Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée

1347 MESSE DANS LA LITURGIE, L’ANAPHORE D’HIPPOLYTE

1348

les autres formules eucharistiques. Il arrivait même à cette conclusion, comme ou le voit par le sous-titre, que ce document n’est rien de moins que l’anaphore primitive, l’anaphore apostolique, la formule même laissée par les apôtres à l'Église. Dès ce moment, et tout en admirant l'érudition et l’ingéniosité de ces recherches, on était tenu de faire les plus expresses réserves sur ces conclusions. Depuis ce temps les travaux de dom Connolly, dont la théorie concordait avec celle de Ed. Schwartz, sont arrivés à démontrer de la façon la plus convaincante que cette anaphore est l'œuvre de saint 1 Iippolyte, et qu’elle a été composée à Rome dans les trente premières années du me siècle. Ces conclusions ont été adoptées par la plupart des savants, et dom Cagin lui-même, non sans quelques réserves, s’est rangé à cette opinion. Nous donnerons tout à l’heure l'énoncé des principaux travaux composés autour de ce texte célèbre.

Nous nous contenterons de dire ici en quelques mots que l’anaphore d’Hippolyte est donnée à propos de l’ordination d’un évêque dans un ouvrage que l’on a longtemps appelé la Constitution égyptienne ou les Statuts des apôtres, et qui se trouve être en réalité V ânoGzolixrj TrapâSoaiç ou traditio apostolica de saint Hippolyte (Hippolyte, col. 2502 sq.).Nous ne l’avons pas dans l’original mais dans une traduction latine, les fragmenta veronensia cités ci-dessus, puis dans des traductions en copte, en arabe et en éthiopien. Ces dernières éditées et traduites par G. Horner, The slalules oj the aposlles, 1904, p. 244 sq. et 306 sq. Ajoutons que la traduction de l’anaphore dont nous avons à nous occuper se trouve p. 138, 139 de cet ouvrage, et que les Constitutions apostoliques. l'Épitomè en grec, les Canons d’Hippolyte en arabe, et le Testament de N.-S. en syriaque, ont tous exploité sans réserve la traditio apostolica ; et ce n’est pas le moindre avantage de la découverte de dom Connolly d’avoir changé nos perspectives sur ce point, et de nous avoir permis un classement rigoureux de ces divers ouvrages si longtemps discutés. Pour les travaux de Funk, Achelis et autres, voir Constitutions apostoliques.

L’importance d’un texte eucharistique daté et situé n'échappera à personne. Aussi le donnerons-nous ici d’après Hauler en prévenant le lecteur qu’il ne faut pas considérer comme définitif un texte qui n’est qu’une traduction de l’original grec. L’apostolica traditio attend maintenant un philologue habile et consciencieux dont la tâche ne sera du reste pas facile. Tel quel, notre texte permet de se rendre compte de la conception eucharistique d’Hippolyte.

…quicumque factus fuerit episcopus, omnes os ofierant pacis, salutantes eum, quia dignus effectus est.

Illi vero oHerant diacones oblationem, quique imponens manus in eam cum omni pra-sbyterio dicat gratias agens.

Dominas vobiscum, et omnes dicant : Et cum spiritu tuo.

Sursum corda. Habemus ad Dominum.

Gratias agamus Domino. Dignum et justum est.

Et sic jam prosequatur :

Gratias tibi referimus, Dcus, per dilectum puerum tuum Jesum Cliristum, quem in ultimis temporibus misisti nobis salvatorem et redemptorem et angelum voluntatis tuæ ;

qui est verbum tuum inseparabilem, per quem omnia fecisti et bene placitum tibi fuit ; misisti de cielo in matricem virginis, quique in utero habitus incarnatus est, et liliws tibi extensus est ex Spiritu Sancto et virgine natus ; qui voluntatem tuam complens et populum sanctum tibi adquirens, extendit manus, (-uni pateretur, ut a passione Ilberaret eos

qui in le crediderunt ; qui clinique traderetur voluntarix passioni, ut

iiiorteni solvat, et vincula diaboli dirumpat et infernum calcet et jusios lntuminet

et terminum figat

et resurrectionem manifestet,

accipiens panem, gratias tibi agens dixit : accipite, mandu cate : hoc est corpus meura, quod pro vobis confringetur. similiter et calicem dicens : Hic est sanguis meus, qui

pro vobis effunditur ; quando hoc facitis, meani commemorationem facitis.

