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1115 MESSE AU CONCILE DE TRENTE, HISTOIRE DU DÉCRET 1116

susceptibles d'être prises en bonne part. Une minuluta fut rédigée qui analysait ces remarques légèrement divergentes, Theiner, p. 036 ; mais, au total, le secrétaire Massarelli résume exactement la situation quand il écrit : Arliculi de missa… judicantur damnandi a theologis, neque adnotaliones alicujus momenti jactie sunt. Ibid., p. 635. Cet accord des théologiens ne pouvait que faciliter la tâche du concile, qui avait maintenant à se prononcer.

2. Discussion des Pères du concile.

Une première séance fut tenue le 2 janvier 1552, afin de régler l’ordre du jour.

Aux dix articles primitifs, en effet, un exposé doctrinal avait été joint, dont les réponses des consulteurs avaient fourni les matériaux et qui est encore inédit. La question était de savoir si on discuterait ensemble ou séparément ces deux parties du futur décret. A la demande des légats, en vue de gagner du temps, la majorité résolut d’adopter la première procédure. En conséquence, les deux documents furent distribués le dimanche 3. Il s’agissait en même temps de nommer une commission qui aurait la charge, au terme des délibérations, de procéder à la rédaction définitive. Le concile donna pleins pouvoirs aux présidents, qui attendirent la fin des débats pour en user.

Une semaine (7-14 janvier) suffit aux Pères pour exprimer leurs opinions. Suivant le programme adopté au début, ils avaient, comme les théologiens, à s’expliquer en même temps sur la messe et sur l’ordre. C’est pourquoi, dès le premier jour, le cardinal de Trente, pour donner satisfaction à la logique, demandait qu’on plaçât tout d’abord le sacerdoce, dont le sacrifice n’est qu’une fonction. Theiner, p. 636. Dans la suite, quelques prélats se rallièrent à cette manière de voir, ibid., p. 637, 640, 642, qui fut, au contraire, combattue par l'évêque de Cagliari. Ibid., p. 638. En attendant, chacun donnait son avis sur les deux.

o) Dogmatique de la messe. — Il importait avant tout de fixer la foi de l'Église en regard du protestantisme, tâche qui ne pouvait offrir beaucoup de difficultés.

En effet, la discussion des articles ne donna pas occasion à des remarques bien saillantes. Il y eut encore force dissertations théologiques sur la réalité du sacrifice de la messe. Dans ce genre se distinguèrent les archevêques de Mayence, p. 636, et de Grenade, p. 638, ainsi que l'évêque de Bitonto, p. 640, qui s’en expliqua, note le secrétaire, longa oratione. Seul l'évêque de Feltre se permit de contester, p. 639, l’argument classique tiré de Malachie et l’analogie de Melchisédec. Plusieurs Pères après eux, p. 640-642, prirent diversement position pour ent reprendre de déterminer si c’est à l’ordre de Melchisédec ou à celui d’Aaron qu’il faut référer l’acte sacerdotal du Christ. Le même évêque de Feltre proposait également une distinction subtile sur le caractère sacrificiel de la messe, p. 639 : Cuperet dici in missa esse sacri ficium, non autem missam esse sacrificium… Neque vidctur dicendum missam esse sacrificium, cum sit imago veri sacri ficii. Il ne semble pas que ces vues aient été prises en considération.

Quelques points qui touchaient à la pratique amenèrent des observations concrètes. L'évêque d’Agram avertit de ne pas prendre de décision générale au sujet de la langue liturgique, p. 637, ajoutant que, dans plusieurs endroits de son diocèse, un dialecte local est employé qu’on dit être celui de saint Jérôme. A propos de l’art, viii, qui concernait la matière du sacrifice, l’archevêque d’Upsal rappela, p. 638, que Sixte IV avait concédé aux Norvégiens de consacrer seulement avec du pain.

