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MINIMES — MINISTRE DES SACREMENTS


Le P. Maignan composa aussi deux volumes de théologie : Sacra theologia, Lyon, 1661, et un autre sur le prêt à intérêt : De usu licito pecunise, Toulouse, 1673.

La question des espèces eucharistiques semble avoir été l’une de celles qui intéressèrent le plus vivement les théologiens appartenant à l’ordre des minimes. Le P. Salier (1615-1707) consacra même à cette question un volume entier : Historia scolastica de speciebus eucharisticis, Lyon, 1C87. C’est un travail de théologie positive.

Les minimes ne négligaient pas la théologie proprement scolastique et spéculative. Jamais cependant, ils ne constituèrent une école ayant ses thèses propres, à la façon des écoles dominicaine ou franciscaine. Les théologiens que nous allons citer se rattachent avec une liberté plus ou moins grande aux écoles déjà existantes, en particulier au thomisme.

En 1654, le P. Ruteau († 1657) donnait au public un Commentaiium in 7 am partem Divi Thomse : de Deo uno, Anvers, et en 1656. L. Lallemandet (| 1660) cherchait à rester fidèle au Docteur angélique tout en ménageant Duns Scot dans le Cursus theologicus in quo discussis hinc inde thomistarum et scotistarum prœcipuis jundamentis decisiva sententia pronuntiatur, Lyon, 1656. En Espagne, le P. F. Palanco (16571720) se montre résolument thomiste et rejette le système moliniste de la grâce dans son traité De providenlia Dei concordata cum humana libertate et sanctitate divina, Salamanque, 1692. Le P. A. Boucat de Bourges, cf. art. Boucat, est lui aussi un représentant de l’école thomiste dans les 5 volumes de sa Theologia patrum dogmatica scolastica-positiva, Paris, 1718-1726, ouvrage vraiment excellent où il expose avec ampleur les opinions adverses. Cet ouvrage contient les onze traités suivants : 1. De Deo uno ejusque attributis in génère. 2. De invisibilitate et visibilitate Dei. 3. De intellectu et scientia Dei. 4. De voluniate Dei. 5. De Deo trino. 6. De Deo creatore et præmotore, de angelis, de opère sex dierum et de homine. 7. De Deo incarnato. 8. De gratia mediatoris. 9. De actibus humanis. 10. De Deo pastore : ubi de fide et charitate, de regulis fidei, maxime vero de Scriptura sacra, de Ecclesia et conciliis. 11. De sacramentis lam in génère quam in speciali.

— - Dans ses leçons de théologie publiées sous ce titre : In sacram de Deo scientiam dissertationes sclcclae hisloricæ scolastieæ, Naples, 1730-1739, le P. Perimezzi, (1670-1740) fit une part égale aux opinions de saint Thomas, de Vasquez et de Suarcz.

Après les théologiens dogmatiques, il faudrait citer les moralistes, les exégètes, rappeler à ce propos le nom de Mersenne, et y ajouter celui du P. Rangueil († 1623) auteur d’un commentaire sur les livres des Rois, et du P. Masson (1620-1700) qui composa divers travaux sur l’Ancien Testament. La place des minimes dans le renouveau mystique du xviie siècle mériterait d’être étudiée de plus près : il faut nous borner à citer quelques noms et quelques livres, par exemple la Theologia mystica du P. G. Lopez Navarro, Madrid, 16 12, et la Théologie mystique de saint François de Paule, par le P. Adrien Roussel, Munich, 1053. Il ne leur suffit pas d’ailleurs de commenter les enseignements de leur saint Fondateur : tout en restant fidèles à la devise rutilas qu’il leur avait laissée, ils surent se mettre a l’école des écrivains plus récents, de saint François de Sales notamment, dont le P. Rouillart publia, eu 16 : ’, ."), le Testament évangélique suivi peu après par le Bouquet mystique.