Memores igitur mortis et resurrectionis ejus offerimus tibi panem et calicem gratias tibi agentes, quia nos dignos habuisti adstare coram te et tibi ministrare.

Et petimus, ut mittas Spiritum tuum Sanctum in oblationem sanctse Ecclesia ;  ; in unum congregans de omnibus, qui percipiunt, sanctis in repletionem Spiritus Sancti ad confirmationem fldei in veritate, ut te laudemus et glorificemus, per puerum tuum Jesum Christum per quem tibi gloria et honor, Patri et Filio cum Sancto Spiritu, in sancta Ecclesia tua, et nunc et in ssecula sreculorum. Amen.

Hauler, op. cit., p. 106, 107 ; dom Cagin, Eucharistia, a reproduit ce texte, p. 121 et aussi p. 294, où il a essayé, non sans succès, une restitution du texte grec original. Connolly en a donné une traduction en anglais. Voir plus loin le titre des travaux publiés sur ce sujet.

Nous ferons sur ce texte précieux les observations suivantes. Cette anaphore assez sommaire, comme on le voit, n’est donnée par son auteur que comme un modèle de prière eucharistique proposé à l'évêque, et non comme la norme à suivre, moins encore le prototype de toutes les liturgies émané des apôtres eux-mêmes. Un point sur lequel il faut insister, et sa composition en est une nouvelle preuve, c’est que l’improvisation est à cette époque la loi de la prière. On improvise les doxologies, les prières litaniques, même l’anaphore eucharistique. A l’appui de ce fait, il existe des textes très nombreux que l’on pourrait citer ici. Dom Cagin lui-même en est convenu dans son Anaphore apostolique.

Nous reconnaissons volontiers du reste que ces improvisations ne s'écartaient pas d’un certain thème général et même que certaines formules, celles du Credo, celle du baptême, celle de la consécration par exemple, avaient une tendance à se fixer ne varietur. De cet usage aussi on pourrait donner de nombreux exemples.

Un docteur comme Hippolyte s’inspirait naturellement de la tradition, et l’on a pu faire à propos de son anaphore des comparaisons intéressantes avec les lettres de saint Ignace, celle de Polycarpe, et surtout avec saint Paul. Tous ces archaïsmes que l’on a soigneusement relevés ne sont pas pour nous étonner.

On remarquera aussi que la traditio apostolica ne prétend pas donner le texte de la messe au complet, mais seulement l’anaphore, c’est-à-dire la prière récitée par le prêtre sur l’eucharistie. Il n’est pas question d’avant-messe, ni de fraction, ni de communion qui cependant faisaient à cette époque partie intégrante de la messe. Mais plus loin, dans le même document à propos des ordinations et du baptême, nous trouvons des allusions à la messe et à la communion que nous devons donner.

Après le baptême et les onctions d’huile une allusion, selon nous, à la prière des fidèles. En effet la prière des fidèles avait lieu après que les catéchumènes et les pénitents avaient été congédiés, c’est-àdire après la messe des catéchumènes.

Et postea jam simul cum onmi populo orent (qui bapti/ati et uncti sunt), non primum orantes cum fidelibus, nisi omnia hsec tuerinl consecuti.

Et cum oraverint, de ore paoem ouvrant. Et tune offe ratur oblatiO a diaconibus episcopo et gratias agat panem

quldem in exemplum quod diclt Grœcus antitypum, corporis Christi : calicem vino mixtum propter antitypum, quod dicit Grœcus simllltudinem, sanguinis quod effusum est pro omnibus qui crediderunt in eum ; lac et melle mixta simul ad plenitudlnem promissionis, qiue ad patres fuit,