Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.1.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée
119
120
MARONITE (ÉGLISE), HIÉRARCHIE


Joseph Halib AJ-’Aqoûrl (1644-1648), qui l’admit d’abord parmi ses moines, et l’envoya ensuite au collège de Home. Le successeur d’AI-’Aqoûrl lui conféra la prêtrise et, le 29 juin 1656, le sacra évêque d’Alep. .Mais, dès l’année suivante, le nouvel évêque syrien, aux prises avec de graves difficultés, dut abandonner Alep et se réfugier à Qannoùbîn. Douaïbi, le futur patriarche maronite, venait d’être ordonné prêtre, le 25 mars 1656. Il encouragea Akidjan et finit par le décider à rentrer dans sa ville épiscopale. Bien plus, il l’accompagna à Alep et s’employa, plusieurs mois durant, à le soutenir, à l’aider, à raffermir dans leur foi les jacobites unis. Voir la lettre écrite par Douaïhi lui-même au P. Pierre Mobarak (Benedictus) le " mai 1701, dans Debs, op. cit., t. vii, p. 308-310 ; Cbebli, Biographie du patriarche Douaïhi, p. 24-28 ; D. Naqqachah, archevêque syrien d’Alep, La conversion des Syriens (en arabe), Beyrouth, 1910, p. 36-41 ; A. Rabbath, op. cit., t. i, p. 94 sq. ; 453-455 ; t. ii, p. 78-79, 297-299.

Certains auteurs, se fondant sur une relation écrite à Alep, en 1662, par les supérieurs des missions des jésuites, des capucins et des carmes, affirment qu’à Rome Akidjan était au collège de la Propagande. Voir cette relation dans Rabbath, op. cit., t. I, p. 450 sq. Mais, en l’espèce, Douaïhi, qui se trouvait à la Ville éternelle en même temps que le futur patriarche des syriens, est une plus sûre autorité que les missionnaires. Or, nous savons par lui qu’Akidjan était au collège maronite. Annales, an. 1656, fol. 112 v°.

Le dévouement des maronites à leurs frères des Églises voisines ne se ralentit pas au cours du xviii 1 siècle.

A la mort d’Athanase IV Dabbàs, patriarche melkite, survenue en 1724, la lutte entre Cyrille VI Tànâs et Sylvestre de Chypre, pour la possession du siège patriarcal d’Antioche, déchaîna, surtout à Alep et cela à l’instigation du Phanar — une terrible, persécution contre les melkites unis. C. Karalevskij art. Alep, dans le Diction, d’hist. et de géogr. eccle’s. Bon nombre de ces derniers se réfugièrent au Liban, auprès du patriarche maronite, alors Jacques’Aouad. Celui-ci les accueillit et leur donna l’hospitalité au monastère de Qoshaïya, situé au fond d’une vallée, a près de deux lieues de Qannoùbîn. Les melkites orthodoxes de Koura (Liban nord) l’apprirent et, d’accord avec ceux de Tripoli, dénoncèrent le patriarche et ses hôtes au pacha de cette ville, comme traîtres à l’empire. Jacques’Aouad dut se réfugier, lui aussi, a Qoshaïya. Mais, grâce à l’influence des Khazen, il parvint à calmer la colère du pacha et dirigea ses protégés vers le Kasrawàn afin de les mettre à l’abri de toute perquisition. Peu de temps après, ce fut Cyrille VI Tânâs lui-même qui s’enfuit au Liban. L’épiscopat maronite le reçut avec un empressement fraternel. Puis, patriarche et évêques écrivirent en sa laveur à l’ambassadeur de France à Constantinople. Par malheur, la lettre tomba entre les mains de Sylvestre, son rival. Sylvestre, porté sur le siège d’Antioche par le Saint Synode de Constantinople et pourvu du firman de reconnaissance civile, accusa de t rahison Jacques’Aouad et ses évêques pour avoir pris la défense. des melkites catholiques, soi-disant ennemis de la Porte. Le pacha de Tripoli envoya ses troupes au monastère de Qannoùbîn. Elles le pillèrent, se saisirent des moines et du frère du patriarche et les conduisirent à la prison de Tripoli. Détenus comme criminels, ils ne furent libérés qu’à prix d’or. Quant à Jacques’Aouad et à ses évêques, ils se cachèrent jusqu’au rétablissement de l’ordre par les soins des Khazen. Le récit de ces événements se trouve consigné dans les registres du monastère de Qoshaïya, cité par 1. Darian, Les maronites au Liban, p. 164 171. Cf. le patriarche Mas’ad, op. cit., p. 82-83. Avec le même dévouement le successeur de’Aouad mit au service de l’union le prestige de son autorité. Elias Neslorianorum per universum orientent degentium patrlarcha, dit J.-S. Assémani, qui Sedem in Mossulana urbe, seu nova Xinive ad Tigrim habet, audiia (’démentis (XII) in omite christianorum orientaiium genus benignitatis fuma, literis insuper loin a Josepho Antiocheno maronitarum palriarcha, et a Stephano Evodio meo ex sorore nepote, archiepiscopo Apamete, anno 1735, quam a me anno sequenli ud ipsum pencriptis excitatus, Humante Ecclesia’doclrinam, deteslatis erroribus, se profiteri, missis ad eumdent l’onlificem et ad Sacram congregationem de Propaganda Fide epistolis, signi/icavit. Bibl. juris, t. iii, p. xxx XXXI.

