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    1. MISSIONS##


MISSIONS. FORMATION DES MISSIONNAIRES

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La formation des catéchistes varie d’après les pays, et d’un catéchiste japonais on demandera beaucoup plus que d’un catéchiste océanien ou congolais. Parfois c’est le missionnaire lui-même qui forme son auxiliaire. Parfois il y a des écoles, surtout quand le catéchiste doit aussi être instituteur. A Madagascar, ce ne sont pas des individus qu’on réunit à l’école normale, ce sont des ménages. Hommes et femmes reçoivent toute l’instruction nécessaire au travail qu’ils auront à fournir ensemble. Inutile d’ajouter qu’après les avoir formés, il faudra les entretenir dans la vie surnaturelle, contrôler leur activité, les redresser au besoin. Dans certaines missions sont organisées pour eux des retraites qui leur font grand bien.

C’est surtout de la formation des prêtres qu’il faut parler.

II. LES MISSIONNAIRES ÉTRANGERS.

Les prêtres

qui travaillent dans les missions ont besoin d’une formation intellectuelle, morale, religieuse, d’autant plus solide qu’ils ne seront pas soutenus par les cadres où vivent nos prêtres d’Europe, qu’ils n’auront pas toujours le moyen de se perfectionner et de se renouveler comme ils le feraient en Europe ; qu’ils évolueront souvent dans un milieu singulièrement dangereux, et qu’ils auront à vivre jusqu’au bout sur le fonds acquis pendant leurs années de formation. Aussi l’Église a-t-elle pris toutes les mesures pour assurer à ses futurs missionnaires cette formation, aussi sérieuse que possible.

Formation morale.

 Préalablement l’Église

demande, des candidats à l’apostolat lointain, une naissance légitime, une éducation chrétienne, une vie innocente, une santé suffisante, etc.

S’ils entrent dans une famille religieuse ou une congrégation de prêtres séculiers, ils passeront par un noviciat qui dure un an ou deux, pendant lequel ils s’occuperont presque exclusivement de leur vie intérieure. Et ce travail, qui s’exerce sur le dedans, se prolongera pendant les années d’étude. Ils acquerront là un esprit de docilité, d’obéissance à la direction et de leurs supérieurs et de la discipline ecclésiastique. Si le fond de cette formation est partout le même, les modalités varieront avec les sociétés. Voir la lettre de S. S. Pie XI aux supérieurs des Instituts religieux, sur la formation de leurs jeunes gens et des aspirants aux missions. Lettre Unigenitus Dei, 19 mars 1924, Acla aposlolicæ, Sedis, t. xvi, p. 133-148.

Formation intellectuelle.

 La formation intellectuelle

ne se distingue pas de celle du clergé en pays chrétien. Elle comporte :

1. Des études primaires ou classiques pendant lesquelles, suivant le canon 1364 du Codex Juris canonici on enseignera d’abord la religion, selon que le comportera l’âge des élèves, puis la langue latine et la langue maternelle, ensuite, les autres branches d’études et connaissances que demande toute formation générale, et la situation des étudiants ecclésiastiques dans les pays où ils devront exercer leur ministère. Léon XIII disait dans son décret Auctis admodnm du 4 novembre 1892 : qu’ils suivent le « cours régulier des études ». Et Pic X, le 7 septembre 1909 : « qu’ils s’adonnent aux études primaires et secondaires telles qu’elles se font dans les divers pays, de telle sorte que leur cycle d’études soit autant que possible le même que celui des étudiants laïques. » Donc les enfants des séminaires et maisons semblables suivront les programmes ordinaires et d’habitude passeront les examens qu’on passe ailleurs. Home l’exige, et les congrégations romaines refusèrent les adoucissements que leur demandèrent divers supérieurs d’ordres. I.a loi est générale et vaut pour les candidats aux missions.

2. I.es études philosophiques et théologiques sont

réglées par le canon 1305 dont voici le texte : « § 1. Que les élèves consacrent au moins deux ans à l’étude de la philosophie et des sciences annexes. § 2. Que le cours de théologie dure au moins 4 ans, et qu’il comprenne, outre la théologie dogmatique et morale, l’étude de l’Ecriture sainte, de l’histoire ecclésiastique, du droit canon, de la liturgie, de l’éloquence sacrée et du chant ecclésiastique. § 3. Qu’il y ait également des cours de théologie pastorale avec des exercices pratiques de catéchisme aux enfants et aux autres, de confession, de visites aux malades, d’assistance aux moribonds. » Ces prescriptions sont également universelles.

.Mais, en ce qui concerne les missionnaires, le pape Benoît XV, dans sa lettre Maximum illud, insiste d’une manière spéciale. « Pour le missionnaire, dit-il, avant qu’il n’aborde l’apostolat, qu’on le prépare avec soin en dépit de ce qu’on pourrait dire, à savoir que la connaissance de tant de choses n’est pas nécessaire pour annoncer l’Évangile à des nations si éloignées de la civilisation. Car bien qu’il ne puisse pas y avoir de discussion pour savoir ce qui est le plus utile pour le salut des âmes, de la ertuou de la science, cependant, si quelqu’un n’est pas muni d’une forte doctrine, il en sentira le déficit pour le fruit de son saint ministère. Souvent, en effet, il manquera de livres, de professeurs ou de docteurs qu’il puisse consulter, quoique cependant, il doive répondre aux questions qu’on lui fera ou aux objections parfois difficiles qu’on lui opposera, particulièrement s’il se trouve parmi une population où les études scientifiques soient en honneur ; et, dans ce cas, il ne conviendrait certes pas que les messagers de la vérité fussent inférieurs aux ministres de l’erreur. » II est bon de se souvenir que le missionnaire aujourd’hui peut rencontrer partout des ministres protestants, sortis des universités d’Europe ou d’Amérique.

Tel est également l’enseignement de Pie XI dans sa lettre Unigenitus Dei.

3° Quant à la formation professionnelle, le pape Benoît XV l’indique également dans la lettre Maximum illud, quand il insiste sur l’étude des langues des pays de mission.

Ici, contrairement à ce qui a lieu pour les études précédentes, il n’y a pas de direction générale, mais chaque congrégation ou séminaire agit suivant les besoins des temps et des lieux.

L’étude de l’anglais et du français est recommandée partout, car à peu près partout ces langues sont parlées. Les missionnaires de Steyl traitent d’une manière spéciale de la géographie et de l’histoire des missions pendant les années classiques ; les années suivantes, ils ont des cours de langues, d’ethnologie, ou des cours d’infirmiers. Les pères du Saint-Esprit renseignent sur l’hygiène tropicale. Les palloltins font des cours d’ethnographie adaptée aux missions. Les bénédictins de Sainte-Odile en ont sur les missions, le droit colonial, l’hygiène, la comptabilité. Les pères blancs ajoutent aux six années de philosophie et de théologie, une septième année de préparation immédiate pendant laquelle de vieux missionnaires leur enseignent la catéchèse et la pastorale des missions, le droit colonial. I.es jésuites parfois envoient entre leur philosophie et leur théologie les jeunes gens qu’ils destinent aux missions, faire sur place un stage de deux ou quatre ans dans une des stations de la mission ; là ils enseignent les enfants, apprennent les langues, s’initient à l’apostolat direct.

Cette triple formation, pour les congrégations ou séminaires d’Europe, se donne dans des maisons spéciales ou collèges, dépendant de la Propagande onde la Congrégation pour l’Église orientale, fondés au cours des derniers siècles à Rome et ailleurs, et