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MISSIONS DAFRIOUE

1940

des anciennes Églises de Numidie, de Mauritanie, de Cyrénaïque, il ne restait rien. Seuls les Coptes monophysites d’Egypte et surtout d’Abyssinie avaient résisté. Pendant tout le Moyen Age l’Afrique resta fermée à l’apostolat.

Cependant dès le i siècle des dominicains remontaient le Nil jusqu’en Abyssinie. Des moines français établissaient des comptoirs sur les côtes de Guinée. Au xv, les Portugais paraissent dans la Gambie et au Sierra-Leone, et des prêtres avec eux. En 1536 le pape sacrait évêque un noir du Congo, qui malheureusement mourut avant de rentrer dans sa patrie. Dès le temps de saint Ignace les jésuites fondaient une mission au Congo. En 1590 était créé le diocèse d’Angola, qui paraît avoir prospéré. Mais le déclin religieux du Portugal amena le déclin de ces Eglises noires, tant à l’ouest qu’à l’est du continent. Au XIXe siècle tout était à recommencer. Par contre, dès le XVII’le calvinisme s’était installé au Cap avec les Hollandais (les Boers du Transvaal).

Les dates suivantes marquent les premières étapes du nouvel apostolat africain : en 1839, arrivée des lazaristes en Ethiopie ; en 1812, des oblats de Marie au Natal ; en 1843, des pères du Saint-Esprit dar.s l’Afrique occidentale ; en 1815 des jésuites aux portes de Madagascar ; en 1816 des capucins chez les Gallas, en 1803 des pères du Saint-Esprit en Afrique orientale ; en 1808, des pères des Missions de Lyon sur les côtes de Guinée ; en 1872, des pères de Vérone au Soudan. Vers ce temps-là, commencent les grandes explorations de Livingstone, de Stanley, de Brazza, etc. Les missionnaires suivent. En 1879, les jésuites sont dans la Bhodésie actuelle, et les pères blancs sur les grands lacs. A partir de 1887, la création des colonies allemandes provoque l’envoi d’autres missionnaires. En 1888, commence l’évangélisation méthodique du Congo belge. Depuis ce moment les Eglises se sont multipliées en Afrique.

Actuellement il y a dans. le continent 13 évêchés latins, 3 de rite oriental, 05 vicariats, 40 préfectures, 1 prélature nullius.

1. L’AFRIQUE MULSUMANE DU NORD.- - Au Nord, et jusque ers le 15e degré, l’Afrique est à peu près exclusivement livrée à l’Islam. Les conversions y sont très rares. La population chrétienne est toute européenne ou (en Egypte) de rite oriental. Quand arrivera-t-on à entraîner la masse musulmane ? Il y faudra des siècles encore peut-être. Pour le moment, tout ce qu’on peut faire, c’est, pour ainsi dire, l’amollir par le contact des vertus et de l’éducation catholique. Heureux encore si ce travail de longue patience n’était pas compromis sans cesse par l’indifférence religieuse des Européens !

1- » L’Éggpte. - Sur 12 500 000 habitants, 1 1 250 000 sont mahométans, on 000 israëlites, 45 000 protestants, surtout anglais, 80(1 000 schismatiques orientaux du rite copte, restes des antiques Églises de saint Athanase et de saint Cyrille : 25 000 sont rentrés dans l’unité.

Il y a pour les latins des vicariats : celui û’Égypte et celui du Canal de Site :, confiés aux franciscains, et celui du Délia, aux pères des Missions de Lyon. Les coptes ont un patriarcat (Alexandrie) et deux évêchés, Hermopolis Magna ou Miuia. et Thèbes. Les arméniens ont également un évêque. Les franciscains et les jésuites travaillent aussi chez les coptes de la I laiilc-Egypte. Les jésuites ont de plus leur collège du Caire, De nombreuses congrégations surtout françaises, lazaristes, frères des Ecoles chrétiennes, tilles de la Charité, dames du Bon-Pasteur, dames de Si on,

etc, contribuent, comme on l’a dit, à « assainir l’atmosphère ». Tout musulman qu’il est, le gouvernement est Ires favorable a [Influence catholique.

