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MESSIANISME, PSAUMES EXÏLIENS ET POSTEXILIENS


prince, or the seventy weeks o/ Daniel, 1921 ; Kelly, The great prophecies of Daniel, 1921 ; Marti, Das Buch Daniel, dans Kaulzsch, 1923 ; Ch. Boutflower, In and around Ihe Book of Daniel, 1923 ; P. Szezygiel, Von den Perioden der Wochenprophetie (Dan., 9, 24-27) und anderen Zahlen bei Daniel, dans Théologie und Glaube, 1923, p. 268 sq. ; M. Noth, Zur Komposition des Bûches Daniel, dans Theologische Studien und Kriliken, 1926, p. 143 sq. ; W. Baumgartner, Neues keilschriftliches Material zum Bûche Daniel ? dans Zeiischrift fur die A. T. Wissenschaft, 1926, p. 38 sq. ; Das Aramàische im Bûche Daniel, ibidem, 1927, p. 81 sq. ; Chilperic Edwards, The messianic idea, 1927 (cette étude se rapporte surtout à Daniel) ; J. A Montgomery, A crilical and exegelical commentary on the Book of Daniel, 1927.

X. PSAUMES EXÏLIENS ET POSTEXILIENS, Du

temps des grands prophètes préexiliens, un nombre assez restreint de psalmistes ont reproduit quelques-unes de leurs idées messianiques. Après la grande catastrophe, et surtout après le retour de l’exil, le messianisme a davantage préoccupé les poètes. Car nombreux sont les psaumes dans lesquels se retrouve l’écho des oracles prophétiques.

1° En premier lieu il faut nommer le psaume xxi, le célèbre psaume du Messie souffrant, qui n’est compréhensible comme tel que quand on le rapproche des quatre chants sur le Serviteur de Jahvé.

Celui qui y prie est tellement malheureux qu’il est près de désespérer ; car, tout en étant juste et innocent, il est persécuté de la pire manière par les hommes et, de plus, abandonné de Dieu, 2 ; jour et nuit il crie en vain vers le Très-Haut, 3. Au lieu d’être exaucé et sauvé comme ses pères, il est « un ver et non un homme », 4-7. Tous ceux qui le voient se moquent de lui et ridiculisent même le seul soutien qui lui reste encore, la confiance en Jahvé, 8-9. Pourtant ils n’arrivent pas à la lui arracher ; car il sait qu’il a été dès sa naissance entouré par son Dieu d’une sollicitude paternelle, 10-11. C’est Lui qu’il appelle au secours devant le danger qui devient de plus en plus terrible, 12. Car ses ennemis l’entourent comme des taureaux, comme des lions, comme des chiens, 13-14, 17 a. Il a perdu toutes ses forces, de sorte qu’il est devenu comme l’eau qui s’écoule, 15, et qu’il est près de (LXX) mourir, 16. Ses mains et ses pieds ont été « creusés », 17 b, ses membres sont tellement décharnés qu’on peut en compter les os, 18. En vue de sa mort prochaine, les bourreaux se partagent déjà ses vêtements, 19. Dans cette situation le souffrant adresse un dernier appel pressant à Jahvé pour qu’il vienne à son aide, 20-22.

Tout à coup le moribond exprime la conviction qu’il sera sauvé. D’avance il annonce qu’il en glorifiera Dieu dans l’assemblée de ses frères, 23, et il invite dès maintenant tous les Israélites à remercier et à louer Jahvé à cause du salut qu’il lui aura accordé, 24-25. A l’occasion des sacrifices d’action de grâces qu’il offrira, conformément à ses vœux, il invitera les pauvres pour les rassasier, 26-27. Il prévoit des événements plus importants encore : les extrémités du monde se souviendront de nouveau de Jahvé et se convertiront à lui, toutes les nations se prosterneront devant sa (LXX) face, 28-30. Toute angoisse est donc chassée ; car il vivra : « mon (LXX) âme, dit-il, vivra pour lui, ma postérité le servira, » 31 a. A cause de son salut encore les générations à venir loueront le Seigneur, 31 b, 32.

