Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.1.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

101

    1. MARONITE (ÉGLISE)##


MARONITE (ÉGLISE), PATRIARCHES, X I « ’SIÈCLE

102

lion pontificale, l’archiprètre Georges Giiànem. Mais la dernière heure du patriarche avait déjà sonné, le 17 niai 1795, lorsque son messager parvint à la Ville éternelle.

Le. Il juin 1705, l’archevêque de Chypre, Philippe Gémaïel, était proclamé patriarche.. Il s’empressa, aussitôt élu, d’envoyer à Rome le 1’. Arsène Qardàhî. Voir les lettres synodales dans Anaïssi, Bull., p. 431136. Au consistoire du 27 juin 1796, Pie VI le confirma et lui accorda le pallium. Ibid., p. -131-413, et Collectio, p, 158-159. (lémaïel ne gouverna l’Église maronite que quelques mois. Il n’eut même pas le temps de recevoir le pallium et le bref de confirmation, conservés au couvent de N.-D. de Chouaïa (Liban). Le 28 avril 1796, fut élu, à sa place, l’archevêque Joseph Tian (ou Thian). Le 24 juillet 1797, le pape ratifia le choix de l’épiscopat et accorda le pallium au nouveau patriarche. Anaïssi, Bull., p. 443-451 ; Ghabriel, op. cit., t. u a, p. 670.

Joseph Tian dont la science théologique s’accompagnait d’une vaste érudition eut à défendre la primauté romaine contre les attaques de Germanos Adam, métropolite melkite d’Alep, celui-là même que le .Saint-Siège avait naguère envoyé comme délégué apostolique auprès des maronites. Voir la correspondance échangée entre les deux prélats dans Ghabriel, op. cit., t. u a, p. 701-710.

La discussion, si âpre fût-elle, ne déconcertait pas le théologien exercé et le polémiste infatigable qu’était Joseph Tian. Mais il eut à se résigner devant les difficultés d’un ordre tout différent, qui paralysèrent son action, fl s’agissait de liquider tout un long passé de troubles et de scandales. Sans doute, Fadel et Gémaïel avaient exposé la situation au Saint-Siège. Mais la mort les emporta avant que le Saint-Siège eût donné ses directives. Joseph Tian s’employa de toutes ses forces à rétablir l’ordre et la paix. Voyant qu’il ne pouvait en venir à bout, il préféra se retirer et achever ses jours, à l’ombre d’un cloître. En 1809, il se démit donc de ses fonctions patriarcales. Allocution consistoriale du 19 décembre 1814, dans Jus pontifie, t. iv, p. 517.

Au patriarche démissionnaire succéda, le 8 juin 1809, Jean El-Hélou, évêque de SaintJean-d’Acre. (Dans les documents, le mot arabe El-Hélou est traduit en doke.) L’élection fut accomplie, suivant les prescriptions du synode du Liban, à la suite d’un ordre pontifical en date du 19 novembre 1808, déclarant la vacance du siège. Pie VII était déjà à Savone lorsque le dossier électoral arriva à Rome. La Propagande en prit aussitôt connaissance ; et, ayant reconnu la légitimité des opérations, elle en informa le pape. Par lettre du 25 janvier 1810, celui-ci confirma le choix des évoques, laissant à plus tard les solennités accoutumées. De retour à Rome, Pie VII, au consistoire du 19 décembre 1814, préconisa le nouveau patriarche et remit le pallium à son procureur, le P. Arsène Qardàhî (Cardachi). Les pièces relatives à cette affaire dans Jus pontifie, t. iv, p. 516-520 ; Anaïssi, Bull., p. 455470.