2° La Tripolilaine. ou Libye, colonie italienne depuis 1912, comprend, avec la Cyrénaïque, 900 000 kmq. et 778 000 habitants, dont 19 000 catholiques, et à peu près autant de schismatiques : le reste musulman. La préfecture apostolique y est confiée aux franciscains ;

3° En Tunisie et en Algérie, la hiérarchie catholique normale est constituée, mais, vu la population musulmane, on peut encore les tenir pour pays de missions.

En Tunisie, l’archevêché de Cartilage, fondé avant la fin du IIe siècle, puis disparu, fut rétabli sur la demande de Mgr Lavigerie. La haute figure du cardinal domine toutes les (envies apostoliques de cette région.

En Algérie, sur 5 800 000 habitants. 4 970 000 sont musulmans. 80 000 juifs. 750 000 européens, catholiques pour la plupart. L’apostolat chez les infidèles y a été, dès le début de l’occupation française, contrecarré par le gouvernement, qui affectait de redouter les explosions de fanatisme. Les pères blancs cependant ont pu constituer une mission surtout scolaire, chez les Kabyles ; mais les Kabyles sont à peine musulmans.

A l’Algérie se rattache la préfecture apostolique de Gardaïa, créée par les pères blancs en 1901, et qui compte 3 117 catholiques sur une population de 403 142 habitants. De Gardaïa dépend Tamanrasset, célèbre par le séjour et la mort du Père de Foucault, le « marabout » chrétien qui gagnait les musulmans par l’héroïsme de ses vertus.

4° Le Maroc, 45 000 kmq., 5 400 000 habitants, pas beaucoup plus de 7 000 catholiques, et européens.

Depuis le temps de saint François d’Assise, les franciscains ont sur le Maroc une sorte de monopole apostolique. Le vicariat apostolique du Maroc et de Tanger, constitué en 1908 est aux pères espagnols, et celui de Rabat (1921) aux pères français.

II. DU MAROC AU CONGO. L’AFRIQUE OCCIDENTALE.

— Au-dessous de cette large bande côtière se continue le monde musulman, mais plus ou moins mêlé d’éléments fétichistes. Et c’est encore un problème angoissant que celui de la conquête de l’Afrique noire par l’Islam. Tout ce que l’Islam gagne est perdu pour des siècles par le christianisme. Dans ces régions, c’est parmi les fétichistes exclusivement que se font les conversions :

1° Le Sahara occidental, ou Mauritanie, entre le Maroc et la Sénégambie, immense pays désert, où vivent 201 470 habitants seulement, dont 189 000 Maures, mélange de Berbères et d’Arabes ; le reste, Sénégalais (Oulof et Toucouleurs). Les Maures sont nomades, divisés en tribus guerrières, de sectes musulmanes fanatiques, monogames : chez eux la femme jouit d’une grande autorité. La Mauritanie dépend du V. A. de Sénégambie.

Le Sénégal.

Il servit, peut-être dès le xiv siècle,

d’escale aux marins normands se rendant au Brésil. S’il est encore français, c’est grâce aux pères du Saint-Esprit, qui sont là depuis 1813. Les noirs y appartiennent aux groupes suivants : les Peuhls, pasteurs sédentaires ; les Toucouleurs résultant du croisement des Peulhs et de leurs voisins, tribus guerrières : les Oulofs. les Mandingues, commerçants émériles, tous musulmans. Ont résisté à l’Islam, les Sérères, noirs pacifiques, travailleurs prévoyants, les Bandara, lesBalantes et les Diolas, ces deux derniers groupes assez dégradés. Le christianisme commence a se faire accepter d’eux. Tandis que les musulmans résistent, les païens se laissent gagner.

Le pays se développe rapidement avec écoles normales d’instituteurs, écoles médicales et de sagesfemmes, avec trois journaux locaux à Dakar ; avec