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MESSE DANS LA LITURGIE

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les théologiens gréco-russes et les théologiens catholiques sur les quatre fins du sacrifice de la messe.

A côté des manuels de théologie dogmatique, il faut mentionner les catéchismes et les explications des rites liturgiques, qui s’adressent surtout aux simples fidèles. Ces sortes d’ouvrages conservent une couleur byzantine très prononcée, et l’on y retrouve les principales idées exposées par les anciens commentateurs de la liturgie, surtout celle-ci : que la messe est la représentation de toute l'économie. Signalons, parmi ces ouvrages, celui de Jean Nathanaël : 'H 6sf.a XsiToupyîa (j.ETà è^fiyr^soiM Siaçôpcov StSaaxàXcov, Venise, 1574, qui fut traduit en slavon et entra dans la composition de l’ouvrage intitulé Scrigeal approuvé par le concile moscovite de 1656 et publié par le patriarche Nicon ; celui de Nicolas Bulgaris, 'Iepà xaT7)/7]at.ç YJTOt êÇyJYqaiç tîjç 6etaç xal ôepàç Xei-roupylocc, xal è^szrxmç tcov 5(eipoTovo’j[ji.éva)v, édité à Venise en 1683 et plusieurs fois reproduit depuis, encore très lu de nos jours dans les milieux grecs ; le Tapietov ôpGoSoÇtaç de Théophile de Campanie, Venise, 1780, c. xiv-xvii, p. 28-43 de l'édition d’Athènes, 1908, resté également très populaire. Le Grand catéchisme de Philarète de Moscou, estimé par les Russes à l'égal d’une confession de foi, consacre, malgré sa brièveté, plusieurs questions au symbolisme des rites de la messe, et reproduit bien la conception byzantine : « Quelle part doivent prendre à la divine liturgie les simples assistants, qui ne communient pas ? Rép. : Ils peuvent et doivent prendre part à la messe par la prière, la foi et surtout par le souvenir ininterrompu de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a justement recommandé de faire cela en sa mémoire. — Quel souvenir convient-il d'évoquer, au moment où a lieu la procession pour l'évangile ( = la petite entrée) ? Rép. : Le souvenir de Jésus-Christ paraissant pour prêcher l'Évangile. Aussi pendant la lecture dt l'évangile, il faut avoir l’attention et la piété que nous aurions, si nous voyions et entendions Jésus-Christ luimême. — A quoi faut-il penser, quand a lieu la procession pour le tranfert des dons à l’autel (= la grande entrée)? Rép. : Il faut penser à Jésus-Christ allant à son émouvante passion comme une victime à l’immolation, et se souvenir aussi que plus de douze légions d’anges sont là prêtes à le garder comme leur tsar (Le tsar des tsars et le Seigneur des Seigneurs s’avance pour être immolé, dit un tropaire de la messe du samedi saint). — A quoi faut-il penser au moment même de l’accomplissement du mystère, et quand les ministres sacrés communient à l’autel ? Rép. : A la cène mystique de Jésus-Christ lui-même avec les Apôtres, à sa passion, à sa mort et à son ensevelissement. — Que représentent, après cela, l'écartement du voile du sanctuaire, l’ouverture des portes impériales et l’apparition des saints dons ? Rép. : L’apparition de JésusChrist lui-même, à la résurrection. — Que représente la dernière ostension des saints dons au peuple, après laquelle ceux-ci sont cachés ? Rép. : L’ascension de Jésus-Christ au ciel. » Mieux que l’exposé technique d’un manuel de théologie dogmatique, ces brèves demandes et réponses, nous disent la foi vivante de l'Église russe au sacrifice de la messe mémorial de la passion du Sauveur, évocation mystique des principaux mystères de sa vie.

Sur la controverse : Tu es celui qui offre qui est offert et qui reçoit, voir : Mai', Spicilcqium Romanum, t. x, Rome, 1844, p. 1-96 ; Migne, P. G., t. cxl, col. 137-202 ; Nicétas Acominatos, De Manuele Comneno, t. VII, 5, P. G., t. cxxxix, col. 560-564 ; Allatius, De perpétua consensione Ecclesiæ occidentalis atque orienlalis, t. II, c.xii, 5, Cologne, 1648, col. 690-692 ; du même. In Roberli Creyghtoni apparalum, versionem et notas ad hisioriam concilii Florenlini scriptam a Sylucstro Syropulo de imione inter Grœcos et Dalinos exercitationes, Exerc. xxvi, p. 522-538 ; Kinnamos, Hislor., t. IV, c. xvi, P G., t. cxxxiii, col. 517-521 ; Andronic Dimitracopoulos, NixoXâou ètcktxotcou MeOwvt, : Xoyoi 6°jo v.ol-o. tyjç aip£<T£a)i ; tûv ÀjyovTiov tt, v acdTTJptav ûicèp T, jj.(i>v 0-jCTtav [17] zr TpiTb71017TaT bEÔxrfiiTÇoaoLyftrpoii, i), Xà t< ; > Ilarpl fj.6 vu. 'Leipzig, 1865 ; du même, 'ExxXïicrtaTiAY] [icôXiof) /, L-<-, , Leipzig, 1866, p. 345 sq.