Tous les exégètes sont pleins d’admiration pour la splendeur de ce psaume, surtout pour la beauté de l’âme qui s’y révèle. Bien que celui qui prie soit innocent, il ne se réclame pas comme tant d’autres de sa sainteté ; bien qu’il soit persécuté, il ne respire aucune haine contre ses ennemis. Le sujet du psaume est donc un personnage d’une éminente sainteté.

C’est aussi un homme d’une position et d’une importance exceptionnelle ; car il invite tout Israël à se réjouir de son salut, promet aux pauvres de son peuple nourriture et satiété, prévoit la conversion de tous les païens. Bien que le salut de celui qui prie ne soit pas expressément présenté, comme cause de cette conversion, celle-ci doit en être néanmoins regardée comme le fruit : sans quoi le psalmiste ne l’aurait pas mentionnée. Or la conversion des Gentils est une des grandes espérances messianiques. Parce qu’elle est rattachée à l’œuvre du juste souffrant de notre psaume, il s’ensuit que ce juste est le Messie.

Cette argumentation, tout en étant concluante en elle-même, l’est surtout par la comparaison du psaume avec les quatre chants du Serviteur de Jahvé, et ceux-ci jettent une vive lumière sur la plainte et l’hymne de joie réunies dans le psaume. Le psalmiste a dû s’inspirer surtout du deuxième et du troisième, dans lesquels le Serviteur parle lui-même, pour composer un nouveau chant du Serviteur souffrant et triomphant. Il nous semble donc impossible d’admettre que David ait composé ce psaume, et que son auteur parle primitivement en son propre nom, de sorte que le psaume ne serait messianique qu’au sens typique : il est directement messianique.

Cette explication messianique est aujourd’hui rejetée par tous les exégètes protestants. Pour échapper à l’argumentation que nous venons de présenter, ils emploient deux moyens. Quelques-uns comme Duhm, Stærk, Bertholet, la Bible du Centenaire, prétendent que le chant de triomphe ou du moins les versets qui s’y rapportent à la conversion des païens, n’ont pas primitivement fait partie du psaume. D’autres, comme Briggs, Bæthgen, affirment que le sujet est, comme dans les quatre chants du Serviteur, le peuple d’Israël. Kittel et Gunkel reconnaissent que ces tentatives sont vaines : à cause des ꝟ. 23 et 26 le sujet est nécessairement un individu ; ni le rythme, d’ailleurs, ni la suite des idées n’autorisent à couper le psaume en deux. Kittel croit pouvoir expliquer la haute envergure que le psaume prend dans les ꝟ. 26 sq. par la supposition que celui qui parle ainsi n’est pas une personne privée, mais un chef, le chef des Israélites pieux qui glorifie avec sa victoire le triomphe de la bonne cause, du règne de Dieu. Mais danc ce cas ce chef ne parlerait plus dans lest. 26 sq. en son nom propre, mais au nom de son peuple. Kittel revient donc à l’explication collective. Gunkel, tout en relevant la parenté qui existe entre notre psaume et les quatre chants du Serviteur de Jahvé, repousse énergiquement l’identification du sujet du psaume avec le Serviteur. En niant le sens obvie du ꝟ. 28, il veut faire croire que le psalmiste n’attend nullement comme suite de son salut la conversion des païens, mais qu’il est tellement rempli d’enthousiasme pour le miracle de sa guérison qu’il invite aussi les païens à louer Jahvé.

En face de ces vaines entreprises de l’exégèse moderne, le sens messianique du psaume xxi reste d’autant plus solidement acquis

2° Comme le ps. xxi rappelle les quatre chants du serviteur de Jahvé, les ps. xcv, xcvi, xcvn semblent être l’écho des hymnes de louanges qui entourent ces chants dans la seconde partie d’Isaïe. Ils s’expliquent en effet au mieux comme cantiques d’action de grâces composés en imitation de ces hymnes pour glorifier Jahvé, à cause du salut qu’il accorde par le retour de l’exil. Il est vrai que, d’après I Par., xvi, 2333, le’psaume xcv a été chanté par David lors de la translation de l’arche à Sion ; mais il ne s’ensuit pas, comme Hoberg lui-même, p. 352, le relève, que tous les versets du psaume proviennent de la plume du roi-psalmiste. Parmi les versets qui ont été ajoutés après la publication d’Isaïe, xi.-lv (Hoberg signale