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MÉTHODE DE CONST ANTINOPLE


Le genre des tourments infligés ne laisse pas de surprendre, même en ces temps de persécution raffinée ; après avoir subi une affreuse flagellation, notre saint fut interné, 7 ans ou 9 ans suivant les documents, dans un bouge aussi étroit qu’infect en compagnie de deux scélérats. Où purgea-t-il cette peine ? Sous quel empereur ? Il est difficile de le dire, trois traditions parallèles s’alirontant dans les sources. Nous retenons comme plus probable celle qui fait de Michel II le bourreau de Méthode, et de l’île Saint-André au-cap . Veritas le lieu de sa réclusion. (Pour l’exposé et la discussion îles diverses opinions, voir Pargoire, dans Échos d’Orient, t. vi, p. 183 sq.) I.e petit tombeau « qu’on montre naïvement aujourd’hui dans l’église Saint-Jean-Baptiste à Antigoni » n’aurait pu garder si longtemps les trois victimes de l’empereur. L’aveu est d’un archéologue orthodoxe. Cf. Byzanlinisehe neugriechische Jahrbilcher, t. v, 1926, p. 85.

Dans la version des faits que nous acceptons, .Méthode, libéré à la mort de Michel II (829), jouit d’abord d’une certaine tranquillité, subit un début de persécution, puis fut admis au palais de Théophile, qu’il suivit dans ses expéditions militaires. Le continuateur de Théophane donne les raisons de cette dernière mesure. I.a science du saint servait les manies intellectuelles de l’empereur ; elle était aussi bonne conseillère. De plus, en l’attachant à sa personne, où qu’il fût, le basileus l’éloignait de Constantinople où son client était très populaire. Thcoph. contin., t. III, c. xxiv, P. G., t. cix, col. 129 ; Pargoire. Échos d’Orient, p. 189. La mort de Théophile (20 janvier 842) le rendit au cloître, et nous le trouvons au début de 843 au monastère d’Elegmi (Vita Miehælis Syncelli, éd. Th. Schmitt, Bulletin de l’Institut archéologique russe ù Constantinople, 1906, t. xi, p. 250).

II. Le pathiarcat.

La régence de Théodora fut fatale à l’iconoclasme ; malheureusement la liquidation de cette hérésie, contre laquelle s’étaient liguées toutes les tendances orthodoxes ne se fit pas sans troubles graves.

Dès le début de la réaction, les studites s’étaient bien imposés aux consciences impériales, mais leurs outrances indisposèrent contre eux la basilissa. Les aumôniers qu’ils avaient à la cour furent renvoyés, leurs candidats au bâton pastoral déboutés, et Méthode, dont saint Joannice avait loué la sagesse et prédit l’élection, fut élevé au patriarcat. Cf. Viia S, Joannicii, c. x, n. 46, Act. sanct., nov., t. ii, p. 371, 372.

On a beaucoup discuté sur la claie exacte de cette nomination ; ce fut certainement au début de mars 843, tbid., p. 319, 320, el Byzant. Zeitschr., 1895, t. iv, p. 150, 451, el non en 842 comme on l’écrivait encore tout récemment (cf. Diction, d’archéol. chrc’L, t. vu a, 1925, col. 286).

1° Méthode et /es iconoclastes. - Envers le clergé Iconoclaste Méthode observa deux attitudes. La première plutôt intransigeante à l’égard des prélats lui fut conseillée par saint Joannice dans un long message ; cf. Vita s..Joannicii, toc. cit., ). 372-374, L’autre plus conciliante régla le cas des prêtres et clercs inférieurs. Évêques et abbés qui s’étaient compromis par leur zèle Iconoclaste furent solennellement déposés. Cf. Vita S. Ignatii, P. G., t. c col. 500 CD ; Vita Miehælis Syncelli, dans Bulletin de l’Institut archéologique russe à Constantinople, 1906, l. xi, p. 250. Ces dignitaires n’étaient pas seulement des indignes, mais des parjures, el il y avait, déclarait Joannice, plus qu’une imprudence, un sacrilège à les maintenir dans les fonctions du sacerdoce, l’n synode prononça leur déchéance (mars 8 13), reconnut les canons du II » concile de Nicée (787)el restaura le culte des images.

