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MILÈVE (CONCILES DE) - MILITAIRES (ORDRES ;

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Si dixerimus quia pecealum non liabemus, nos ipsos seducimus et verilas in nobis non est, quisquis sic accipiendum putavcrit ut dicat proptcr humilitatem non oporterc dici nos non habere peccatum, non quia ita vcre est, anathema sit. Scquitur autem apostolus et adjungit : Si autem confessi fuerimus peccata nostra, r’dclis et jiislus est qui dimittat nobis peccata et mundel nos ab omni iniquilale : ubi salis apparet boc non tantum bumiliter, sed etiam veraciter dici. Poterat enim apostolus dicere : Si dixerimus quia non habemus pecealum, nos ipsos extollimus, et humililas in nobis non est ; sed cum ait : Nos ipsos decipimus et veritas in nobis non est, satis ostendit eum, qui dixerit se non babere peccatum, non veruni loqui sed falsum.

8. Item placuit, ut quicunque dixerit in Oratione dominica ideo dicere sanctos Dimitte nobis débita nostra, ut non pro seipsis hoc dicant, quia non est eis jam necessaria ista petitio, sed pro aliis qui sunt in suo populo peccatores ; et ideo non dicere unurnquemquc sanctorum : Dimitte mihi débita mea, sed : dimitte nobis débita nostra, ut boc pro aliis magis quam pro se justus petere intelligatur, anatbema sit. Sanctus enim et justus eiat apostolus Jacobus cum dicebat : / ; i multis ofjendimus omnes. N’am quare additum est omnes, nisi ut ista sententia conveniret psalmo ubi legitur : Ne intres in judicium cum servo tuo, quoniam non justificabitur in conspectu tuo omnis vivens. Et in oratione sapientissimi Salomonis : Non est homo qui non j>eccavit. Et in Iibro sancti Job : In manu omnis hominis signât, ut seiat omnis homo in/irmilatem suam.

l’nde etiam Daniel sanctus et justus, cum in oratione pluraliter diceret : Peccaviinus iniquitatem fecimus, et ca-tera, qua ; ibi veraciter et bumiliter confitetur : ne putaretur, quemadmodum quidam sentiunt, boc non de suis, sed de populi sui potius dixisse peccatis, poslea dixit : Cum orarem, et cou (itérer peccata mea et peccata populi mei Domino Deo meo, noluit dicere : peccata nostra, sed populi sui dixit et sua ; quoniam futuros istos qui tam maie intelligerent, tanquam propbeta prævidit.

disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. » Quiconque entend ces mots dans ce sens que c’est par pure humilité qu’il ne faut pas dire que l’on est sans péché, et non parce que c’est la vérité : qu’il soit anathème. Car l’apôtre continue : « Mais si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner tt nous purifier de toute iniquité. » Où il paraît clairement que ces paroles ne sont point dites par un sentiment d’humilité, mais par celui de la vérité. L’apôtre, en effet, , pouvait dire : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous enorgueillissons et l’humilité n’est point en nous. » Mais en disant : « Nous nous trompons nous-même, et la vérité n’est point en vous, » il montre assez que celui qui se dirait sans péché, dirait non la vérité, mais le mensonge.

De même, quiconque dit que les saints ne prononcent pas pour eux-mêmes ces mots du Pater : « Pardonnez-nous nos péchés », parce qu’ils n’ont plus besoin de faire cette prière pour eux, mais pour les pécheurs de leur peuple, et que c’est pour cette raison que chaque saint dit : « pardonnez-nous nos péchés », et non « pardonnez-moi mes péchés », donnant ainsi à entendre que le juste prie moins pour soi que pour les autres : qu’il soit anathème. En effet, l’apôtre Jacques était saint et juste, quand il disait : « Tous, nous offensons Dieu en bien des choses. » Car, pourquoi ajouter « tous », sinon pour que ce mot fût d’accord avec le psaume, où on lit : « N’entrez point en compte avec votre serviteur, car nul vivant ne sera justifié devant vous. » Et dans la prière du sage Salomon (on lit) : « Il n’y a point d’homme qui n’ait péché. » Et dans le livre du saint (patriarche) Job : « Dieu met un sceau sur la main de tout homme, a fin que tout homme connaisse sa faiblesse. » Ainsi Daniel, saint et juste, dit-il au pluriel dans sa prière : « Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, et le reste de sa confession véridique et humble. Et pour qu’on ne put croire, comme font quelques-uns, qu’il s’agissait non de ses péchés, mais de ceux de son peuple, il ajoute : « Alors que je priais et que je confessais mes péchés et les péchés de mon peuple au Seigneur mon Dieu. » II ne dit pas « nos péchés », mais « les péchés de

