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I

MARONITE ÉGLISE), INSTITUTS RELIGIEUX

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balch, nous l’avons dit plus haut, avait fondé une société de missionnaires. Elle ne vécut pas longtemps, mais le souvenir en resta, et le sentiment de son utilité.

En 1865, le P. Jean Habib (plus tard archevêque de Nazareth) reprit l’œuvre de Hobaich et créa, au coin eut de Koraïm, acheté aux arméniens, la Congrégation de la mission libanaise maronite. Les statuts de cette congrégation, analogues, sur bien des points, à ceux des pères rédemptoristes, furent continués par te patriarche Mas’ad. La jeune mission progressa rapidement ; et lorsque son fondateur mourut, en 1894, elle était déjà florissante. Elle a pour but principal la prédication, notamment sous forme de retraites. Toutefois, les Pères de Koraïm ne négligent pas les autres aspects du ministère des âmes. A Djounieh, centre important du Kasrawàn, leur résidence possède une chapelle ouverte au public, et ils y exercent très utilement les fonctions sacerdotales. A Beyrouth, ils dirigent le grand établissement scolaire maronite, le collège de la Sagesse. L’archevêque actuel de cette ville, Mgr Mobarak, leur a confié, en outre, les séminaristes du diocèse. A Buenos-Ayres (Argentine) où se trouve une colonie maronite assez considérable, ils s’occupent du ministère pastoral, tiennent un collège, dirigent une imprimerie et publient un journal en langue arabe, le Missionnaire. Partout, la confiante estime de leurs compatriotes les entoure. La réputation de leurs œuvres a suggéré à Mgr Germanos Mo’aqqad, métropolite titulaire melkite de Laodicée, l’idée de fonder, sur leur modèle, la Société des missionnaires de Saint-Paul. Avant de mettre son projet à exécution, en 1903, il vint étudier de près l’organisation de Koraïm. Les deux Instituts rivalisent d’ardeur pour le service de la cause catholique.

Instituts de femmes.

A l’imitation des moines,

les moniales avaient pratiqué à la fois les deux régimes solitaire et cénobitique : c’est-à-dire, comme l’explique Ét.-Év. Assémani, qu’après un certain temps de vie religieuse, on donnait aux professes q : le demandaient une cellule située près du monastère où elles restaient recluses jusqu’à la mort. Ét.-Év. Assémani, Bibl. medicese catal., p. 26. Et cet auteur renvoie à une note écrite par le patriarche Jérémie, enregistrant la mort d’une moniale recluse, arrivée le fi novembre 1. Il des Grecs = 1199 de J.-C. (Cette note est sur un évangéliaire conservé à la Laurentienne de Florence ; elle est reproduite par Ét.-Év. Assémani, ibid., p. xxxiii, texte syriaque, et p. 26, trad. lat.) Le P. Eugène Boger, récollet, qui visita le Liban dans la première moitié du xviie siècle, rencontra, auprès d’un vieux religieux, une moniale qui avait mené auparavant la vie solitaire. Op. cit., édit. de 1646, p. 429. Cf. aussi Hélyot, ibid., col. 893. On en trouvait encore quelques-unes au début du xviiie siècle. Hélyot, loi : cit., col. 894. Mais bientôt, ce régime disparut ; et lorsque Ét.-Év. Assémani rédigeait le catalogue de la Laurentienne, publié en 1742, les religieuses pratiquant la vie solitaire n’existaient plus. Ibid., p. 26.

