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    1. MARONITE (ÉGLISE)##


MARONITE (ÉGLISE), LA RENAISSANCE [NTELECTUELLE

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de liuit franciscains qui cueillirent avec elles, au couvent de Damas, la palme du martyre. Il s’agit’de trois frères, François, ’Abdoul-Mo’tî et iïaphaël Massabki, qui le 10 juillet 1H(>0 se précipitèrent au secours des religieux et partagèrent leur sort. Lettre apost. Coniingit, dans Acta apostat. Sedis, 1926, t. xviii, p. 412-413.

.’{. La renaissance intellectuelle. — — Malgré 1er, dures conditions dans lesquelles elle se débattait, l’Église maronite fit preuve d’une remarquable vitalité. Le collège de Rome lui donna une pléiade de patriarches, d’évêques et d’écrivains auxquels revient le mérite d’avoir été, dans leur pays, les premiers et les principaux instigateurs de la rénovation intellectuelle du Liban. Grâce à eux, le mouvement vers les études gagna les régions les plus reculées, et l’on peut dire que la Syrie’moderne tout entière doit son progrès, pour une large part, à l’impulsion donnée par cette élite d’infatigables ouvriers, sortis du collège maronite de Rome. C’est à eux, aussi, que revient l’honneur d’avoir répandu en Occident la connaissance de l’Orient. Au xviie siècle, on les rencontre en Orient comme en Occident, se consacrant aux travaux scientifiques ou littéraires. Citons seulement quelques noms parmi les plus connus. — Gabriel Sionite ou Sionita, après avoir professé au collège de la Sapience à Rome, fut appelé à Paris, en 1614, par Louis XIII. Il fit fonder au Collège royal (Collège de France) les chaires d’arabe et de syriaque et en devint le premier titulaire. Aux fonctions de professeur de langues orientales il joignit celles de drogman du roi. Il publia des ouvrages remarqués et collabora à la Polyglotte de Le Jay. Præclaram… utilissimamque operam, disait de lui l’auteur de l’introduction à la Polyglotte de Londres, virum magnum navasse omnibus tam linguarum quam Scripturæ studiosis, malevolus et maxime ingratus esset, qui non agnosceret, imo immortales ipsi gratins ab omnibus deberi concedimus. B. Wallon, In Biblia polyglotta prolegomena, Leipzig, 1777, p. 609. II avait pour principal auxiliaire un autre élève du collège de Rome, Jean Hesronite. Le successeur de Sionite au Collège de France fut un autre maronite, Abraham d’Ekel ou Ecchellensis ou Al-Haqelânî. Avant de venir à Paris, il avait été professeur d’arabe et de syriaque à l’Université de Pise, à la Sapience et au collège de la Propagande à Rome. En outre de ces nombreux ouvrages personnels (voir ci-dessus, t. i, col. 116-118, et Diclionn. d’hist. et de géogr. eccles., 1. 1, col. 169-171), Ecchellensis collabora, à son tour, à la Bible de Le Jay et à d’autres publications, notamment à la Biblia sacra arabica, imprimée par la Propagande en 1671. Dans la relation de son voyage en Syrie au xviie siècle, De la Roque consacre plus de deux pages à Ecchellensis « dont la haute réputation et les ouvrages sont assez connus des sçavants, qui n’ignorent pas aussi l’estime et la bienveillance dont les prélats les plus distingués, et les hommes de Lettres les plus illustres de l’Europe l’ont honoré ». Op. cit., t. ii, p. 125. De la Roque nous a conservé les noms d’autres savants maronites de cette époque, notamment celui de Fauste Nairon (Morhedj ibn Namroùn) qui « était originaire de Ban, gros bourg du îMont-Liban, situé vis-à-vis de Canubin, dont les habitants encore aujourd’huy parlent la langue syriaque. Abraham Ecchellensis, son oncle maternel, le fit venir à Rome, où il se distingua parmy ses compatriotes, surtout par sa grande capacité dans les langues orientales. Dans la suite, il fut successeur d’Ecchellensis dans sa chaire de Professeur au Collège de la Sapience, et Interprète de la Propagande… J’ai reçu, comme je l’ai dit ailleurs, quelques Lettres Latines de ce sçavant maronite. .. » Ibid., p. 127-129. Voir aussi p. 119-127. Ecchellensis et Nairon firent le premier catalogue des

mss. orientaux de la Yaticane : Calalogus codicum msslinguarum orienlalium Vaticame bibliothecæ, nempi linguie arabica, et’-., inceplus ab Abrahamo Ecchellensi, et absoliitus a Jo. Maithseo Kairono Banesio, maronitis, in eadem bibliothe’M scriptoribus an. 1686, Ang. Mai’, Script, vel. nova collectio, t. iv, Rome. 1831,

p. VIII.

