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MARONITE (ÉGLISE), PATRIARCHES XVIIie SIÈCLE

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friarcal et Pietro da Moretta ne voulurent voir qu’une teinte dans le triste état du malheureux et ils ne se génèrent pas pour proclamer leur opinion. Relation du oardinal Antonelli, ibid., t. ri, p. 419-423..Mgr Estéplian envoya à Home, pour le représenter et défendre vi cause, les quatre piètres qui raccompagnaient. Il leur remit, avec les documents nécessaires à sa réhabilitation, des lettres pour le pape, le cardinal Castelli, les cardinaux de la Propagande : il écrivit aussi à Louis XVI et à son ambassadeur à Rome, le cardinal de Bernis. Quant à lui, il résolut d’attendre au Carmel la décision pontificale, mais toujours avec l’intention de reprendre son voyage si, dans la suite, son état de santé le lui permettait. Relation du cardinal Antonelli ibid., p. 424-427 ; cf. aussi p. 386-395 de la partie arabe ; Biographie du patriarche, p. 76-79.

Sur ces entrefaites, le vicaire patriarcal, Michel El-Khazen, suivant le conseil de l’ablégat, Pietro da Moretta, convoqua, pour le 21 juillet 1780, un synode au couvent de Maïphouq. On tint, sous la présidence de l’ablégat, cinq sessions. Tous les décrets, rendus par Rome durant le patriarcat de Joseph Estéphan, y furent solennellement promulgués. Chose inutile, à la vérité, puisque ces décrets étaient déjà publiés et appliqués. Pour faire œuvre nouvelle, on y ajouta, sous l’inspiration du délégué pontifical, quelques canons relatifs à la discipline du clergé et des fidèles. Le but de cette réunion synodale, déclaraient les Pères, était de mettre en pratique les décrets donnés ou envoyés au P. da Moretta, d’appliquer le synode du Liban et de rétablir la paix dans l’Église maronite. Au fond, ce n’était que pour assener le coup de grâce au pontificat de Joseph Estéphan, réduire ses fidèles partisans et donner une occasion de chanter les louanges de l’ablégat et du vicaire patriarcal. Texte du synode dans’Abboud, Relazioni, t. ii, p. 397 sq. de la partie arabe ; relation du cardinal Antonelli, ibid., p. 430-431. Dans sa lettre du 28 juillet 1780 au secrétaire de la Propagande, Pietro da Moretta se glorifie d’avoir bien accompli sa mission et de l’avoir couronnée par la tenue d’un pareil synode. Dans’Abboud, ibid., t. iii, p. 432-433. En faisant son propre éloge, le délégué glorifiait du même coup le vicaire patriarcal, autour duquel les esprits, à son dire, s’unissaient. En d’autres termes, Estéphan troublait la paix ; Michel El-Khazen était parvenu, sous les auspices du délégué apostolique, à rétablir l’ordre et la concorde. Mais Pietro da Moretta se gardait bien d’avouer, dans sa lettre, qu’il avait dû recourir au bras séculier pour forcer les évêques à venir au synode. Voir la lettre de menace, écrite aux évêques, sur la demande de Pietro da Moretta, par le gouverneur de la Montagne, dans’Abboud, op. cit., t. ii, p. 396 de la partie arabe. Telle était la belle concorde, vantée par le délégué ! mais des lettres de protestation contre l’assemblée de Maïphouq ne devaient pas tarder à parvenir à Rome. Voir la relation du cardinal Antonelli, dans P.’Abboud, Relazioni, t. ii, p. 435-437 ; voir aussi h>c. cit., p. 344-386, 434-435. l’n peu plus loin, la même relation du cardinal Antonelli montre que la concorde dont le P. Pietro da Moretta se glorifiait d’être le principal artisan n’était qu’une invention, p. 462 sq.

Une fois le synode terminé, Pietro da Moretta reprit le chemin de Rome. De Chypre et d’Alexandrie, il adressa au patriarche, le 29 août et le 6 octobre 1780, deux lettres peu courtoises, pour ne pas dire insolentes.’Abboud, ibid., t. ii, p. 143-444 de la partie arabe ; Biographie du patriarche, p. 125-127. Le prélat exilé lui répondit, le 1° novembre 17X0, en quelques mots secs. Mais, aussitôt après, le 9 et le 10 du même mois, il adressa à la Propagande deux longues lettres qui réduisent à néant les accusations de l’ablégat pontifical. Texte dans’Abboud, Relazioni, t. ii, p. 387-391 ;

DICT. DE TIIÉOL. CATH.

