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METEMPSYCOSE. HISTOIRE


Où en est l’histoire des religions ?, Paris, 1911, t. i, p. 80.

Chine.

Quoique le culte des morts y ait une

grande place, il n’est pas question de réincarnation avant l’introduction du bouddhisme au début du ve siècle de notre ère.

Perse.

 Pas de trace de la métempsycose.

Mme Annie Pesant qui cherche dans toutes les religions antiques des traces de théosophie est obligée d’avouer : La réincarnation ne paraît pas être enseignée dans les ouvrages qu’on a traduits jusqu’à présent, et cette croyance ne se rencontre guère chez les Parsis modernes. » La sugessc antique, Paris, 1912, p. 41. Il est vrai qu’elle ajoute : « .Mais nous trouvons chez eux cette.idée que l’Esprit, dans l’homme, est une étincelle dont la destinée est de devenir un jour flamme et d’être réunie au Feu suprême. Et ceci doit impliquer un développement pour lequel la renaissance est indispensable. » A ce compte, il serait loisible de retrouver la métempsycose dans tout système de panthéisme.

Gaulois.

« Les Druides enseignaient la migration

des âmes. » Chantepic de la Saussaye, Manuel d’histoire des religions, trad. fr., p. 702. On connaît le texte fameux de J. César : Non interire animas, sed ab aliis post mortem traniire ad alios, atque hoc maxime ad virtutem e.vcitari putant, metu mortis negleclo. De bcllo gallico, t. VI, C. xiv.

Inde.

 La métempsycose a trouvé dans l’Inde

son terrain d’élection, cependant cette croyance n’y est pas primitive. La croyance à la transmigration est étrangère à la religion védique ou religion aryenne de l’Inde. Ce sont les brahmanes ou prêtres qui enseignèrent une série infinie de renaissances. Ils supposèrent que les réincarnations animales ou végétales

— auxquelles croyaient les Hindous, comme font beaucoup de sauvages — étaient des châtimerts. Bientôt ils admirent que les bons eux-mêmes, sauf exception, renaissent, et la transmigration leur apparut comme la loi de tout être qui pense, agit ou jouit. Une sorte de physique, avec équivalence et succession du mérite et de la jouissance, du démérite et de la douleur (doctrine du Karman ou de l’acte) expliquera l’univers. Cependant on ne se résigne pas à la perspective d’existences indéfiniment répétées, on aspire au Nirvana, c’est-à-dire à la délivrance de la sensation, de l’action, de la pensée. Cf. L. de la Vallée Poussin, Diction, apolog., t. ii, col. 679 : « Le plus probable est que cette croyance (à la transmigration) absolument étrangère au vieux védisme est un produit de la terre indienne. » Voir aussi Où en est l’histoire des religions ? , t. i, p. 258.

Le plus ancien texte où il soit question d’un retour des morts à la vie est celui-ci : « Tous ceux qui quittent ce monde s’en vont dans la lune. Dans la première partie du mois, la lune s’enfle de leurs souffles vitaux : dans la seconde moitié, elle les excite à renaître. La lune est la porte de la région céleste. Elle laisse passer qui sait répondre à sa question ; qui r.c lui répond pas, elle le repousse vers la terre sous forme de pluie. Les èlres rejetés renaissent, selon leurs œuvres et leur savoir, sous forme de ver, de mile, de poisson, d’oiseau. de lion, de porc, d’are sauvage, de ligre, d’homme ou d’autres êtres, t Kaushîtaki-BrâhmanaUpanishad. Chantepie de la Saussaye, p, 3. r >(> : n La théorie de la transmigration des âmes ne remonte guère plus haut, dans la religion officielle, que les Upanishads les plus anciennes. Si elle se présente dans la partie des Védas, comme on l’a récemment pensé, ce n’est que par éclairs faibles et fugitifs. »

l.a morale des l Ipanishads repose sur la doctrine du Samsara ou la théorie des renaissances, destinée à une si haute et si durable fortune dans l’Inde. I.e point de