L’acte le plus mémorable de cette assemblée fut l’insti tution de la Fête de l’orthodoxie, renouvelable chaque année au premier dimanche de carême.

La première procession solennelle se lit des lilakhernes à Sainte-Sophie le Il mars 843. Cette manifestation ne symbolisa bientôt plus que le triomphe sur l’hérésie en général et. si les strophes de Théophane Graptos rappelèrent toujours l’époque de son institution, le texte du synodicon s’adapta plus d’une fois durant les siècles aux rancunes du parti triomphant. Cf. Ouspenskij, Le synodicon de la Semaine de l’orthodoxie (en russe), Journal du ministère de l’Instruction publique, avril 1891, p. 207-323. Enfin dans le même temps, Méthode obtenait des évêques un vote conditionnel reconnaissant que l’empereur Théophile était mort dans la foi de l’Église. Par ces diverses mesures les convictions religieuses de Théodora retrouvaient leur assurance, et sa piété conjugale ses apaisements. L’orthodoxie triomphait comme en 787, sans réaction violente.

Mais la déposition en bloc des prélats hérétiques avaient laissé des vides qu’il fallait combler. Lepatriarche n’avait pas l’embarras du choix. En mettant de très dures conditions à la réintégration dans. l’Église des fidèles repentants, il réduisait notablement le nombre des candidats instruits dont il avait besoin. Cf. l’ordonnance dans Pitra, Juris eeclesiasticï (irucorum historia et monumenta, t. ii, p. 302 et 363.. Les règlements établis pour le retour des clercs, . prêtres et diacres, les rejetaient au second plan de la hiérarchie ; ils ne devaient être admis qu’à l’épreuve et se trouvaient pour longtemps exclus des honneurs.. Pitra, p. 356, La pénurie de sujets, l’urgence qu’il y avait à pourvoir les sièges vacants portèrent Méthodeà transiger sur les qualités réclamés des candidats, à l’épiscopat. Il se présenta des intrigants et des. incapables qui n’eurent à faire, pour être agréés, , que la preuve de leur orthodoxie. Cf. Vita, n. 16, P. G.^ t. c, col. 1257 C. Le haut clergé s’émut d’une telle négligence et fit de vives représentations. Le patriarche maintint ses élus et procéda contre les récalcitrants, évêques et abbés, par voie d’anathème et de déposition. Ce premier schisme, distinct de celui des studites, dut être absorbé par celui-ci ; il semble avoir été assez grave. Vita, col. 1257 D.

La rigueur des prescriptions canoniques n’alla pas pour les iconoclastes sans quelque compensation. Méthode défendit énergiquement dans son discours inaugural d’user de représailles corporelles envers les vaincus ; sa harangue nous est conservée. Cf. Vita, n. 12-14, col. 1253 D-1258 I). Cependant à la f.n desa vie, aux premiers mois de 847, l’iconoclasme n’avait pas désarmé, comme le constate à cette époque le patriarche de Jérusalem : tSou ar^tpciv

TplETOijÇ 7tX7]pw6évTOÇ ^pfjVOU, XOtî TOÛ TETapTOU àp^OC u.evou, oùSÉva xap-jrôv uxTavotaç…. Trapâ rtvt tcov oXcov 7Uti » 7t0TS SYVWU.SV. Cf. Pitra, op. cit., p. 356. Il avait été trop puissant pour ne pas garder l’espoir de temps meilleurs ; de plus l’intransigeance du patriarche, en fermant aux rebelles le retour aux honneurs, dut les retenir dais l’hérésie, à laquelle plusieurs avalent par ambition sacrifié leur conscience. Contre Méthode, l’arme de cette opposition fui la calomnie, qui obligea le patriarche à d’étranges dépositions. Cf. Theoph. contin., t. IV, c x, P. G., t. ax, col. 172 I), 173 A.

2° Saint Méthode et les studites. - Les [dus violents adversaires de Méthode furent ses alliés de la veille : les Studites. Us créèrent dans l’Église un véritable schisme dont les sources consl aient et la gravité el l’extension. Cf. Vita s. Joannicii, c. xii, Act. sanct., nov. Lu, col. 431.

La preuve en est aussi dans les censures auxquelles en fin de compte il fallut vouer les oppo- »