Biographie du patriarche, ’p. 127-134. A Home, la vérité commençait à se faire jour peu à peu, sur les injustices commises contre Estéphan. Antonelli, ibid., t. ii, p. 464 sq.

L’n détail dut contribuer à ouvrir les yeux du Saint-Siège sur les agissements de l’opposition soutenue par l’ablégat : le traitement infligé au patriarche, réduit par elle à l’indigence. Voir ses lettres à la Propagande et au cheikh Sa’d El-Khoury dans’Abboud, op. cit., t. ii, p. 509-510 et, partie arabe, p. 450-456 ; la lettre du patriarche melkite, Théodose VI Dahàn, à la Propagande, 30 juillet 1782, ibid., p. 465-469. Sir l’ordre du souverain pontife, le cardinal Antonelli, préfet de la Propagande, adressa, le 24 sept. 1783, à Michel El-Khazen, vicaire patriarcal, un blâme énergique. Ibid.. p. 540-546

Pourtant, le Saint-Siège ne jugeait pas encore à propos de rétablir Estéphan dans la possession du siège patriarcal. De retour à Rome, en effet, Pietro da Moretta répandait, sous forme de petits écrits pathétiques, la substance des rapports envoyés par lui du Liban, et y déversait à pleines mains la défiance sur la personne du patriarche. On peut en juger par les quelques citations faites dans le rapport du cardinal Antonelli. Ibid., p. 464-466. Aussi, à la réunion du 18 sept. 1781, la congrégation particulière chargée par le pape de traiter les affaires maronites ajourna-t-elle la réintégration du patriarche pour lui faire signer, au préalable, une formule de rétractation. Cette formule, jointe à une lettre explicative, lui fut envoyée le 29 septembre.’Abboud, Biographie du patriarche, p. 153. Le décret d’ajournement du 18 septembre 1781 donna lieu, au Liban, à force commentaires. Les ennemis du prélat exilé voulaient assurer sa déchéance définitive. Ils estimèrent nécessaire de le discréditer encore davantage ; et ils ne manquèrent pas de mettre en jeu tout ce qui pouvait exciter contre lui l’horreur de l’opinion. Le vicaire patriarcal et ses partisans soumirent Hendiyé à un nouvel interrogatoire et lui extorquèrent contre Estéphan une déposition dictée par eux. Ils surent si bien intimider la pauvre fille qu’elle répéta, devant le jury, les horreurs qu’on lui avait inculquées. Lettre d’Ëstéphan à la Propagande, 2 avril 1782, dans’Abboud, Relazioni, t. ii, p. 482-491. Les détracteurs avaient beau jeu, et Estéphan semblait au plus bas. Dans sa résidence forcée du Carmel, le malheureux prélat suivait tout le mouvement. Quand la nouvelle de l’interrogatoire forcé parvint à ses oreilles, blessé dans sa dignité, outré d’être sans cesse en butte aux pires calomnies, ulcéré de se voir acculé à la misère, il écrivit, le 2 avril 1782, une lettre véhémente au Préfet de la Propagande. Texte dans’Abboud, op. cit., t. ii, p. 482-491. A Rome, on en trouva le ton déplacé. Mais voici plus grave. La formule de rétractation fut remise au patriarche, le 24 juin 1782, par le P. Hilaire de Rennes, supérieur des capucins de Sidon. Estéphan s’avise, sans arrière-pensée, d’en modifier le texte. Voir une lettre du patriarche melkite. Théodose VI Dahân, au préfet de la Propagande, 20 juillet 1782, et une autre d’Ëstéphan, également au préfet de la Propagande, 29 mars 1784, dans’Abboud, op. cit., t. ii, p. 465-469 et 473474 ; Biographie du patriarche, p. 153-156. En outre, on l’accusa d’avoir, malgré la suspense dont il était frappé, accordé des dispenses matrimoniales et levé des censures. Enfin on prélendit qu’il avait eu recours. pour être soutenu dans ses revendications, au pacha de Sidon. Aussi, à la congrégation tenue le 15 septembre 1783, sa réhabilitation lut-elle encore une fois ajournée. Relation du cardinal Antonelli, 21 sept. 1784, dans le P.’Abboud, toc. cit., p. 567 sq. Ces incidents amenèrent la Propagande à faire procéder sur place à une nouvelle enquête. Elle désigna au choix du SOU X. — 4