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    1. MARONITE (ÉGLISE)##


MARONITE (ÉGLISE), INSTITUTS RELIGIEUX

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rable ; il fit surtout remarquer que le nouveau rituel n’était pas celui de l’Église maronite. La Propagande le retourna alors au patriarche et y joignit les réserves que les cardinaux avaient formulées à la congrégation du 21 janvier 1833. Sur de, nouvelles instances du patriarche et de l’épiscopat, le rituel d’Kstéphan fut enfin imprimé à la typographie de la Propagande en 1839-1810, divisé en deux volumes dont l’un a pour titre, Rituale alimque pire preeation.es ad usum Ecclesiæ Maronitiav et l’autre, Ritus administrandi nonnulla sacramenta ad usum Ecclesiie Antiochenx Maronitarum. Voir les documents parmi les mss de la Vaticane, Vat. M. 9552, fol. 39, 46, 175-177, 252-253, 259, 204, 266, 268. C’est le rituel qui est actuellement en usage. Le premier volume a été réédité en 1909 et le second en 1897.

3. Le pontifical.

Ce livre était compris dans la réforme de Douaïhi. A son tour, il fut ensuite retouché et modifié, mais sans trop subir l’influence latine.

Dans l’ensemble, il reste conforme au cadre traditionnel des usages du patriarcat d’Antioche. Il existe pourtant un rit d’importation romaine, qui figure parmi les fonctions épiscopales, celui de la confirmation. A la suite des ordres réitérés de Rome, l’administration de ce sacrement a été réservée à l’évêque. Elle avait jadis fait partie, comme c’est encore la règle dans les autres églises orientales, de l’initiation chrétienne : le prêtre confirmait lui-même le nouveau baptisé. L’attribution exclusive de ce pouvoir à l’évêque a été effectivement établie au cours du xviii 6 siècle, notamment après le synode du Liban, tenu en 1736. Voir une lettre d’Abraham Ecchellensis de 1654, dans Antiquitates Ecclesiæ orientalis, Londres, 1682, p. 468 ; J.-A. Assémani, Codex liturg., t. ii, p. 350, n. 2 et t. iii, p. 187-188. Ce changement de discipline exigeait qu’un rit spécial fût assigné à la confirmation et rattaché au pontifical. On adopta celui de l’Église latine ; mais il figure tantôt seul, tantôt encadré de prières et d’hymnes plus ou moins longues.

Anciennement, le saint chrême (miïroun = ii, ûpov) était, suivant la discipline de l’Orient, composé d’huile et de baume mélangés avec d’autres parfums. Voir l’énumération de ces substances dans une lettre du patriarche à Léon X, Labbe, Conc.il., t. xiv, col. 348, 349. Pour se conformer aux ordres du Saint-Siège, les maronites étendirent encore à cette matière la pratique romaine : le chrême n’est plus qu’un mélange d’huile et de baume. Ils avaient déjà, depuis plusieurs années, adopté cet usage lorsque le synode du Liban fut réuni en 1736. Synode, II, iii, 3.

4. L’office divin.

La récitation privée de l’office n’est pas de règle traditionnelle dans la discipline de l’Orient ; le principe est que l’office doit être célébré au chœur. Cependant, l’obligation du bréviaire au sens occidental s’est peu à peu introduite dans les églises catholiques.

Son application chez les maronites doit dater de loin, car, dans les vieux pontificaux, l’exhortation de l’évêque rappelle au nouveau diacre le devoir d’être assidu à l’office le matin, le soir et à minuit, et de réciter en son particulier les autres prières. C’est qu’en effet, jadis, clercs et fidèles allaient chanter à l’église l’office de l’aurore, des vêpres et de la nuit. Synode du Liban, II, xiv, 34. Au rapport de Dandini qui était au Liban en 1596, les maronites avaient, à cette époque, l’habitude de chanter également les autres parties de l’office. L’accomplissement de ce devoir s’était tellement ancré dansleurs mœurs, qu’ils s’étonnaient grandement de ne pas voir le délégué apostolique les suivre à l’église à toutes les heures de la prière. Dandini, op. cit., p. 82-83. C’était encore la règle générale lorsque Richard Simon publiait, en 1675, la traduction française du Voyage du Mont Liban du P. Dandini. Voir ses Remarques, ibid., p. 363.

