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    1. MISSIONS##


MISSIONS. DIRECTION CENTRALE

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oublier qu’il y a là clos diocèses relevant du Patronat portugais, et d’autres qui sont de rite oriental, lesquels, vu le nombre des infidèles, doivent encore passer pour pays de mission, et qui ne figurent point sur les listes de la Propagande. Par ailleurs, aux Philippines, où les évêehés relèvent de la Consistoriale et où la Propagande ne revendique qu’une préfecture, il faudra se souvenir que, dans le diocèse de Zamboanga et autres, il y a de véritables missions. non seulement d’infidèles, mais de sauvages.

Une nuance est encore à noter. Le mot mission a dans certains ras un sens technique. Théoriquement, les Églises, dans leur développement passent par les phases suivantes.

Elles commencent par être simples missions, territoires taillés en pleine terre vierge ou séparés d’une Église préexistante, confiés à un groupe spécial de travailleurs sous un supérieur plus ou moins indépendant (mission des trinitaires ou des prémontrés à .Madagascar). Puis elles deviennent prélecture sous un chef qui ordinairement n’est pas évêque, puis vicariat, quand ce chef reçoit l’onction épiscopale : circonscriptions autonomes, mais qui sont appelées à devenir quelque chose de mieux, des diocèses. Mais il s’en faut que toutes les Églises passent par ces trois phases.

Le mot mission, terme général pour une vaste catégorie d’Églises en formation, s’appliquera donc d’une façon spéciale à celles dont la formation ne fait que commencer, ou qui est relardée.

Dans cet article on étudiera successivement ; 1° la haute direction des missions ; 2° le personnel employé aux missions (col. 1878) ; 3° la répartition géographique des missions (col. 1921) ; 4° les œuvres annexes (col. 1952).

I. LA HAUTE DIRECTION DES MISSIONS. —

N. B. — Pour toute cette partie, nous dépendons étroitement du P. B. Arens (Manuel des missions catholiques) que bien souvent nous ne faisons qu’abréger. Cuique suum.

f. La direction centrale. If. Le gouvernement direct des missions (col. 1871).

I. La direction centrale. - Elle est formée par trois grands organes romains, la Propagande, la Congrégation pour l’Eglise orientale, enfin, pour certains cas exceptionnels, la Consistoriale.

I. LA PROPAGANDE.

La direction centrale des missions est avant tout entre les mains du pape.

Le pape, qui est le magistère suprême dans l’Église, de qui tout relève, qui a tous les pouvoirs et les communique à qui il lui plaît, et dans la mesure qui convient, est le vrai chef des missions et des pays de missions. L’est lui qui en distribue les territoires à tel ou tel institut, qui délègue ses pouvoirs à telle congrégation romaine, qui tranche par lui-même ou par les congrégations les cas de doctrine, de morale ou de discipline qui peuvent se présenter. Son organe est la Congrégation de la Propagande.

1° Histoire. Pendant de longs siècles, alors que

les initiatives des mouvements missionnaires venaient de tel évêque, de tel saint, de tel ordre religieux, sous la direction souvent lointaine et la surveillance « le Rome’, et que ces mouvements n’étaient ni aussi étendus ni aussi complexes qu’ils le sont devenus en ces derniers siècles, les missions dépendaient à Home dis organes ordinaires du Saint-Siège, eu particulier, pour les décisions capitales, de ces réunions extraor dinaires des cardinaux et du souverain pontife, que l’on appelle consistoires. Mais, à mesure que les missions se développèrent, qu’elles se répandirent dans des pays de plus en plus éloignés et de plus en plus différents, et qu’elles furent confiées à un plus grand nombre d’ordres ou de congrégations religieuses, le

besoin d’un organisme central de qui tout relevât, se lit de plus en plus sentir. Déjà vers la fin du xiir siècle, le bienheureux Raymond I.ulle. (). S. F., avait remarqué cette nécessité et conçu le plan d’une sorte de Propagande // H. Raimondo I.ulloe i primo ideali di Propaganda, (Osservatore romano, n° 84, 12 avril 1923). Cependant on dut attendre encore longtemps pour un premier essai de réalisation et plus longtemps encore pour la création définitive (1622).

Le 2 août 1568, saint François de Borgia, alors général dtt la Compagnie de Jésus, annonçait au P. Natal, secrétaire de la même Compagnie, que le souverain pontife, alors saint Pie V, venait de nommer deux commissions de cardinaux, l’une pour ramener les hérétiques à la vrai foi, et l’autre pour la conversion des infidèles. L’initiative pourrait bien être venue deBorgia, lui-même grand fondateur de missions.

Après Pie V, Grégoire XIII, son successeur, convoqua, pour s’occuper des rites orientaux et de la réunion des Églises schismatiques, une troisième congrégation composée des cardinaux Caraffa, Mcdicis et et Santorio, qui devait tenir séance chaque semaine et se réunir tous les quinze jours chez le pape, afin de délibérer avec lui sur ces questions. Sixte V. à qui l’évêque de Tournai, Mgr. Doutenville (G. Goyau, L’Eglise en marche, 1928, p. ôâ, 89) avait cependant présenté un curieux mémoire pour la création de séminaires destinés à préparer des ouvriers pour les missions étrangères, ce pape, qui créa quinze grandes congrégations chargées de gérer toutes les affaires ecclésiastiques, n’institua rien pour les missions. Ses trois successeurs, Urbain VII, Grégoire XIV et Innocent IX, n’eurent pas le temps, vu la brièveté de leur pontificat, de rien faire en ce sens.

Après eux, reprenant l’œuvre de Pie V, Clément VIII institua une congrégation de cardinaux pour l’examen des questions générales relatives aux missions ; et il semble que cette congrégation s’en occupa activement sous l’influence du cardinal Santorio. Mais Paul V, qui occupa la chaire de saint Pierre de 1605 à 1621, ne paraît pas avoir fait appel à cette congrégation, ni en avoir créé une autre dans le même but. L’idée cependant n’était pas abandonnée, et des efforts soutenus étaient tentés de divers côtés pour en amener la réalisation, tout spécialement par le carme déchaussé, Thomas de Jésus, par le P. Dominique de Jésus-Marie, prieur général du même ordre, qui aurait recueilli pour ladite Congrégation des missions un capital de 400 000 francs, et par lecapucin Girolamo de Narnj, prédicateur apos toliquc sous les pontificats de Paul V et de Grégoire XV, et intimé ami de ce dernier, quand il étail encore le cardinal Ludovisi.

Élu pape en 1621 sous le nom de Grégoire W. Ludovisi, dès le (i janvier 1622, nomma une com mission composée de 13 cardinaux et de 2 prélats pour étudier la création projetée. Elle se réunit pour la première fois chez le cardinal Sauli le 14 janvier : et le 22, par la constitution Inscrutabili dioinæ, le souverain pontife proclama l’érection canonique de la Sunc/u Congregalio de propaganda /ide dont, le 1 I décembre de la même année, par son motu proprio (’uni inter multipliées, il régla les attributions et les pouvoirs.

La Propagande était fondée. Diverses commissions lui furent adjointes dans la suite des temps et certaines modifications lui ont été apportées, principalement dans ces dernières années. Le 6 janvier 1862, par sa bulle Romani pontifices, Pie IX établi ! la CotigregatiO de propaganda /ide pro negotiis RtltlS Orirnlalis. à qui il donna une organisation autonome, sous les ordres du préfet de la Propagande. Plus tard par sa bulle Sapientt consilio, du 29 juin 191 I. pou