9. Item placuit, ut quicunque ipsa verba Dominicæ orationis ubi dicimus : Dimitte nobis débita nostra, ita volunt a sanctis dici ut bumiliter hoc, non veraciter dicatur, anathema sint. Quis enim ferat orantem et non hominibus, sed ipsi Deo mentientem, qui labiis sibi dicit dimitti velle, et corde dicit, qua 1 sibi dimittantur débita se non babere ?

mon peuple et les miens » ; car, étant prophète, il a prévu qu’il se trouverait de ces gens-là pour détourner le sens de ses paroles.

9. De même, ceux qui veulent que les saints prononcent ces paroles du Pater : « Pardonnez-nous nos péchés » par pur sentiment d’humilité et non en toute véracité, qu’ils soient anatbémes. Qui pourrait, en effet, supporter cette idée que celui qui prie ment, non aux hommes, mais à Dieu même en disant des lèvres qu’il souhaite le pardon et de cœur qu’il n’a point de péchés à se faire pardonner ?

En somme les canons sont divisés en trois groupes symétriques : les trois premiers relatifs au péché originel ; les trois suivants à la nature même de la grâce ; les trois derniers, qui ne sont pas exempts de redondance et de répétition, à l’impossibilité d’être sans péché. Chacun d’enlre eux a son très exact parallèle dans les œuvres de saint Augustin.

Outre les collections conciliaires, il faut tenir cempte de Quesnel, Dissertationes in Codicem eanonum ccclesiaslicorum, reproduites par les Ballerini, et qu’on trouvera dans P. L., t. lvi, col. 959 sq., avec les observations des Ballerini ; et, anssi des études de ceux-ci au t. iii, des œuvres de saint Léon reproduites de mime, dans P.L., t. cit., col. 62 sq. ; F. Maassen, Gesehichle der Quellen und der Lileratur des eanonischen Redits, t. i, 1870, p. 163, 167, 169-173 ; Ilefele-Lcclercq, Histoire des conciles, t. n a, p. 134, 18-i, 190 sq.

É. Amann.
    1. MILITAIRES (ORDRES)##


MILITAIRES (ORDRES). — Il n’entre pas dans le plan de ce dictionnaire de traiter en détail la question des ordres religieux militaires. C’est affaire d’histoire et d’apologétique. Il suffira de mentionner ici les principaux de ces ordres, en insistant sur les conditions qui leur ont donné naissance.

Les ordres militaires se sont développés à peu près simultanément sur trois points dé la chrétienté, dans le cours du xiie siècle, enfantés par la même idée qui a inspiré les croisades. Si c’est une action louable de combattre les infidèles, si l’Église en encourage le dessein, en récompense le vœu par une indulgence, on ne voit pas pourquoi un ordre religieux ne mettrait pas au nombre des obligations volontairement acceptées par ses membres le devoir de la guerre sainte. En réalité le religieux militaire n’est qu’un croisé perpétuel. Or la croisade est continue en Orient, où les États chrétiens nés de la grande expédition de 1099 ont sans cesse besoin de renforts, en Espagne où la lutte est menée sans trêve contre le musulman qu’il s’agit d’expulser de la péninsule, en lin au Nord de la chrétienté, sur les rives de la Baltique, où les païens créent un danger permanent,

En Terre sainte.

La première fondation régulière

est celle des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem ; pourtant, comme son nom même l’indique l’ordre n’a pas été dès le début un ordre militaire, mais un ordre hospitalier. D’abord simples desservants de la fondation charitable établie au début du xr siècle au sud-ouest du Saint-Sépulcre, les hospitaliers ne se militariseront qu’au commet cement du xiie siècle, après la fondation du Royaume latin ; encore est-ce d’abord pour continuer leur vocation primitive sous la règle de saint Augustin : il ne s’agit pas seulement d’héberger les pèlerins, mais de les escorter en des régions peu sûres. L’organisation première apparaît vers 1113 : elle sera lentement perfectionnée. Ainsi l’action militaire ne fail eu somme qu’appuyer le