Cependant, avant cette date, la récitation privée de l’office avait commencé à entrer dans la pratique. Il existait déjà en effet, une édition abrégée de l’office férial, faite à Rome, le bréviaire, et, en 1633, le patriarche en demandait au pape 200 exemplaires. Anaïssi, Colleclio, p. 111 ; cf. Dandini. ibid. Quoi qu’il en soit, le synode du Liban, de l’année 1736, en imposant aux clercs majeurs l’obligation du bréviaire, leur laisse la liberté de choisir entre l’office choral et la récitation privée. II, xiv, 34. Aujourd’hui, ils s’en acquittent généralement, comme en Occident, chacun en son particulier, mais ils peuvent toujours se servir du bréviaire férial.

Les syriens réglementent l’office de deux manières. Les syriens orientaux ont introduit une certaine variété dans la disposition de ses parties ; ils font exécuter, outre les psaumes quotidiens, des psaumes assignés à chaque jour. Les syriens occidentaux n’ont que peu de psaumes ; en revanche, ils multiplient les homélies, les hymnes, les cantiques et les oraisons. Le plus célèbre hymnographe de l’antiquité, dont les écrits ont enrichi les offices, est saint Éphrem. Les maronites suivent ce dernier système.

Les prières canoniales sont au nombre de sept : 1. la prière du soir (vêpres) ; 2. l’apodypne (<xT168snzv’sj = complies) ; 3. l’office de la nuit ; 4. l’office de l’aurore ; 5. tierce ; 6. sexte ; 7. none. — Lorsque l’office est célébré à l’église, on le chante à deux chœurs et on y ajoute la lecture du synaxaire et des leçons scripturaires tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament.

La latinisation, on a pu le remarquer, affecte particulièrement le rituel. C’est incontestablement une chose regrettable. Mais, pour en juger les auteurs, il convient de tenir compte du milieu dans lequel l’œuvre fut accomplie. Tous s’inspiraient d’une noble préoccupation, que souvent les circonstances leur imposaient : mettre hors de doute l’attachement des maronites au Saint-Siège. D’autre part, la mentalité qui dominait en Occident attribuait au rit latin une prééminence spéciale sur le rit oriental. Voir la constit. Etsi pastoralis de Renoît XIV, 26 mai 1752, §2, n. 13. Une autre communauté catholique qui se fût trouvée à la place des maronites n’eût pas échappé à l’influence occidentale. Au reste, malgré ces modifications, le rit maronite conserve encore dans son ensemble le cadre et les caractères essentiels de la liturgie d’Antioche.

III. La vie religieuse.

1° Instituts d’hommes. 1. Instituts à vœux solennels. — A la suite de la conquête de la Syrie par les Arabes, les moines maronites, en butte aux vexations des envahisseurs et de leurs ennemis religieux, affluèrent au Liban pour y chercher refuge. Transplanté sur une terre particulière ment favorable au recueillement et à la méditation, le monachisme se mit à refleurir avec une vigueur nouvelle. Il établit son centre au milieu des gorges austères de la Vallée-Sainte, la Qadîcha, qui s’ouvre au pied des cèdres pour aller finir à Tripoli, dans la Méditerranée. Rientôt, les couvents pullulèrent sur les collines ; les ermites peuplèrent les flancs des montagnes, perchés sur les rocs surplombants ou blottis dans les cavernes. On ne visite pas, aujourd’hui, sans une émotion profonde, ces grottes silencieuses où s’abritèrent tant de moines, d’évêques et de patriarches. Voir de la Roque, Voyage de Syrie et du Mont-Liban, t. i, Paris, 1722, p. 57-59. La réputation de ces moines dépassa les frontières de la Syrie et attira auprès d’eux, même de la terre de France, des hommes remarquables, tel ce gentilhomme de Provence, François de Chasteuil († 1644), désireux de vivre de leur régime et sous leur conduite. Vop— la vie de François