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MICHEL D’ANCHIALOS — MICHEL’DE BOLOGNE


à cet effet, quand il mourut (8 août 1173). Son successeur, Grégoire IV, aussi dévoué que lui à la cause de l’union rencontra sur ce point la plus vive hostilité, motivée moins par l’opposition des races que par l’intransigeance des Byzantins. Le catholicos en référa à Manuel Comnène (1175). Celui-ci répondit sur le tard par une nouvelle ambassade, janvier, 1177 ; cf. Dôlger, op. cit., t. ii, p. 87, n. 1527. Le basileus venait de trouver dans la liturgie des Arméniens des preuves adéquates de leur orthodoxie. De son côté, le patriarche, assagi par les précédents insuccès, se résolvait à user d’économie, et bornait ses prétentions à la suppression de la formule une seule nature en Jésus-Christ. Michel ne devait pas connaître les effets d’une concession qui dut beaucoup coûter à sa fierté. Les négociations se poursuivaient encore quand la mort le frappa lui-même vers mars 1177. Pour toute cette question voir Tournebize, Histoire de l’Arménie, p. 245-253 ; Chalandon, op. cit., p. 655-659.

IL Œuvres. — En dehors du dialogue déjà cité, il ne nous reste de Michel d’Anchialos qu’un seul discours, dont l’authenticité n’est pas douteuse. C’est une adresse à Manuel Comnène conservée dans le cod. Oxon. Baroec. gr. 131, fol. 186 b -190 et le Scor. gr. Y-II-10, fol. 132 r°-139 r°, éditée par W. Regel, Fontes rerum buzcintinarum, fasc. 2, Pétersbourg, 1917, d’après ce dcr.iier manuscrit. A la suite d’AUatius, De utriusque Ecclesiæ occ. et or. perpétua consensione, p. 665, Fabricius, Bibliotheca grwca, t. xi a, p. 227, et Krumbacher, Geschichte der bijzantinischen Litteratur, 2e édit., p. 91, font à Michei f’honneur d’un court mémoire sur la messe des présanctifiés ; cf. A mbros. gr. 290, fol. 2-4 r° ; 290, fol. 97-98 v. Nous n’avons trouvé nulle part la justification de cette attribution. Les diverses suscriptions de manuscrits ne parlent en effet que d’un Michel patriarche ; Stevart auquel s’en prend Allatius ne le désigne pas autrement. En ce cas, il est à peu près sûr que l’auteur de l’opuscule est le patriarche Michel l’Oxite (1143-1146), d’ailleurs connu pour ses ordonnances et ses traités liturgiques. C’est sous le nom de ce patriarche qu’à bon droit l’a édité M. Gédéon, ’Apyeïov èxxXTjaiocaTixYJç taroptoeç, p. 31-36. Fabricius cite également comme ouvrage de Michel d’Anchialos un Synodicon contra Armenos que la seule autorité de Nicolas Comnène Papadopoli, dont il se réclame, ne saurait nous imposer.

Le Régeste de Michel d’Anchialos comprend outre les lettres déjà mentionnées une série d’actes patriarcaux réglementant : 1° La juridiction des évêques en matière d’ordination, cf. P. G., t. cxxxviii, col. 210 sq. : 2<Ta situation des prêtres investis de dignités ecclésiastiques après leur entrée au cloître, Mansi, Concil., t. xxii, col. 129A ; 3° l’exercice des fonctions civiles par les clercs, P. G., ibid., col. 85 ; 4° trois cas de mariages entre parents, cf. Mansi, ibid., col. 122 et 129 BC ; le troisième est inédit dans le Sinait. gr. 482 (1117) fol. 229b-230a ; 5° la répression de rites superstitieux. P. G., ibid., col. 741.

Deux autres actes réforment deux sentences de Luc Chrysobergès, Gédéon, Kavovixal Staxâ^eiç, t. ii, p. 24, 27 ; un troisième dénie aux métropolites le droit de créer de nouveaux évèchés dans leur province. Gédéon, ibid, p. 26. A la naissance du fils du basileus, Alexis, le patriarche prit une mesure extraordinaire et fit prêter par son synode serment à l’héritier présomptif. Cf. Viz. Vremennik, 1895, t.il, p. 388393. — L’acte édité par Allatius, De Eccl. occ. et or. perpet. cons., p. 671 sq., est à tort placé par Dolger. Corpus der griechischen Urkunden des Mitt. und der neueren Zeit, p. 86, n. 1516, sous le pontificat de Michel d’Anchialos en août 1173 ; il se rapporte également à l’administration de Michel l’Oxite (août 11 13} ;

il en est de même d’un autre acte attribué à notre Michel par Zacharise, Jus, ni, 500 (n. 1).

