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MESSE, ADVERSAIRES CATHOLIQUES DE LA RÉFORME


te silence de Luther à son endroit passa pour un aveu d’impuissance. Édit. de Wehnar, t. xii, p. 199-201.

Le même Jérôme Emser prit encore la plume contre le nouveau manifeste de Luther : Vom Greuel der Stillmesse (1525), auquel il opposait, en lui retournant son propre titre, la riposte suivante : Auf] I.ulhers greuel Wider die heiligen Stillmess (= Sur l’abomination de Luther contre la messe basse), 1525. Il existe à la bibliothèque royale de Munich, Cod. germ. 930, une réfutation encore inédite du même ouvrage, écrite en bas allemand par le chancelier Luder van Reventlo. Édit. de Weimar, t. xviii, p. 14-16. A la même époque remontent les trois livres de Jean Eck, De sacrificio missæ contra Lulheranos (1527), qui, sans viser aucun ouvrage spécial de Luther, sont une des plus solides réfutations que la controverse catholique ait jamais opposées à l’ensemble de sa doctrine.

Enfin, le dernier en date des pamphlets dirigés contre la messe par le réformateur : Von der Winkebnesse und Pfu/Jenweihe (1533) ne passa pas davantage inaperçu. Jean Cochlée commença par lui opposer une réédition du traité d’Innocent III : De sacro altaris myslerio (Leipzig, 1534). Puis il voulut le suivre sur son propre terrain par une réponse plus accessible au populaire : Von der heyligen Mess und Priesterweyhe Christlicher bericht (Leipzig, 1534). Une semblable riposte du curé François Arnoldi est restée manuscrite aux archives de Dresde, Loc, 10 299. Édit. de Weimar, t. xxxviii, p. 179-180.

A ces monographies de circonstance il faudrait ajouter, pour être moins incomplet, lçs pages relatives au sacrifice de la messe contenues dans les œuvres générales de controverse, telles que VEnchiridion de Jean Eck (1525), la Tweslche Theologey de Berthold Pirstinger (1528), la Hiérarchise ecclesiasticse assertio d’Albert Pighius (1538), les divers opuscules de Cajétan, de Catharin et de Driedo. Voir Lepin, op. cit., p. 253-255. L’ensemble de cette littérature polémique montre qu’en face de la Réforme naissante les défenseurs de l'Église ne restèrent pas inactifs, que les attaques de Luther contre la messe retinrent tout spécialement leur attention, et qu'à défaut de la verve tumultueuse et agressive qui fit le succès du réformateur ils déployèrent du moins les plus honorables efforts pour répondre à ses coups.

Théologiens postérieurs.

Dans la suite, pour être

d’allure plus sereine, la controverse ne fut ni moins ardente ni moins féconde. Il ne s’agissait plus de riposter pour ainsi dire du tac au tac aux manifestes lancés dans le public par les auteurs de la Réforme, mais de prendre corps à corps des critiques déjà plus systématisées et de leur opposer une doctrine cohérente du sacrifice eucharistique. Après les polémistes d’avant-garde, c’est aux théologiens qu’il appartenait d’entrer en lice. Ils ne se dérobèrent pas à cette tâche, puisque, parmi les interprètes de la tradition catholique au sujet de la messe, on a pu ranger à juste titre, voir Lepin, op. cit., p. 255-258, les principaux noms de la théologie du temps.

Naturellement, la question de la messe est touchée en son rang dans les réfutations opposées à la Confession d’Augsbourg par Jean Cochlée, Quadruplex concordix ratio et consyderatio super Confessione Augustana (1544), et l’augustin Jean Hofmeister de Colmar, Judicium de articulis confessionis fidei (1559), dans l' Antididagma de Jean Gropper (1544) et la Panoplia evangelica de Guillaume Lindanus (1559). De même, elle intervient dans la Declaratio arliculorum faite au nom de la Faculté de Louvain par Ruard Tapper (1554), et dans VExplicatio articulorum qui la suivit de près (1555).

