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    1. MESSE ET RÉFORMATEURS##


MESSE ET RÉFORMATEURS. CALVIN

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aux mains de ses adversaires, il ne trouve rien de mieux que de reprendre l’exégèse de Mélanchthon. Voir ci-dessus, col. 1091. 1.e sacrifice se divise en propitiatoire et eucharistique. Dans le premier sens, il n’y a pas d’autre sacrifiée que la mort du Christ : ce qui lui fournit l’occasion d’une nouvelle charge contre la vénalité et l’impiété des messes catholiques. 14-15, col. 1061-1062. Mais, au sens biblique de louange, ce terme peut convenir à la célébration de l’eucharistie : Hujus generis sacrificio carere non potest cœna Domini. in qua, dum ejus morlem annuntiamus et gratiarum aclionem referimus, nihil aliud quam ofjerimus sacrifieium laudis. 17, col. 1063. A cette condition, on peut éviter les abominations sacrilèges de la messe et la ramener à la pureté de ses origines : Missam in selectissima sua, et qua maxime vendilari potest, integritate aceeplam, sine suis appendicibus, a radiée ad fastigium, omni génère impietatis, blasphemisc, idololatriie, sacrilegii scatere. 18, col. 1064.

Nulle part Calvin n’a rien ajouté d’essentiel à cet exposé de l’Institution chrétienne. On en trouve un résumé populaire dans son Petit traiclé de la saincte Cène, 1541, ibid., t. v, col. 448-450. Il semble pourtant avoir été inquiet du parti que l’on pouvait tirer de la cène évangélique au profit de la messe. Contre quoi il affirme avec véhémence qu’entre ces deux faits « il y a autant de convenance qu’entre le feu et l’eau ». Reformation pour imposer silence à un certain belistre, 1556, t. ix, col. 134. Expression qui se retrouve dans le sermon xxiii sur Daniel, t. xli, col. 564. Comme manifestations plus importantes de sa persistante animosité contre la messe, qu’il suffise de citer : Intérim, t. vii, col. 574-581, suivi de Veræ Ecclesiæ re/ormandæ ratio, ibid., col. 640-651 ; Epistola de fugiendis impiorum sacris, t. v, col. 255-259, 261 ; Epistola de sacerdotio papali, ibid., col. 288, 296, 301-302 ; Quatre sermons : Serm. I contre l’idolâtrie, t. viii, col. 384-388 ; De necessitate reformandæ Ecclesiæ, t. vi, col. 488 ; Sermons sur le Deutéronome, xlv, t. xxvi, col. 430 ; Corn, in I Cor., xi, 24, t. xux, col. 485-486, 490.

On voit que la négation du sacrifice eucharistique est un thème non moins fécond chez les réformés qu’il ne le fut chez les luthériens. Chez les uns et les autres, l’identité de la thèse entraîne celle des arguments et les mêmes habitudes polémiques développent de semblables passions.

Symboles officiels.

Quelques-unes des nombreuses confessions de foi où les Églises réformées

essayèrent de fixer officiellement leurs croyances font une place spéciale à la réprobation de la messe.

Ainsi en est-il de la Confession de Zurich (1523), formulée sous l’influence immédiate de Zwingle. On y reproche aux « prêtres » d’avoir transformé la messe en sacrifice « depuis plusieurs centaines d’années ». Suivent, à l’appui de ce grief, les textes scripturaires et les raisons dogmatiques qui sont censés établir qu’il n’y a pas d’autre sacrifice pour le chrétien que celui tle la croix. E.-F.-K. Millier, Die Bekenntnisschriflen der reformierten Kirche, Leipzig, 1903. p. 26-28. En même temps qu’ils affirment leur foi, les protestants éprouvent le besoin d’argumenter contre celle de l'Église. Voir de même les //lèses de Berne (1528), vi, ibid., p. 30, et la Confessio letrapolitana (1530), xix, ibid., p. 73-74. L’Helvelica posterior (1562) réserve la question de savoir si la messe, apud veleres, fut tolerabilis an inlolerabilis, mais ne laisse pas douter qu’elle ne fût, dans l'Église actuelle, un abus qu’il était urgent d’extirper. Ibid., p. 213.

Genève parle un langage encore plus violent.