Il existe trois éloges de Michel d’Anchialos dus à Michel Akominatos et à Eustathe de Thessalonique ; l’un est édité par S. P. Lampros, Mt^xviX’ALoy e/àto-j xîx to^ouevoc, t. i, p. 72-92 ; c’est un modèle de rhétorique creuse ; les deux autres, rédigés par Eustathe qui devait beaucoup au défunt, se trouvent dans le Cod. Scorial. Y-Il, 10, fol. 157-164 v » et 164 v°-178 v°, et se trouvent imprimés dans le recueil déjà cité de Regel.

Pour les autres sources, consulter P. Chalandon, Jean II Comnène et Manuel I er Comnène, p. 646-661. On trouvera également dans cet ouvrage une abondante littérature, p. lhi-li v ; les études les plus importantes et les plus récentes ont été citées dans le corps de l’article.

V. Laurent.

    1. MICHEL DE BOLOGNE##


3. MICHEL DE BOLOGNE, savant exé gète et théologien carme du xiv c siècle. I. Vie. IL Œuvres.

I. Vie.

Michel Anguani ou De Anguanis, dit à tort Aiguani, Angriani, etc., plus connu sous le nom de Michel de Bologne, naquit à Bologne. La date de sa naissance nous est inconnue, ainsi que celle de son entrée au couvent des carmes de sa ville natale. Ses supérieurs l’envoyèrent étudier à l’Université de Paris. Plusieurs chapitres généraux le chargèrent d’expliquer les Sentences en cette même ville. Celui de Ferrare, 1357, le nomma pour la septième année, c’est-à-dire 1364 ; celui de Bordeaux, 1358, pour la cinquième année, 1363 ; enfin celui de Trêves, 1362, pour l’année scolaire alors commençante 1362-1363. Dans le catalogue des maîtres de Bologne, Anguani figure comme docteur de Bologne en 1371. Dans les actes du chapitre général d’Aix en Provence, 16 mai 1372, nous le trouvons comme définiteur pour la province carmélitaine de Bologne avec le titre de Maître.

Il fut élu provincial de sa province de Bologne aux chapitres généraux du Puy-en-Velaꝟ. 1375, et de Bruges, 1379. Comme le général Bernard Olerius adhérait au parti du pape d’Avignon, Clément VII, le pape de Rome, Urbain VI, le déposa et nomma xMichel de Bologne vicaire général par bref du 19 avril 1380. Ainsi commença le schime qui divisa l’ordre jusqu’à l’élection de Jean Grossi comme général de tout l’ordre, 26 avril 1411. Anguani eut sous son obédience les religieux des pays qui adhéraient à Urbain V I, tels, par exemple, l’Italie (moins le royaume de Naples), la Flongrie, la Pologne, l’Allemagne, la Flandre, l’Angleterre et la Gascogne, etc. Le nouveau vicaire général convoqua, en 1381, le chapitre général à Vérone, où en vertu d’un bref du pape Urbain VI, on élut des définiteurs suppléants en remplacement de ceux des provinces qui suivaient le parti de Bernard Olerius. Le chapitre ainsi constitué élut à l’unanimité Michel de Bologne comme général et. celui de Bamberg en Bavière, 1385, le confirma dans cette charge. Au dire de certains auteurs, Michel de Bologne aurait en personne visité les couvents carmélitains d’Angleterre ; en réalité il ne le fit que par l’intermédiaire de son frère, Bernard de Bologne, qu’il avait, à cet effet, constitué visiteur général d’Angleterre. Lorsque le général se rendit à Gènes, en 1386, pour y saluer le pape Urbain VI, celui-ci le déposa. On ne sait au juste le motif de cette déposition. Mais les auteurs supposent généralement que cette disgrâce échut à Anguani du fait qu’il adhérait à un cardinal que le pape fit mourir en cette même année, ou parce qu’il était grand ami de l’archidiacre de Burgos, son ancien disciple, personne suspecte à Urbain. Le pape nomma vicaire général à sa place Jean de Raude, alias de Palude, qui fut ensuite élu général au chapitre de Brescia, 26 mai 1387. Quant à Anguani, il se relira en son couvent de Bologne, et s’y adonna avec ardeur