La controverse n’inspire pas seulement ces publications de circonstance. Elle pénètre jusque dans les

expositions doctrinales, où les représentants de l’Ecole ne peuvent plus ne pas faire leur place aux erreurs du jour. Souvent les titres eux-mêmes reflètent cette intention polémique.

En Allemagne, contre la synthèse toujours imposante de Mélanchthon, la mode, si l’on peut ainsi dire, était aux Loci communes. Dès cette époque, on en compte au moins trois différents, dus à l’augustin Jean Hofmeister (1546), au franciscain Conrad Kling (1559) et à Jean Gaspard Rutland (1559). On peut croire que l’illustre cardinal polonais Stanislas Hosius pensait à la Confession d’Augsbourg en publiant sa Confessio catholicee fidei christiana (1551). En France, il semble que le besoin se fit plutôt sentir de faire contrepoids au grand ouvrage de Calvin, si l’on en juge par les œuvres du toulousain Jean Viguier, Institutiones ad naturalem et christianam philosophiam, maxime vero ad scholasticam theologiam, et du champenois Pierre Boulenger, Instituiionum christianarum libriocto (1561).

L’importance toute spéciale du problème de la messe lui valut encore quelques monographies. LIne des plus célèbres fut, en Allemagne, celle du dominicain Jean Fabri, Was die Evangelisch Mess sey (1555), traduite aussitôt en latin par le chartreux Laurent Surius (1556) et qui bénéficia, dans les années suivantes, de plusieurs autres traductions latines ou françaises, ainsi que d’une réfutation par Flacius Illyricus (1557). Voir Fabri, t. v, col. 2058-2059. Aux théologiens se joignaient les prédicateurs, témoins les quinze discours prononcés en 1548 par l'évêque auxiliaire de Mayence, Michel Helding, que Laurent Surius traduisit encore enlatin, sous ce titre : De sanctissimo Missæ sacrificio (Cologne, 1562). Dans le genre doctrinal, on signale, en France, Antoine de Mouchy, surnommé Demochares, Christianæ religionis… adversus Misoliturgicorum blasphemias… prœcipueque Joannis Calvini et suorum contra sacram Missam catholica et historica propugnatio (1562) ; Nicolas Durand de Villegaîgnon, Ad articulos calvinianæ de sacramento Eucharisties tradilionis (2e édit., 1562) et De venerandissimo Ecclesise sacrificio (1562).

Même dans les pays les plus éloignés des centres réformateurs, on retrouve l’influence de l’actualité. En 1534, le mineur espagnol Alphonse de Castro publiait un traité Adversus omnes hæreses, dans la série alphabétique desquelles l’article Missa figure en bon rang. Les dernières éditions de l’ouvrage (1556 et 1565) sont d’ailleurs de beaucoup augmentées par rapport à la première. On doit également retenir les contributions apportées à la théologie du sacrifice eucharistique par le dominicain François de Vittoria, Summa sacramentorum (1546) et l’augustin Jérôme Fossano, De admirando myslerio (1554), dont le livre III traite spécialement De sacrificio.

C’est à ces divers témoins qu’il faut demander l’attestation de la foi catholique au sacrifice de la messe et le sens des premières réactions provoquées dans l'Église par l’assaut de ses négateurs.

II. positions doctrinales.

En pareille matière, il ne saurait être question de s’attacher à recueillir chacune des dépositions individuelles. On trouvera une analyse de ce genre, pour les principaux tout au moins de nos théologiens, dans Fr.-S. Renz, op. cit., p. 35-109. Ce travail ne pourrait tout au plus offrir qu’un intérêt d'érudition ou de curiosité. Il est plus important de vérifier les indications d’ensemble qui en résultent sur les positions générales de l'Église à cette époque.

Au demeurant, les abondantes richesses de cette mine ont été déjà largement fouillées à ce point de vue par II. Lâmmer, Die vortrideniinisch-katholische Théologie, Berlin, 1858, p. 259-278, et, plus près de