départ est la croyance au mal de l’existence. Tant que les âmes individuelles sont séparées de l’Ame universelle et suprême, elles sont hors de leur voie et, par suite, loin du bonheur qui n’est autre que leur absorption dans le centre commun. Or la roue du Samsara, cercle fatal des renaissances, tourne jusqu’à ce que la somme des actes répréhensibles soit compensée par celle des bonnes actions, ou mieux jusqu’à ce que l’homme renonce à l’acte lui-même et éteigne en lui cette soif de l’existence, Trishnà, cause de tout le mal. La pratique du renoncement, l’inaction la plus absolue, l’union par la pensée de notre âme avec l’Ame suprême aboutiront à l’union réelle et définitive de l’une et de l’autre. Cf. Roussel, Diction, apolog., t. ii, col. 652.

Cette absence de désirs, cette ankylose de la pensée, conduit directement à l’absorption dans le Hrahme, ou Nirvana, c’est-à-dire à l’extinction de l’existence individuelle, mot qui fera fortune dans le bouddhisme surtout.

Ce que poursuit le bouddhisme, c’est comme le brahmanisme, la destruction de la personnalité, avec cette différence toutefois que pour le brahmanisme cette destruction consiste dans l’absorption de l’âme individuelle par l’Ame suprême, tandis que le bouddhisme semble ignorer l’Ame suprême, ou du moins il ne s’en occupe pas ; il ne place le salut que dans le Nirvana.

Le dogme de la responsabilité personnelle reste le fondement très solide de la moralité. Mais il aboutit à ur.e conception toute mécanique de la rétribution. L’acte, par lui-même, dégage une force mystérieuse qui provoque la récompense ou le châtiment ; elle remplace avantageusement, dans l’Inde, le fatum capricieux des anciens. Mais comme les Hindous sont très systématiques, il s’ensuit du dogme du Karma que Dieu n’est plus nécessaire pour l’ordre du monde, car celui-ci est soutenu par l’ensemble des actes des créatures ; qu’il n’est plus nécessaire à la rétribution, car celle-ci est réglée par l’acte personnel. Dieu aura si peu de chose à faire que les écoles philosophiques, la plupart du moins, s’en passeront. L. de la Vallée-Poussin, Diction, apolog., t. ii, col. 679 ; La morale bouddhique, Paris, 1927, c. m.

Parmi les cinq connaissances d’ordre thaumaturgique que le bouddhisme assigne pour but à la vie religieuse, il y a le souvenir des anciennes naissances. L. de la Vallée-Poussin, Nirvana, Paris, 1925, p. 21. Le Bouddha et les saints connaissent leurs existences passées et les existences passées des autres hommes. Des méthodes seront fixées par lesquelles l’ascète apprend à remonter de proche en proche, de moment psychologique à moment psychologique, jusqu’à la conception, jusqu’à la pensée qu’il eut en mourant dans une vie antérieure, lbid., p. 32. Cf. Cavaignæ Histoire du monde, I. iii, Hist. de l’Inde, p. 277-290.

La métempsycose bouddhique, à la différence de celle des.Jaïnas, exclut les pierres et les arbres. L. delà Vallée-Poussin, Bouddhisme, Paris, 1925, p. 54.

On sait que l’Inde, berceau du bouddhisme, ne. lui resta pas fidèle. A l’exception du Népal et de Ceylan, elle professe l’hindouisme dont les sectes principales sont le vishnouisme et le civaïsme. Les célèbres et nombreuses incarnations de Vishnou n’ont qu’un rapport lointain avec le sujet qui nous occupe ici.

<i" Égyptiens, - Hérodote attribue aux Égyptiens l’invention de la métempsycose, ii, 123. On s’est appuyé sur ce texte fameux, à tort croyons-nous,

pour faire de la métempsycose un dogme égyptien.

Sans doute, il est difficile de ramener à l’unité les croyances qui furent fort diverses dans les différentes provinces d’Egypte et qui ont évolué au cours des millénaires de son histoire. Il semble cependant que