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MESSE DANS L'ÉGLISE LATINE, LA FIN DU Ve SILCLE


vie qui vient du Calvaire. Nunc etiam, carnalium sacrifieiorum varietale cessante, omnes differentias hostia rum, una corporis et sanguinis lui implet oblatio. Serm., ux. t. liv, col. 341. C’est toujours la même victime qui est olïerte aujourd’hui et qui le fut autrefois, et qui nous applique maintenant les fruits de l’oblation du Calvaire. Voir aussi EpisL, ix. — 3. On doit réitérer dans une même journée l’offrande du sacrifice, lorsqu'à raison d’une afflucncc trop grande on n’a pu satisfaire à la dévotion de tout le peuple par un premier sacrifice. EpisL, ix, 2, t. liv, col. 626 et 627. — 4. Saint Léon emploie dans la même épître ix. au passage cité, le mot missa pour désigner la liturgie eucharistique : sur le mot missa employé dans le même sens, voir Innocent I er, EpisL, xvii, 12, P. L., t. xx, col. 535.

A Ravenne.

Saint Pierre Chrysologue († 450)

n’offre que des allusions, mais pleines de doctrines, à l’eucharistie sacrifice. En quelques lignes sont évoquées à la fois l’identité de la victime de la croix et de la victime de l’autel, la continuité qui existe entre l’incarnation et l’eucharistie, l’efficacité de la communion à la victime de l’autel. Serrn., Lxvii, P. L., t. lii, col. 392.

Sud de la Gaule.

Jean Cassien († 435), comme

saint Pierre Chrysologue à Ravenne, affirme la foi traditionnelle à l’identité du sacrifice de la cène, de la croix et de l’autel ; il montre l’efficacité de ce vrai sacrifice qui arrache les âmes à l’enfer pour les élever au ciel. De cœnob. inst., t. III, c. iii, P. L., t. xlix, col. 124.

Gennade (2e moitié du Ve siècle) dans un parallèle entre le martyr et le communiant, fait allusion au caractère commémorât if de l’eucharistie, De eccl. dogm., c. lxxiv, P. L., t. lviii, col. 997.

Fausle de Riez († 492) est un des écrivains du v° siècle dont le langage eucharistique est le plus précis ; il a lu saint Cyprien, saint Augustin, surtout saint Ambroise. L’homélie Magnitudo qui lui est attribuée représente une tradition doctrinale qui est en partie grecque et en partie ambrosienne ; c’est « le langage ambrosien mis au point des controverses du temps de saint Cyrille ». P. Batiffol : Noiwelles éludes documentaires sur la sainte eucharistie, dans Revue du Clergé Français, t. lx, p. 540.

On a dit à l’art. Eucharistie, col 1180, combien son langage est précis en ce qui concerne le miracle de la conversion substantielle qui s’opère à la consécration. Il ne l’est pas moins touchant le sacrifice de l’autel, son caractère commémoratif, son efficacité essentiellement relative à celle du sacrifice du Calvaire, sa nature qui consiste dans l’offrande de la rédemption. El quia corpus assumptum ablaturus erat ab oculis nostris… necessarium erat ut nobis in hac die sacramentum corporis et sanguinis sui consecraret, ut coleretur vel jugitsr, jure per mgsterium, quod semel ofjerebatur in pretium ; ut quia quotidiuna et indefessa currebat pro hominum salute redemptio, perpétua essel redemptoris oblatio. el perennis illa victima viveret in memoria et præsens semper esset in gralia. Vera, unica et perjecta hoslia fide existimanda, non specie ; nec exterioris censenda visu hominis, sed interioris afjectu… Hom. Magnitudo, P. L., t. xxx, col. 272.

Ainsi, nous célébrons à l’autel, sous le voile du mystère ce qui a été offert une fois sur la croix pour notre rançon ; c’est l’offrande perpétuelle de la rédemption pour que la victime éternelle vive sans cesse dans le souvenir, et soit toujours présente avec la même efficacité. Oblation de la victime du Calvaire, la messe dans son acte central, la consécration, est l'œuvre du prêtre invisible qui opère, parles paroles efficaces de l’institution, la conversion miraculeuse des éléments en son corps et en son sang.