Le même dévouement fut manifesté à l’égard des arméniens auxquels « les maronites ouvrent leurs bras ». Goudard, op. cit., p. 180.

C’est encore pour la même cause qu’on vit en Egypte et ailleurs Joseph-Simon Assémani et son neveu Étienne-Évode. Le succès de leur mission nous est raconté par Assémani lui-même. Lettre au cardinal Fleury, dans Rabbath, op. cit., t. i, p. 182 : et Relazione, p. 25-29.

Ces quelques indications suffisent à montrer l’activité des maronites à promouvoir l’union. Une assemblée tenue à Alep (Syrie) au xviiie siècle et qui réunit les chefs des différentes confessions chrétiennes de cette ville : maronites, melkites, syriens, arméniens et les supérieurs des communautés religieuses latines, disaient de l’Église maronite qu’elle était Je rifugio di lutte le nazioni orientait cattoliche. On aurait pu ajouter : et l’ouvrière du rapprochement avec les noncatholiques. Voir le compte rendu de cette assemblée à la Bibliothèque vaticane, mss. Jat. 7259, 7263, 7264, cité par Mgr Xehmatalla Auad, Per la verilù. Rome, 1909, p. 16. Cf. aussi Faustus Naironus, Dissertatio de origine, no mi ne ac religione maronitarum, Rome, 1679, p. 48, 49 ; extraits du diaire des missionnaires carmes d’Alep, ad an. 1692, dans Rabbath, op. cit., t. ii, p. 12, 49, 50, 58 ; le patriarche Mas’ad, op. cit., p. 81, 106 ; J. Debs, op. cit., t. viii, p. 471, 598, 599, 718, 719 ; Chebli, Biographie du patriarche Douaïhi, p. 142-144 ; L. Cheikho, dans Al-Machriq, 1900, t. iii, p. 915.

Le P. Dandini voyait donc juste quand, à la suite de son voyage au Liban en 1596, il recommandait à Clément VIII le peuple maronite comme une avantgarde des missions catholiques en Orient, op. cit., ]). 233-234.

III. CONSTITUTION ET SITUATION

ACTUELLE DE L’ÉGLISE MARONITE. — Nous étudierons succesiveinevnt : I. La hiérarchie ecclésiastique. II. La liturgie (col. 128). III. La vie religieuse (col. 132). Nous terminerons par quelques données statistiques (col. 139).

I. Hiérarchie ecclésiastique.

La hiérarchie

maronite se compose, comme celle de toutes les Églises, d’ordres et de dignités. Le synode du Mont-Liban, s’exprime ainsi : « Les ordres mineurs sont ceux de chantre, de lecteur, de sous-diacre ; les majeurs, ceux de diacre, de prêtre, d’évêque. Les dignités sont celles d’archidiacre, de périodeute, d’archiprêtre, de chorévêque et de patriarche. » II.xiv, 48.

1° Les ordres mineurs : ceux de chantre ou psalmiste, de lecteur, de sous-diacre.

1. L’ordre de chantre.

La liturgie maronite n’a pas de cérémonie spéciale pour la tonsure ; celle-ci est incluse dans l’ordination du chantre ou psalmiste : « L’ordination de chantre contient chez nous la tonsure cléricale ; l’évêque la conservera avec exactitude, car, en certains manuscrits qui proviennent des jaco-