Parmi les minimes qui exercèrent une influence religieuse profonde par leurs écrits et par leur vie, l’un des plus notables est le 1’. Simon Martin († 1653), tiagiographe, qui l’ut surnommé le prince des chrono logistes et se cpierella avec l’élan : écrivain spirituel,

il traduisit les œuvres de Louis de Grenade. Le

P. Nicolas Barré (1621-1086) religieux très fervent, directeur goûté, fonda l’Institut des écoles charitables du Saint-EnfantJésus (Dames de Saint-Maur). Cf. sa Vie par le P. Henri de GreiLes, Bar-le-Duc, 1892. Le P. Giry (1638-1688), cf. art. Giry, continua en hagiographie l’œuvre du P. Martin. Avant de se livrer à ses importants travaux théologiques, le P. Boucat avait fait paraître, à l’époque du quiétisme, un petit volume sur le Repos en Dieu, Rouen 1696. Au xviiie siècle, le P. Michel-Ange Marin (1698 1767) chercha à adapter la spiritualité à différentes catégories de personnes : de là les titres amusants de ses ouvrages : Adélaïde de Wisbourg ou la pieuse pensionnaire, Avignon, 1711 ; Virginie ou la Vierge chrétienne, Avignon 1752. Il compila également une énorme Vie des pères du désert, 1764. Voir son article.

L’œuvre littéraire des minimes est donc considérable : il sera possible de compléter le tableau sommaire que nous avons essayé d’en présenter, ei> parcourant les ouvrages assez nombreux que les minimes ont consacrés à l’histoire de leur Ordre. En premier lieu, le Chronicon générale ordinis Minimorum, Paris, 1634, par le P. Lanovius (de la Noue, 1595-1670) qui avant la publication du grand travail du P. Roberti était celui où il était possible de trouver le plus grand nombre de renseignements relatifs à l’histoire de l’ordre au xvie et dans le premier quart du xviie siècle. Outre l’Histoire générale de l’Ordre, 1624, de Dony d’Attichy, il faut mentionner la Cronicu générale de la Orden de los Minimos, Madrid, 1619, par le P. de Montbya, et le Diarium Minimorum, Paris, 1709, par le P. Thuillier.

La Révolution devait porter un coup terrible aux minimes, surtout à leurs couvents français. Dans les années qui précédèrent la crise, le P. Jacquier (17111788) de Vitry-le-François devint célèbre par ses travaux scientifiques et philosophiques. C’est dans l’école de Brienne tenue par les minimes que fut élevé Napoléon Bonaparte.

L’ordre des minimes survécut à la Révolution, particulièrement en Italie, où il compte encore à l’heure actuelle un petit nombre de couvents.

Aux ouvrages cités dans le texte, il faut ajouter : Pour la Vie de saint François de Paule, les Bollandistes, Acta sanctorum, 2 avril ; P. A. Dondé, Les figures et l’abrégé de la oie, de la mort et des miracles de S. François de Paule, Paris, 1681 ; Giry, Vie de S. François de Paule, Paris, 1699 ; Pradier, idem, Paris, 1902. Pour l’histoire des minimes, consulter surtout : Roberti, Disegno slorico dell’ordine de Minimi délia morte dei sanlo Inslitulore fino ai nostri tempi, t. i, (1507-1600), Rome, 1902, t. n (1600-1790), Rome 1909, t. m (1700-1800), Rome, 1922 ; pour les minimes de Brienne, cf. abbé Prévost dans Mémoires de la Société académique de l’Aube, t. lxxix, 1915, p. 163-283.

E. Dumoutet.

    1. MINISTRE DES SACREMENTS##


MINISTRE DES SACREMENTS. —

Un sacrement est un signe sensible qui, en vertu de l’institution de Jésus-Christ, produit dans celui auquel il est appliqué la grâce qu’il représente. Celui qui accomplit le signe sacramentel est le ministre du sacrement. Nous dirons : I. Qui peut être ministre du sacrement. IL Les conditions qu’il doit remplir pour que le sacrement soit validement et licitement administré (col. 1779). III. Le rôle exact qui lui revient (col. 1787). IV. L’obligation qui lui incombe, en certains cas, de donner ou de refuser les sacrements (col. 1791).

I. Qui PEUT ÊTRE MINISTRE d’un SACREMENT ? — 1° Seul un homme (liomo) virant peut administrer un sacrement. Il est à peine besoin de le prouver. C’est à son Église de la terre que Jésus a confie ses sacrements ; c’est à des hommes qu’il a donné le pouvoir de les conférer.

l’n ange ne saurait donc être ministre d’un sacrement. Saint Jean Chrvstome voyait, dans cette préro-