Actuellement, toutes les religieuses mènent l’existence de la vie de communauté. Elles se répartissent en trois groupes :

1. Les moniales de l’ancienne observance.

Quelquesunes se rattachent à un ordre de moines, les autres dépendent uniquement de l’Ordinaire du lieu. Jadis aucun couvent ne possédait de constitutions écrites ; les religieuses vivaient suivant un ensemble de traditions et de coutumes plusieurs fois séculaires. Quand furent approuvées les constitutions pour les moines, on les adapta à quelques monastères féminins. Synode du Liban, IV, iii, 3. Aux autres, J.-S. Assémani, à la suite du synode du Mont-Liban, proposa d’imposer la règle écrite par’Abdallah Qaraali († 1742 ; pour les

religieuses de Saint-Jean-Baptiste de Harache. Relazione dell’ablegazione, p. 29. Le concile de Loaïsah, en 1818, se rangea à cet avis et Borne approuva sa décision : Servetur a monialibus régula iam trad.ta ab episcopo Abdalla Caralli (’Abdallah Qaraali) Hirrupolitano. excepta obligalione surgendi média nocte ad orandum, a qua moniales dispensantur. Décret de la Propagande, 15 mars 1819, dans Jus pontifie, t. iv, p. 579 !

Les moniales de l’ancienne observance sont cloîtrées ; tous les jours elles chantent le grand office et mènent une vie fort austère. Elles occupent douze monastères, dont cinq affiliés à la congrégation des moines baladites ou libanais et deux à la congrégation de Saint— Isaïe ; les autres dépendent de l’évêque diocésain. Tous ces monastères demeurent cependant autonomes, sans qu’aucun lien canonique les rattache l’un à l’autre. D’après les constitutions des moines, un ordre ne doit prendre la direction de moniales que du consentement écrit du patriarche et de l’évêque diocésain. Dès lors, la direction appartiendra à l’abbé général qui en deviendra, après le patriarche et l’évêque, le visiteur ordinaire, le supérieur et le directeur. Par conséquent, il lui appartiendra de pourvoir les moniales de confesseurs tant ordinaires qu’extraordinaires, et il pourra lui-même recevoir, s’il le veut, les confessions, et, en cas d’empêchement, désigner, parmi ses moines, un visiteur. Les divers couvents de moniales seront autonomes, et nulle abbesse n’aura prééminence sur les autres ; chaque couvent sera administré par son abbesse, et c’est l’abbé général qui sera le chef de toutes les abbesses. II, xiv, 1-2.

2. Les visitandines maronites.

Il en existe deux couvents au Liban. L’un d’eux fut fondé à’Antoura (Kasrawàn), en 1744-1746, sous l’inspiration et la conduite des jésuites, et avec l’approbation du patriarche Simon’Aouad, par les principaux de la famille El-Khazen. Edifiés par la piété de ces religieuses, d’autres membres de la même famille voulurent constituer, à leur tour, un couvent analogue. Ils l’installèrent dans leur maison de Zouq-Mikaïl, non loin de’Antoura, et le dotèrent de leurs biens. La nouvelle communauté naquit en 1836, sous l’égide des jésuites et la direction de deux moniales venues de’Antoura. Bien qu’elles suivent exactement la règle de la Visitation, les religieuses de ces deux couvents appartiennent à l’Église maronite et relèvent de la juridiction de son patriarche.

La maison de’Antoura a affecté une partie de ses bâtiments à une institution de jeunes filles. Il en sera bientôt de même pour celle de Zouq. Sur ces deux monastères, voir une notice écrite par un lazariste, dans Al-Machriq, 1901, t. iv, p. 704-710 ; J. Debs, op. cit., t. viii, p. 596-597 et 786-787.

3. La congrégation maronite de la Sainte-Famille. — C’est la première congrégation féminine, proprement active, de rit oriental, en Syrie. L’honneur de cette initiative revient à Mgr Élie Hoyek, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient. « La fin de cette congrégation consiste : 1° à procurer à ses membres la perfection personnelle ; 2° à donner aux jeunes filles, en particulier à celles de la classe pauvre, une éducation conforme aux mœurs et aux principes de la religion chrétienne. En conséquence, les sœurs ouvriront, surtout dans les villages, des pensionnats et des externats, où, avec l’éducation chrétienne, elles donneront aux jeunes filles une instruction en rapport avec leurs besoins et les exigences de leur pays. Elles auront, en outre, à diriger des ouvroirs, des asiles et des orphelinats. Elles pourront ajouter, le dimanche, l’explication du catéchisme aux pauvres de la localité et des villages environnants, la direction des congrégations de jeunes