholiques. Ce ne peut donc être là qu’une raison partielle, insuffisante pour expliquer une telle différence.

Les catholiques, ajoute-t-on, en particulier les catholiques de France, doivent soutenir de leur argent leur clergé, les œuvres religieuses, leurs œuvres d’enseignement et de bienfaisance, tandis que l’Église établie en Angleterre, par exemple, est très richement dotée et peut se montrer généreuse au lieu de recourir à la générosité de ses membres.

Oui, mais ceux que l’on appelle les « dissenters », méthodistes, wesleyens, baptistes, etc., doivent pourvoir aux mêmes besoins religieux de culte, d’enseignement et de bienfaisance, et ils sont aussi généreux pour leurs missions que les anglicans.

Que l’on ne dise pas non plus que c’est l’État qui paie ces missions étrangères si utiles pour consolider et étendre son influence. L’État peut bien fournir quelques subventions, non pas aux missions — auxquelles il ne donne rien en tant que missions — mais à des écoles, à des asiles, à des hôpitaux, à des dispensaires. Seulement, en général, il donne aux œuvres catholiques aussi bien qu’aux œuvres protestantes.

La raison de cette différence est surtout en ce fait que, dans le monde protestant, tout le monde s’intéresse aux missions, tout le monde leur donne, et les banques et sociétés diverses, et les entreprises industrielles et commerciales, et les riches et les pauvres, ceux qui pratiquent leur religion et ceux qui ne la pratiquent pas, tandis que dans les nations catholiques, en France, en particulier, ce ne sont que les catholiques pratiquants et fervents, et parmi eux, surtout les petites gens, les adhérents à la Propagation de la foi et à la Sainte-Enfance, qui soutiennent nos missions.

Il n’y a pas jusqu’à la formule si heureuse du « sou par semaine » qui ne devienne à la longue défavorable aux missions. Un sou par semaine, c’était quelque chose en 1823. Ce n’est plus rien aujourd’hui. C’est au moins fr. 25, qu’il faudrait donner si l’on voulait donner autant qu’en 1914. C’est au moins 1 franc, si l’on voulait donner autant qu’en 1822.

A un autre point de vue, la formule du « sou par semaine » étant générale et s’appliquant à tout le monde, au riche comme au pauvre, il s’en suit que tout le monde, même l’adhérent fortuné, ne donne qu’un sou par semaine, 2 fr. GO par an. Ce n’est pas équitable, car chacun devrait donner suivant ses moyens. Ce n’est pas heureux non plus, car si les cotisations variaient de 1 sou à 5, à 10, à 20, à 100 sous par semaine, suivant la capacité du donateur, le résultat total serait beaucoup plus élevé.

Autre différence : les missions pretestantes possèdent de nombreuses fondations qui leur assurent des revenus réguliers très importants, la loi des pays anglo-saxons le leur permettant, tandis qu’en pays français les missions catholiques ne possèdent, pour ainsi dire, aucune propriété et par suite aucun revenu.

Tout cela est vrai. Mais quand on l’a dit, on n’a encore rien expliqué ; car on ne nous a pas dit pourquoi les missions protestantes ont reçu « te si riches fondations et les missions catholiques si peu ; pourquoi tous les protestants donnent pour soutenir leurs missions, tandis que chez les catholiques il n’y a qu’un petit nombre à s’y intéresser, pourquoi chez les protestants certains fournissent des souscriptions si considérables, tandis que les catholiques ne

donnent dans l’ensemble que 5 centimes par semaine, 2 fr. C0 par an.

Il faut donc pousser plus loin notre enquête.

Les missions catholiques se sont établies, ou rétablies au xixe siècle, se sont développées les premières, comme elles ont pu, au milieu des difficultés, des privations, souvent des persécutions, sans plan réglé d’avance (et il ne pouvait pas y en avoir), accablées de charges toujours renaissantes, ayant des ruines à réparer ou bien tout à créer, ne parvenant jamais à être au niveau de leurs affaires. Les missions protestantes, au contraire, sont venues ensuite, du moins le plus souvent. Elles ont trouvé le terrain déblayé, elles n’ont été que rarement et partiellement persécutées, elles n’ont eu que peu de ruines à réparer. Elles ont, par ailleurs, commencé petitement, ont grandi peu à peu, ont proportionné leurs dépenses à leurs ressources, ont été conduites comme des affaires, souvent par des gens d’affaires, et sont toujours restées en contact étroit avec leurs bienfaiteurs d’Europe qui les suivaient, les connaissaient, s’intéressaient à elles.

Puis, les protestants connaissent leurs missions, par leurs journaux, par leurs revues, par les rapports annuels de leurs sociétés, par les études et livres nombreux, par les cartes et atlas publiés sur ces missions. Les catholiques, eux, sauf de rares exceptions, les ignorent. Et voilà en fin de compte la grande raison pour laquelle les protestants aiment et aident leurs missions, tandis que les catholiques, dont on ne sau. rait pourtant méconnaître le zèle pour le règne divin ne semblent pas assez pertes à s’occuper de leurs missions, à les aimer, à les aider.

III. La propagande en faveur des missions. — I. la presse.

Il faut faire connaître, estimer, aimer les missions. Qu’a-t-on fait et que fait-on dans ce sens ?

Les premiers et les plus efficaces des propagateurs de ce qu’on appelle « l’idée missionnaire », ce sont les missionnaires eux-mêmes, par leur correspondance. Ils racontent ce qu’ils veient, ce qu’ils font, ce qu’ils souffrent, leurs progrès, ce qui les arrête. Ajoutons, s’il leur arrive de revenir au pays, leurs conversations, leurs conférences, leurs sermons. Ajoutons les œuvres annexes dont nous avons parlé, avec leurs bulletins, leurs comptes rendus, leurs assemblées. Ces publications sont nombreuses. Le P. Arens dans son manuel, en énumère 411, dont 317 en Europe, 71 eu Amérique, etc. Pas une congrégation de mission qui n’en ait une ou plusieurs. Elles sont en toutes langues ; il y en a de scientifiques, d’historiques, d’ethnologiques, d’anecdotiques.

Ce sont les lettres de saint François-Xavier qui ouvrent la série, bientôt suivies par les lettres de ses collaborateurs et disciples, et qui, dès le début, valaient aux missions de précieuses recrues. De cette littérature saint Pierre Canisius fut le promoteur, mais après saint Ignace, qui demandait à ses missionnaires des relations détaillées et régulières sur leurs travaux (Litteræ annuas). l>ès le xvi<- siècle les recueils de lettres d’Asie, d’Amérique, d’Afrique, ne se comptent plus. De 1611 à 1672 parurent les Relations de la NouuelleFrance ou Canada. En 1642 commence en Allemagne la série des Nener Weltbote du P. Jos. Stocklein, qui fut poursuivie jusqu’à 1753. En 1702 débutent les Lettres édifiantes et curieuses (1702-1776), en 31 recueils, qui furent plusieurs fois rééditées et curent des continuations au xixe siècle. Ces recueils étaient tous l’œuvre des missionnaires jésuites. Tout cela s’est singulièrement développé. Indiquons seule nient les revues principales, nous en tenant à celles qui sont d’intérêt universel, COT il n’est pas de congrégation OU de séminaire, dont le Bulletin ou les