La fortune des idées et des formules de Lauste de Riez sera très grande au Moyen Age ; voir M. Lepin, L’idée du sacrifice de ht messe. Paris, 1926, p. 1 4-47. Les défenseurs du réalisme eucharistique utiliseront cet auteur qu’ils citeront sous le nom d’Eusôbe d'Émèse, pour exposer l’idée de conversion substantielle.

Saint Avit de Vienne († 518), dans sa lettre à Gondebaud, nous renseigne surtout sur la signification du mot missa… Missam facere veut dire d’une façon générale renvoyer ; on faisait le renvoi non seulement dans les églises mais dans les prétoires. Epist., i, P. L., t. lix, col. 199. C’est ainsi que le mot était employé depuis longtemps pour désigner le renvoi des catéchumènes du service eucharistique. S. Augustin, Serm., lxix, 8, P. L., t. xxxviii, col. 324. Voir Rottmanner, Ueber neuere und altère Deutungen des Wortes Missa, dans Tùbinger theol. Quartalschri/t, 1883, p. 531-557 ; Fortescue, La messe. Étude sur la liturgie romaine, trad. Bourlinhon, p. 526-528 ; Batiffol, Leçons sur la messe, p. 166 et 167. On le retrouve employé dans le même sens au début du vie siècle par un concile de Lérida en 524, can. 4. Mansi, Concil., t. viii, col. 613.

L'évêque de Vienne aime à se représenter le mystère chrétien comme la prise de possession par le peuple fidèle de l’héritage que le Christ lui a laissé par testament. Ce testament nous livre non pas ses biens seulement, mais sa substance, son corps et son sang. C’est à la veille de sa mort qu’il a institué l’ordre de ce libamen éternel. Ex sermone de natali calicis, P. L., t. ux, col. 321.

En comparant dans un poème la messe à la manducation pascale, il laisse entendre que l’un et l’autre repas sacrificiel supposent une immolation. De quelle nature, il ne nous le dit point :

Tu cognosce tuam salvanda in plèbe figuram. Ut quoeumque loco sanctus mactabitar Agnus, Atque cibo sanction porrexerit hostia corpus Rite sacrum, celebret vitse promissa sequentis.

Poem., v, P. L., t. lix, col. 360 D.

Mutianus le scolastique (vi° siècle). — Par la traduction des homélies de saint Jean Chrysostome qu’il exécuta à l’instigatioh de Cassiodore, cet" auteur va faire connaître aux théologiens latins la riche doctrine de l’illustre commentateur grec sur le sacrifice eucharistique. En particulier, la passage de l’hom. xvii qui aborde la question de l’unité du sacrifice chrétien va devenir classique.

D’après l'Épître aux Hébreux, nous n’avons qu’une seule hostie, et elle n’a été offerte qu’une fois. Comment cependant pouvons-nous l’offrir tous les jours ? Voici la réponse de Jean Chrysostome : l’unité de sacrifice se tire de l’unité de victime ; c’est toujours la même victime qui est offerte à l’autel et sur la croix. Il faut citer le texte :

In Christo semel ohlata est (hostia potens ad saiutem sempiternam). Quid ergo nos ? Nunc per singulos dies offerimus : offeriimis quidem, sed ad recorclationem facientes mortis ejus ; et una est liœc hostia, non moitié. Quomodo una est et non multse ? Kt quia semel oblata est illa, ohlata est in sancta sanctorum ; hnc aulrm sacrificium exemptât est illius. Idipsum semper offerimus ; nec nunc quidem alium agnum, crastina alium, sed semper idipsum. Proindeunum est hoc sacrificium… t’nus ubique est Christus, et hic plenus existens et illic plenus, iinum corpus. Sic-ut enim qui ubique offertur unum corpus est, ila etiam et iinum sacrilicium. Pontifex autein noster ille est qui hostiara mundantem nos obtulit. Ipsam offerimus et nunc, quæ tune oblata quidem consumi non potest. Hoc autem quod nos facimus, in commémorât ! >nem quidem fit ejus quod factum est. i Hoc enim facile, inquit, in meam commemorationem. Non aliud sacrificium sicut pontifex, sed idipsum semper farinais magis autem recordationem sacrifîcii operamur. Enarratio in epistolam ad Hebrseos, hom. xvii, : i, /'. '>'., t. i.xui, col. 349-350.