Jean El-Hélou s’installa au vieux monastère de Qannoûbîn, bien délabré à la suite de longues années d’abandon. Il s’efforça d’en relever les ruines et de remettre en état ses propriétés. Les travaux de restauration permirent de retrouver, au milieu des ruines, le registre des meubles et immeubles du monastère patriarcal, établi par le patriarche Douaïhi. Grâce aux indications précises de ce document, Jean El-Hélou K rendit compte des nombreux empiétements dont le domaine avait été l’objet, et il entreprit de faire restituer à Qannoûbîn les biens dont le privait une injuste spoliation. Ghabriel, ibid., p. 729-730 ; Dcbs, op. cit., t. viii, p. 747 et 769. Les préoccupations matérielles,

avec leur cortège fastidieux de longues négociations, ne l’empêchèrent pas de songer à une restauration dans l’ordre spirituel. Il convertit notamment en séminaire le couvent de Saint-Jean-Maron de Kafarhaï (éparchie de Gébaïl et Batroun). Debs, ibid., p. 747 et 794. Le plus grand événement du pontificat de Jean El-Hélou est la tenue du synode de Loaïsah. Le retour de Pie VII à Rome avait offert aux maronites une occasion de témoigner de la constance de leur fidélité au Vicaire du Christ ; et, à cet etfet, ils avaient envoyé à Rome le P. Joseph Assémani pou r offrir au pape l’hommage de leurs félicitations. Cette démarche leur valut, avec les éloges du pape, le rappel de la réforme concernant la résidence des évêques et les monastères mixtes et l’ordre de tenir un synode pour le règlement de cette affaire. Bref In commuai du 1 er nov. 1816 et deux décrets de la Propagande, joints à ce bref, dans Anaïssi, Bull., p. 470-474. Le porteur des documents pontificaux fut l’envoyé maronite lui-même. Celui-ci dut arriver au Liban vers le milieu de 1817 ; le 15 février, en effet, il était encore à Rome. Voir deux lettres de Pie VII en date du 15 février 1817, dans Anaïssi, Bull., p. 475-476. Après les discussions préparatoires assez longues et laborieuses, portant notamment sur les droits de patronat dont plusieurs couvents faisaient l’objet, les sessions commencèrent à N.-D. de Loaïsah, en présence d’Aï. Gandolfi, délégué apostolique. La première, du 13 avril 1818, fut consacrée à la question des monastères. On les répartit en quatre catégories : séminaires, couvents de moines, couvents de moniales et asceteria pour les femmes menant la vie commune ans prononcer de vœux. Une commission spéciale fut désignée pour trancher les litiges que les droits de patronage pourraient surciter. A la deuxième session, 14 avril, on indiqua quels couvents serviraient de résidence au patriarche et aux évêques, et l’on prit une excellente décision concernant les séminaires : le couvent de Roumiyah (Rumje) servirait de petit séminaire national et’Ain Warqa serait réservé exclusivement aux études de rhétorique, de philosophie et de théologie. Par malheur, cette décision si favorable à la bonne formation du clergé resta lettre morte. Roumiyah dévint un séminaire patriarcal tout comme’Aïn-Warqa où l’on entrait enfant pour sortir prêtre. (On trouve les pièces relatives au synode de Loaïsah dans les archives de la Propagande, Atli de 1818.)

Les actes du synode, signés par le délégué apostolique, le patriarche et les évêques, furent soumis, suivant les instructions du Saint-Siège, à l’approbation pontificale. La Propagande y apporta quelques corrections, et quelques additions, que l’on peut remarquer dans le décret du 15 mars 1819. Pie VII, de vive voix d’abord, à l’audience du 4 avril, puis par lettres apostoliques du 25 mai, accorda l’approbation. Collectio laceasis, t. ii, col. 575-580.

On pourrait s’étonner que les réformes du concile du Liban, en 1736, plus d’une fois sanctionnées par Rome, n’aient été complètement réalisées qu’à la suite du synode de 1818. Le Liban ne voyait pas les choses avec les mêmes yeux que la curie. Les monastères mixtes ne choquaient pas le populaire, pas plus que la cohabitation, dans un séminaire, des élèves et des religieuses de service n’étonne actuellement les occidentaux. Guère plus que dans les séminaires modernes on n’entendait parler de scandales, et on ne voyait rien qui blessât la morale ou choquât le sens chrétien. En Orient, le souci de la bonne tenue chez la femme et la condition sociale qui lui est imposée écartent les dangers d’abus même parmi les gens du monde : à plus forte raison dans les monastères où fleurit la mortification corporelle. Cf. Dandini, op. cit., p. 67-68, 75-76. De loin en loin, sans doute, quelques fâcheux incidents