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MICHÉE, LE LIVRE


Os., iv, 1-2 ; vii, l b -2, 3 sq., et, dans l’énoncé des griefs et des menaces de Jahvé, il se trouve des formules empruntées à Amos et à Osée. Cf. Mich., vi, 10-Il et Am., viii, 5-6 ; Mich., vi, 15 et Am., v, 11 ; Mich., vi, 14, et Os., iv, 10. N’est-ce pas d’ailleurs manifestement au royaume du Nord et non à celui de Juda que s’adresse le reproche d’avoir continué à suivre avec une docilité coupable les préceptes des rois impies d’Israël, Omri et Achab, Mich., vi, 16 ? Et ainsi le prophète qui, dans son premier discours, s’émouvait à la perspective de la destruction de Samarie, exprime, en finissant le recueil de ses oracles, la sympathie et les espérances qu’éveillent en Juda les malheurs des Israélites du Nord.

La correspondance entre les idées religieuses des c. i-v et vi-vii, particulièrement au sujet de la bonté de Jahvé qui ne sévit que contraint par les crimes de son peuple, ii, 7-8 et vi, 3, et de l’inutilité des manifestations extérieures du culte, si elles ne sont accompagnées de l’observation fidèle des devoirs moraux, m, 4 et vi, G-8, confirme encore l’unité d’auteur de ces différents chapitres.

Rien ne s’y oppose non plus du côté de la langue ou du style, bien au contraire, car on peut relever, entre les c. vi-vii et le reste du livre, certaines affinités littéraires, tel l’emploi de particules dans un sens assez rare, ’attâh, par exemple, dans un sens relatif : iv, 7, 9, 14 et vii, 4, 10, et betôk équivalent à be ; n, 12 ; iii, 3 et vii, 14. On peut noter encore, comme indices d’origine commune, l’analogie des introductions de i, 2-4, et de vi, 1-2, la tournure dramatique et les changements d’interlocuteurs dans l’ensemble du livre, les réminiscences des oracles d’Amos et d’Osée : Mich., ii, 3 et Am., v, 13 ; Mich., iii, 2 et Am., v, 15 ; Mich., i, 7 et Os., ii, 4 ; Mich., iii, 6 et Os., iv, 5 ; pour celles qui se trouvent dans les derniers chapitres de Michée voir plus haut.

On peut remarquer enfin que le c. vi, avec son idée fondamentale de la préférence de Jahvé pour l’amour, la justice et la miséricorde convient parfaitement à un prophète antérieur à l’exil et à un contemporain d’Isaïe. Cf. Am., v, 21-24 ; Is., i, 11, 25.

De l’ensemble de cette discussion nous pouvons donc conclure à l’unité et à l’authenticité du recueil prophétique attribué à Michée : « L’ensemble harmonieux que forment les trois sections du livre, plaide à lui seul pour leur communauté d’origine. Aux chapitres i-m, nous entendons les menaces prononcées contre Samarie et Sion. Aux chapitres îv-v, Michée célèbre la préservation de Sion en prédisant sa domination future sur les peuples. Aux chapitres vi-vii, il justifie le jugement accompli sur Samarie et exprime des vœux pour sa restauration. C’est une trilogie dont les éléments se présentent dans un parfait enchaînement. » Van Hoonacker, op. cit., p. 353.

L’étude de la question d’authenticité nous a amené à aborder celle de l’époque à laquelle avaient été composés respect i veinent les différents oracles du prophète. Voici, sans prétendre à une précision rigoureuse, bien difficile en pareille matière, les réponses qu’on peut tenir pour vraisemblables : le premier discours est à maintenir avant 722, date de la ruine de Samarie, soit à cause de la menace de cette catastrophe, i, 6, soit à cause de la relation qu’ont entre eux les trois discours constituant l’ensemble du livre ; admises, en effet, les dates ci-dessous proposées poulies deux derniers, il est difficile de déterminer d’autre manière l’époque du premier. Les c. iv-v, en contraste si frappant avec les précédents, supposent des circonstances bien différentes, qui sont à chercher, surtout d’après l’allusion à l’exemple de.Miellée dans le livre de Jérémie, dans une période de calme rétabli par l’éloignement du châtiment annoncé antérieure ment, i-m, un certain temps par conséquent après que le premier discours aura été prononcé. Non pas que des assurances de salut ne soient de mise à une époque aussi troublée, et grosse de menaces que celle où le danger assyrien était pressant, mais le ton des promesses grandioses des c. iv-v ne serait pas alors celui de l’allégresse et de l’enthousiasme qui saluèrent, sans doute, le départ des Assyriens bien loin des murs de Jérusalem. Postérieur également à la ruine de Samarie le dernier discours qui, devant le fait accompli de la catastrophe qui a si durement frappé le royaume d’Israël, formule des vœux pour sa restauration.