Sur la controverse relative à l’incorruptibilité du corps de Jésus-Christ dans l’eucharistie : Nicétas Acominatos, ©Yjtravipbi ; tr, ; ôpÔoSbEtaç, t. XXVII, publié dans les Prolégomènes à l'édition des chapitres théologiques de Michel Glykas par Sophrone Eustratiadès, Mi/xt'/ : o-J rXvLi eu rixç adopta ; tvjç Ôetaç ypaf ?, ; xEipàXaia, t. I, Athènes, 1906, p. /'-p.' ; Michel Glykas, c. i.ix et Lxxxiii, publiés par S. Eustratiadès, op. cit., t. ii, p. 133-135, 348379, Alexandrie, 1912 (comme nous l’avons dit dans le corps de l’article, le c. Lix, n’est pas autre chose que la fameuse lettre attribuée à Jean Zonaras sur la corruptibilité du corps du Christ, P. G., t. lxxvi, col. 1073, n. 5) ; Pierre Mansour, Lettre à Zacharie, évêque de Doara, et Discours sur le corps immaculé du Christ reçu à la communion, avec la préface de Lequien, P. G., t. xcv, col. 397-412 (nous avons dit que ces deux pièces étaient des écrits supposés, reproduisant des passages entiers des deux chapitres de Michel Glykas sur le sujet) ; Néophyte le Reclus, EuvoïtTtXT] nap ::; -'f3CGT ; 71epi r/j ; vEocpavoOç Sc/ovoia ; î'.te à'^bapTov, e’c’ie qp8xpTY)v ôXpiTTo ; upoc/EXâBïTO rjy.oy.ix (faux titre, puisque l’auteur ne parle que du corps eucharistique), ex 7tvE’jp.ax[v.(i)V Se pïjejEcov àva(içc ?dXo)v r, 7taoE ; E : aacç napiTTfîxja Taç à7to8£t' : Et :, dans le Cod. Paris, græc. 1189, fol. 199 v°-200 v° ; Nicétas Acominatos, De Alexio lsaaci Angeli fratre, t. III, 3, P. G., t. cxxxix, col. 893-898 ; Allatius, De perpétua consensione, t. II, c. xiii, 3, col. 702703, et Exercit.xxw in Creightonum, p. 538-549 ; les auteurs de la Perpétuité de la foi de l'Église catholique sur l’eucharistie, édit. Migne, 1. 1. col. 711-725, et t. iv, col. 565-593, sur le xxme chapitre de l’Hodégos d’Anastase le Sinaïte ; t. iv, col. 677-696, sur la Lettre à Zacharie et le Discours sur le corps du Seigneur de Pierre Mansour ; t. iv, col. 611642, sur la controverse soulevée par Michel Glvkas (cf. sur le même sujet, t. i, col. 413-419) ; t.iv, col. 523-526, sur l’histoire de saint Arsène.

M. Jugie.


VIII. LA MESSE DANS LA LITURGIE. —

Notre tâche dans cet article devra se borner à traiter :
1° de la messe dans les plus anciens documents liturgiques, la 7rapdc80aiç de saint Hippolyle (la question de la Didachè a été traitée dans une section précédente, col. 865), VAnaphore de Sérapion, les Constitutions apostoliques, VAnaphore de Balizeh ;
2° La messe dans les liturgies grecques et orientales étant étudiée à Orientales (Liturgies grecques et), il nous restera à traiter de la messe dans les liturgies latines, à l’exception de la liturgie romaine ; et dans le
3° de la messe romaine. La question de la messe ambrosienne est traitée au mot Ambrosienne (liturgie), et celle de la messe mozarabe au mot Mozarabe (liturgie).


I. L’anaphore d’Hippolyte.
II. L’anaphore de Sérapion (col. 1351).
III. L’anaphore des Constitutions apostoliques (col. 1355).
IV. L’anaphore du Testamentum Domini (col. 1360).
V. L’anaphore de Balizeh (col. 1363).
VI. La révolution liturgique en Occident au IVe et au Ve siècle (col. 1365).
VII. Le De sacramentis du Pseudo Ambroise (col. 1367).
VIII. La liturgie gallicane (col. 1369).
IX. Les liturgies celtiques (col. 1379).
X. La liturgie romaine (col. 1382).

I. L’anaphore d’Hippolyte. —

Le texte.

Ce texte désormais fameux a été édité en latin d’abord par Ed. Hauler, Didascaliæ Apostolorum fragmenta veronensia latina. Accedunt canonum qui dicuntur apostolorum et.Egyptiorum reliquiæ, fasc. prior, Leipzig, 1900. L’anaphore est p. 106-107.

C’est là que dom Cagin l’a trouvée et il en a fait un commentaire d’une richesse incomparable dans son Eucharistia, canon primitif de la messe ou formulaire essentiel et premier de toutes les liturgies (Rome, Paris, Tournai, 1912), rapprochant le texte de cette anaphore de celui des autres liturgies, étudiant à cette occasion le canon de la messe romaine et