Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.1.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

179

MARTÈNE

180

    1. MARTÈNE Edmond##


MARTÈNE Edmond, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur (1654-1739). I. Vie et œuvres. II. La théologie dans son œuvre.

I. Vib et œuvbes, — Edmond Martène naquit à Saint-Jean-dc-Losne (actuellement du diocèse de Dijon), le 22 décembre 1654. Ses éludes achevées, il alla s’enfermer dans la retraite et fit profession à Saint-Remy de Reims, abbaye de l’ordre bénédictin, le 8 septembre 1072. La lecture du commentaire de Trithème sur la règle de saint Benoît lui donna l’idée d’écrire lui-même un commentaire de cette même règle, et, dans ce but, il lut les anciens auteurs ascétiques, les anciennes règles, les Actes des saints de l’ordre de saint Benoît, les ouvrages de ^aint Bernard, les anciennes coutumes de Cluny. Appelé à Saint-Germain-des-Prés pour travailler aux éditio.ns des Pères de ï’Église, il fut dirigé dans ses études par dom Luc d’Achéry : là, il découvrit parmi les mss. de l’abbaye quelques ahciens commentaires sur la Bègle et commença à rédiger son propre travail.

Encouragé par dom Mabillon qui avait examiné ses premiers cahiers, il publia en 1690 son Commentaire latin, compilation de ce que ses devanciers ont dit de meilleur sur la règle de saint Benoît. Cammentarius in regulam S. P. N. Benedicti litteralis, moralis, historicus, in-4°, Paris, 1690. — Il travailla ensuite sur les rites monastiques, et publia : De antiquis monachorum ritibus libri quinque, 2 in-4°, Lyon, 1690. — Aussitôt après la mort de dom Claude Martin (9 août 1696), dom Martène s’empressa d’écrire la vie de celui qui avait été son maître. Les supérieurs ayant fait des difficultés pour l’impression, la Mère Marie de l’Incarnation de Québec, qui en avait une copie, fit paraître l’œuvre sous ce titre : La vie du Vénérable P. dom Claude Martin, religieux bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, écrite par un de ses disciples, in-8°, Tours, 1697. L’incident amena l’exil de dom Martène à Evron dans le Bas-Maine et la défense d’acheter son ouvrage dans les monastères de la congrégation. Cependant dom Martène ne demeura pas longtemps à Evron : il fut mandé à Bouen pour aider dom de Sainte-Marthe dans son édition des Œuvres de saint Grégoire le Grand, fit réimprimer la Vie du vénérable Claude Martin, in-12, Rouen, 1698, publia les Maximes spirituelles du même vénérable P. dom Claude Martin… tirées de ses ouvrages et confirmées par les sentiments des Saints Pères, in-12, Rouen, 1698. — Il fit imprimer dans la même ville le De antiquis Ecclesiæ ritibus libri quatuor, 2 in-4°, 1700 ; puis deux ans après De antiquis Ecclesiæ ritibus tomus terlius, in-4°, Rouen, 1702. On peut regarder comme faisant suite à cet ouvrage le Tractatus de antiqua Ecclesia’disciplina in divinis celebrandis ofjiciis, in-4°, Lyon, 1706, à la suite duquel dom Martène a placé trois petits traités : VOrdo Romain de Paris de Crassis, les Statuts de l’Église de Strasbourg, un livre de prières tiré d’un manuscrit de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire. Enfin il donna au public un îecueil d’écrivains et de monuments moraux, historiques et dogmatiques sous le titre : Veterum scriptorum et monumentorum moralium, hisloricorum, dogmaticorum ad res ecclesiaslicas, monasticas et polilicas illustrandas collectio nova, in-4°, Rouen, 1700.