L’ordre de ces discours est-il primitif et chronologique ? Rien n’empêche de l’admettre, car il n’y a pas lieu de distinguer ici, comme pour d’autres recueils prophétiques, entre l’auteur même des oracles et leur éditeur ; l’ordre logique, non moins que l’ensemble harmonieux des éléments constitutifs du livre de Michée, permet de penser que c’est le prophète lui-même qui est non seulement l’auteur de l’œuvre qui porte son nom, mais encore l’éditeur.

Pour les critiques, dont nous avons discuté les thèses sur la non-authenticité de tout ou partie des deux derniers discours, bien différente est l’histoire du livre de Michée : « La structure du livre de Michée, dit l’un d’eux, a quelque chose de complexe ; il est malaisé d’expliquer par quel concours de circonstances il a revêtu sa forme actuelle. Les prophéties authentiques elles-mêmes ne sont pas ordonnées d’une façon méthodique ; il est encore plus difficile de dire quand, comment et pourquoi les morceaux les plus tardifs ont étéadjcintsà la collection. Divers critiques ont cherché à reconstituer par des suppositions ingénieuses, le processus historique et littéraire dont le livre de Michée est le résultat. Ces tentatives, pour intéressantes qu’elles soient, présentent un caractère trop subjectif et trop aléatoire pour que nous nous y arrêtions. » L. Gautier, Introduction à l’Ancien Testament, Lausanne, 2e édit., 1914, p. 506.

Texte.

1. État. — -Les quelques versets, au sujet

desquels s’est posée la question d’interpolation ou de transposition, intéressent plutôt l’histoire du texte que celle de sa composition.

Ce texte nous est parvenu dans un état défectueux ; seul, parmi les Petits Prophètes, celui d’Osée est encore plus altéré. Bien des corrections, en effet, sont nécessaires. J. M. P. Smith, dans son commentaire, en signale plus de 80, dont près de la moitié se trouvent dans les deux premiers chapitres, prépondérance à attribuer, en partie tout au moins, au grand nombre de noms propres dans ces chapitres. Dans bien des cas, les Septante permettent d’heureuses corrections du texte massorétique ; la version syriaque, à cause de sa dépendance de la version grecque, est loin d’offrir les mêmes ressources ; la version d’Aquila non plus que la Vulgate ne sont d’un grand secours. Cf. V. Ryssel, Die arabische Ucberselzung des Micha in der l’ariser und Londoner Polyglotte, dans Zeitschri/t /tir die A. T. Wissenscha/t, 1885, t. v, p. 102-138 ; Untersuchungen ùber die Textgestalt und die Echtheii des Bûches Micha, Leipzig, 1887 ; M. Sebôk, Die syrische l’cbersetzung der zwôlf kleinen Propheten und ihr Verhàltniss zu dem massoretischen Tcxt und tu der allcren Vcbersctzungen namentlich den I.XX und dem Targum, 1887 ; H. P. Smith, The lexl oj Micha, dans Hebraica, 1888, t. iv, p. 75-81 ; J. Taylor, The massoretic tcxt and the ancient versions oj the Book of Micah, 1891.

2. Forme poétique. — La forme poétique des oracles de Michée est indéniable, mais sa reconstitution métrique et strophjque, malgré les nombreux travaux dont elle a déjà été l’objet, n’en demeure pas moins fort incertaine.

Les auteurs des différents systèmes de composition