Au xviiie siècle, l’Église maronite fut encore illustrée par des hommes dont l’activité dépassa le cercle d’une Église nationale. Nous nous contenterons de citer la lignée des Assémani, gloire immortelle du Liban et de la Syrie.

C’est un Assémani (Élie) qui dirigea vers l’Europe l’un des premiers exodes de mss. orientaux. Il se trouvait à Rome lorsque Clément XI, avisé de l’existence d’inestimables richesses littéraires en Orient, l’envoya aux bibliothèques monastiques de Nitrie. Il revint avec quarante livres. Il était réservé à son neveu. Joseph-Simon Assémani († 1768), de recueillir une moisson plus abondante de mss. grecs, syriaques et arabes. La nouvelle mission à lui confiée par le même pontife eut pour résultat de former une précieuse collection d’ouvrages qui augmentèrent considérablement le fonds de la Vaticane. Cette collection demeure encore l’une des principales sources de l’histoire ecclésiastique de l’Orient. Si l’on y ajoute les Codices acquis par Ecchellensis, Fauste Nairon, André Scandar et Gabriel Heva (Hawa), on jugera de ce que doit la bibliothèque vaticane aux maronites. Jos.-Sim. Assémani, et Ét.-Év. Asstmani, Bibl. apost. vat. cod. mss. cat., t. ii, p. xxii, xxxii ; Ét.-Év. Assémani, Acta sanctorum martyrum orientalium et occidentalium, t. i, Rome, 1748, Præjatio generalis : A. Mai, op. cit., t. iv, p. viii-ix. — Jos.-Sim. Assémani ne se contenta pas de doter la bibliothèque du Vatican de nombreux et importants manuscrits ; il les mit à profit et en révéla l’intérêt dans ses propres publications. D’une remarquable activité d’esprit, il ne se confina pas dans la littérature syriaque, et ses travaux étonnaient tout aussi bien par la profondeur de sa pensée que par la variété de son érudition. Malheureusement, un incendie en détruisit la plus grande part, en 1768. La liste nous en a été conservée par le cardinal Mai’; nous la donnons ici à titre documentaire ; elle servira de complément à l’article Assémani (Joseph-Simon), 1. 1, col. 2120-2122.

Opéra omnia J. S. Assemanii, quæ mss. exlabant unie incendium fortuilum ejas et Stephani Evodii archiepiscopi Apamas supellectilis et bibliolhecarum, quod incendium in cubiculis vuticumv bibliothecæ adnexis die trigesima augusti 1768 conligii. Opéra omnia incepla vel absoluia :

1° Bibliotheca orienialis (dont les quatre premiers volumes édités, Rome, 1719-1728) : t. v. De syriacis et arabicis sacrarum scripiwarwn versionibas ; t. vi. De libris eeclesiaslicis Syrorum ; t. vu. De conciliorum collectionibus syriacis ; t. viii. De collectionibus arabicis ; t. IX. De scriptoribus gratis in syriacum et arabicum conversis ; t. x. De scriptoribus arabicis ebristianis ; t. xi et xii. De scriptoribus arabicis mahometanis.

2° Kalendaria Ecclesiiv universæ (dont les 6 premiers volumes publiés, Rome, 1755) : t. vii. Kalendaria vetusta Grœcorum ; t. viii. Eadem Syrorum MaroniUwum, Jacubitarum et Nestorianorum ; t. ix. Eadem Armenorum ; t. x. Eadem JEgyptiorum et.Etbiopum ; t. xi et xii. Eadem Latinorum.

3° Italicæ historia’scriptores (dont les quatre premiers volumes édités, Rome, 1751-1753) : t. v et vi. De antiquia rerum neapolilanarum et sicutarum scriptoribus ; t. vu et vm. Anccdota rerum ncapolitanarum et sicutarum monumenta. Subjiciuntur alia luijusmodi ad res italicas spectantia, nimirum ad regnum tongobardicum, Ducatus romanum, spoletinum, foroiidiensem, Tuscise, etc.

4° De sacris imaginibus et reliquiis : t. i. De sacris imaginibus musivis, pietis, et (uiaglypiis, quæ in vetusiis orientis et occidentis ccclesiis servantur ; t. n. De sacris imaginibus, quæ in antiquis mss. codicibus latinis, gra-cis, <t