Chargé de recueillir des documents pour la Gallia christiana entreprise par dom Denis de Sainte-Marthe, il fit divers voyages avec dom Ursin Durand et en collaboration avec ce dernier donna les trois ouvrages : Thésaurus novus anecdotorum, 5 in— fol., Paris, 1717 ; Velerum scriptorum et monumentorum ecclesiasticorum amplissima collectio, 9 in-fol.. Paris, 17241733 ; Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, 2 in-4°, Paris, 1717-1724. — Contre les attaques de l’élection du

supérieur général par compromis, dom Edm. Martène composa un Mémoire pour faire voir que les élections du supérieur Général de la congrégation faites par compromis ne sont p<is contraires aux usages du royaume. — Ce travail se trouve au t. m de l’Histoire manuscrite de la Congrégation de Saint-Maur. Chargé d’années et privé de son compagnon, dom Martène n’interrompit point ses travaux : il donna une seconde édition de son De antiquis Ecclesiæ ritibus, 4 in-fol., Anvers. 1 736 ; il publia les écrits laissés par les PP. Mabillon, Ruinart et Massuet pour les Annales de l’ordre, sous le titre : Annales ordinis S. Benedicti, tomus sextus, in-fol., Paris, 1739. De plus on a de lui : Lettre au P. Lebrun de l’Oratoire sur l’usage de réciter en silence une partie de la messe (manuscrite) ; Histoire manuscrite de l’Abbaye de Marmoutier avec les preuves (elle a été publiée au xixe siècle par M. Chevalier, 2 in-8°, s. 1., 1874-1875) ; Histoire de la Congrégation de Saint-Maur continuée de 1739 à 1747 par dom Forlel (manuscrite ) ; une Vie des saints pour opposer à celle de M. Baillet (mention n’en est pas faite dans le détail des manuscrits de dom Martène). Par contre dans la Bibliothèque des manuscrits de Saint-Germain-des-Prés, on trouve un manuscrit de dom Martène ayant pour titre : La vie des justes de la Congrégation de Saint-Maur. Dom Heurtebize vient de la publier dans les Archives de la France monastique, t. xxvii, xxviii et xxx, Ligugé, 1924-1926.

Infatigable, notre religieux préparait deux tomes pour faire suite aux Acta Sanctorum O. S. Benedicti de Mabillon, quand il mourut à Saint-Germain-des-Prés, d’une attaque d’apoplexie le 20 juin 1739. Il était âgé de 85 ans, laissant la réputation d’un grand savant et d’un saint religieux.

II. La théologie dans son œuvre. — Elle n’y occupe pas à beaucoup près une aussi large place que la liturgie et le droit canonique. Cependant on trouve dans le De antiquis Ecclesiæ ritibus ce que la tradition donne sur l’administration des sacrements, les dispositions dans lesquelles on doit les recevoir, sur les ministres, la matière, la forme, etc. Dans la préface du t. I er du Thésaurus novus anecdotorum, les auteurs (Martène et Durand) se déclarent hautement pour la nécessité de l’amour de Dieu dans le sacrement de. pénitence : ils invoquent sur ce point l’autorité d’Adam de Perseigne, d’après lequel c’était depuis plus de six cents ans la doctrine commune. La préface du t. v du même Thésaurus est en grande partie consacrée à l’examen de la théologie d’Abélard : les auteurs y défendent saint Bernard contre ceux qui l’ont accusé d’avoir condamné à la légère le moine infortuné.

Le 1. 1 du Voyage littéraire rapporte un fait singulier : à la bibliothèque des Pères minimes de Dijon, on montra aux voyageurs quelques traités de théologie positive du cardinal A. Oregius, d’où le P. Pétau. S. J., aurait tiré ses dogmes théologiques. Le récit qu’en a fait dom Martène a été vivement combattu par le jésuite Fr. Oudin, dans son Mémoire concernant les traités théologiques du card. A. Oregius, où l’on examine si le P. Pétau en a tiré ses dogmes. Ce mémoire se trouve dans le Journaldes Savants de mai 1719. — La préface du t. iv des Velerum scriptorum… amplissima collectio, laquelle doit servir également pour le t. v, contient des observations sur le relâchement de l’abstinence en carême. La longue préface du t. vu présente une histoire du Grand Schisme d’Occident tirée des meilleurs auteurs du temps.

Dom Tassin : Histoire littéraire de la Congrégation de Saint-Maur, in-4°, Bruxelles, Paris, 1770, p. 542-563 ; F. Lecerf de la Yhville : Bibliothèque historique et critique (les auteurs de lu Congrégation de Saint-Maur, in-12, La Haye, 1726, p. 21)8-307 ; Moi’éri, Grand Dictionnaire historique,