D’aultant que la messe du pape a esté une ordonnance mauldicte et diabolique pour renverser le mistère de ceste saincte cène, nous déclairons qu’elle nous est en exécration comme une idolâtrie condamnée

de Dieu. » Confession de Genève (1536), xvi, ibid., p. 114. Le Catéchisme de Genève s’abstient de ces anatliômes, mais confirme résolument la même négation. Ibid., p. 150-151. On y pose la question formelle : Ergo non in hune finem instituta est cœna ut Dca Eilii sui corpus ofjeratur ? La réponse est non moins nette : Minime. Soins enim ipse… hanc prærogativam habet. Atque hoc sonant ejus verba quum ait : « Accipile et manducate. » Neque enim ut offeramus corpus suum, sed lantum ut vescamur hic præcipit.

Chez les presbytériens écossais, on repousse pareillement 1' « opinion » des papistes qui veut faire de la messe un sacrifice : Hanc nos eorum doctrinam velut contumeliosam adversus Jesum Christum rejicimus et detestamur. Conf. Scolica, xxii, ibid., p. 261. Cf. p. 264, où se lisent ces formules de réprobation : Diabolicam missam, sacrilegum sacerdolium, abominandum pro vivorum mortuorumque peccatis sacrifieium.

Dans l'Église anglicane, la réprobation de la messe prend une forme plus dogmatique sans être moins déterminée. Lin seul petit article lui est consacré dans la série des 39 qui forment la célèbre Confession de Westminster (1562-1563). Art. xxxi, ibid., p. 517. On commence par y rappeler les prémisses doctrinales qui commandent toute la question, savoir la valeur décisive et exclusive du sacrifice de la croix : Oblalio Christi semel facta perfecta est redemptio, propitialio et satisfaclio… Neque præter illam unicam est ulla alia pro peccatis expiatio. Au nom de ces principes, la conception catholique de la messe est écartée comme un blasphème : Unde missarum sacrificia, quibus vulgo dicebatur sacerdolem offerre Christum in remissionem poznæ aut culpze pro vivis et defunctis, blasphéma figmenta sunt et pernitiosæ imposturæ.

Les protestants hongrois se montrent particulièrement agressifs : Missa papistica horrenda idolatria… Fit enim in sacrificio missæ papislicæ idolatria, Christi illusio, panis adoratio, gratiæ Dei et meriti Christi suppressio. Asserere missam tollere peccala omnia et conversionem, pœnitenliam viribus hominum fieri posse est occasionem dare ad omnia scelera. Contre quoi on allègue l’autorité de Dan., xi, 38, celle du Christ surtout qui a fait de la cène un sacrement et non un sacrifice, celle aussi des Pères. En effet, Patres cœnam memoriam sacrificii propiliatorii dixerunt, … non ipsam salutem ut migantur sacrificuli… Patres ignorarunl missam papislicam. D’où il suit que la messe ne saurait être qu’une invention diabolique : Tota doclrina cœlestis et ritus missæ a diabolo per papas et indoclos homines corrupta et immulata sunt impio et temerario ausu. Confession d’Erlauthal (1562), ibid., p. 305-306. Les enseignements évangéliques sur le culte « en esprit et en vérité » imposent également la même conclusion : Turpiter errant sacrificuli Baal, qui Christum, panem et vinum offerre et sacrificare se fingunt in missa, cum nostra oblatio sit spirilualis.

En regard de ces formules qui ne diffèrent entre elles que par le degré de violence et d’injustice, la Confession gallicane (1559) fait preuve d’une honorable discrétion. On n’y trouve pas d’article spécial sur la messe ; mais il n’est pas douteux qu’elle ne soit indirectement visée dans ces déclarations tendancieuses sur l'œuvre rédemptrice : « Nous croyons que par le sacrifice unique que le Seigneur Jésus a offert en la croix nous sommes reconciliez a Dieu… Aussi nous protestons que Jésus Christ est notre lavement entier et parfait. » Conf. gaïlic, xvii, ibid., p. 225. Voir de même xxiv, p. 227, qui réprouve l’intercession des saints et continue : « Nous rejettons aussi tous autres moyens que les hommes présument avoir pour se racheter envers Dieu comme derrogeans au sacrifice de la mort et passion de Jésus Christ. » L’a. xxxvi relatif à la cène, ibid., p. 230-231, se contente de la