La doctrina recueillit les éloges de l'évêque de SaintMarc, p. 639 ; mais d’aucuns la souhaitèrent plus courte, tels l'évêque de Belcastro, p. 640, et les abbés

d’Italie, p. 647. D’autres firent observer qu’on n’y devait pas toucher aux controverses d'école. P. 642 et 644. C’est sans doute en vertu de ce principe que l’archevêque de Mayence, p. 637, attirait l’attention du concile sur une phrase où il était dit que la communion est i une partie du sacrifice », cum multi hoc negent et quia communio non est oblalio.

Plus grave était la question de savoir s’il y eut sacrifice à la cène. Dès le 8 janvier, l'évêque de Feltre, p. 639, émettait quelques doutes à cet égard, cum id clare probari non possil. Le lendemain 9, l'évêque de Bitonto, Cornelio Musso, prenait vivement parti contre la thèse affirmative. P. 640. Il fut suivi, le 14, par l’archevêque de Manfrédonia, p. 645, qui reconnaissait aller par là contre l’i opinion générale « du concile. En effet, la plupart des Pères se prononcèrent formellement pour l’oblation du Christ à la cène. Lepin, op. cit., p. 298-299. Bien qu’il partageât le sentiment de la majorité, l'évêque de Cività dans la Pouille, p. 644, aurait voulu qu’on ne décidât rien sur ce point.

b) Théologie de la messe. — D’accord sur les principes essentiels de la foi, les Pères, pas plus que les théologiens, ne semblent pas s'être beaucoup avancés sur le terrain des explications théologiques. « Comment ce caractère expiatoire de la messe s’accorde-t-il, mieux que celui de la cène, avec le principe de l’unique sacrifice rédempteur ? Personne ne l’explique avec précision… Sera-ce en alléguant une certaine réalité d’immolation qui se produirait actuellement dans l’oblation eucharistique ? Aucun, même parmi les Pères qui se sont arrêtés à une explication semblable au sujet de la cène, ne paraît y songer à propos de la messe. Tous, sans exception, ne voient d’autre immolation à l’autel qu’une représentation figurative de l’immolation de la croix. A défaut de cette réalité d’immolation, qu’est-ce donc qui donne à la messe son caractère de sacrifice expiatoire ? Les Pères ni les théologiens ne semblent le discerner nettement. » M. Lepin, p. 311-312.

Cependant, à travers ces premières délibérations, le même auteur croit apercevoir, ibid., p. 314, « trois façons de concevoir le sacrifice de la messe : la théorie de l’immolation représentative, celle de l’oblation, et quelques théories mixtes ou composites ». La première se reflète chez le mineur Alphonse de Castro et le séculier Jean Arze. Séance des 9 et 10 décembre 1551, Theiner, t.i, p. 610. A elle se rallie, le 9 janvier suivant, l'évêque de Constance. Ibid., p. 641. D’autre part, la lovanien Fr. Sonnius, Jean Gropper et l’espagnol Jacques Ferrusio se rattachent à la doctrine de l’oblation, puisqu’ils « établissent un rapprochement entre l’oblation quotidienne du Christ et l’oblation qu’il fait éternellement dans le ciel. » Lepin, p. 318. Voir Theiner, p. 612, 618, 623.

A cette idée d’oblation Ruard Tapper veut joindre la consécration qui conférerait au Christ « un nouvel être sacramentel qu’il n’a pas dans le ciel. » Le concile lui fournit l’occasion de soutenir une fois de plus, séance du 7 décembre, dans Le Plat, t. iv, p. 339-342, cette conception déjà exposée dans ses écrits antérieurs. Voir plus haut, col. 1109. Mais « cette opinion de Ruard Tapper apparaît dans les délibérations du concile complètement isolée. » Lepin, p. 320.

Un plus grand nombre associent à l’oblation eucharistique la consécration, qui réalise, par la séparation des espèces, la représentation symbolique de la passion. Ainsi Melchior Cano, séance du 9 décembre 1551, Theiner, p. 608, puis, le Il janvier 1552, l'évêque de Guadix. Ibid., p. 643. D’autres font, en 'outre, entrer en ligne de compte la communion. Ainsi Jean Arze, Jean Gropper, Alphonse de Contreras. Theiner, p. 611, 618, 624. Cette opinion avait dû entrer dans le texte