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MF.SSI- : DANS L'ÉGLISE LATINE, SAINT AUGUSTIN


symbole, c’est la participation à une réalité vivifiante. Qui vult vivert habet ubi vivat, habei unde virât, accédât,

credat, incorporetur ut vivi/icetur. In Joan., tr. xxvi, 13, t. xxxv, col. 1C13. Les enfants qui sont encore incapables de comprendre un symbole, de faire un acte de foi, ne peuvent avoir la vie, sans avoir participé au corps eucharistique. Serm., clxxiv, 7, t. xxxviii, col. 9-11 ; De pecc. mer.. I, 26 et 27, t. xliv, col. 124.

Ainsi, du fait de cette participation à la victime jadis immolée, se réalise l’incorporation vivifiante, ['agglutination des membres du corps du Christ à la tête qui leur infuse la vie, ainsi est atteint le but du sacrifice eucharistique. Serm., lxxi, 17, t. xxxviii, col. 453.

La participation au sacrifice de la croix dans le sacrifice eucharistique est non seulement physique, mais morale. Le texte Nisi manducaveritis ne peut nous commander une manducation capharnaïtique ; c’est une figure nous ordonnant de participer à la passion du Seigneur, de nous remémorer avec émotion et pour notre profit que sa chair a été crucifiée et blessée pour nous : Facinus vel ftagitium vidctur jubere : figura est ergo prxcipiens passioni dominicæ communicandum et suaviter atque utiliter recondendum in memoria, quod pro nobis earo ejus crucifixa est et vulneratu sit. De doet. christ., III, xvi, 24, t. xxxiv, col. 71 et 75. Ainsi s’unissent, dans l’adulte qui communie dignement, la participation subjective et la participation objective à la victime du Calvaire. L’une ne détruit pas l’autre.

a) Le sacrifice eucharistique : Ses conditions. — A quelles conditions l’offrande des éléments eucharistiques devient-elle l’oblation réelle du corps du Christ, et permet-elle la participation à ce corps ? A condition que, par le fait de la consécration, bénédiction ou sanctification qui s’opère au cours de la liturgie eucharistique, les éléments du pain et du vin deviennent le corps du Christ. Saint Augustin, d’accord avec la tradition, affirme ce devenir et l’explique par différents facteurs : une prière mystique, le signe de la croix, et l’action invisible du Saint-Esprit.

La prière mystique. — Elle est absolument requise : Xoster panis et calix non quilibet, sed certa consecratione mysticus fit nobis, non nascituk. Contra Fauslum, XX, xjii, t. xlii, col. 379 : voir aussi De Trin., III, iv, 10, t. xlii, col. 873, 874.

Elle a une certaine longueur. Saint Augustin s’en explique dans sa lettre à Paulin de N’oie, en parlant des precationes. oredioncs, postulationes. « Je préfère entendre par ces paroles ce que toute ou presque toute l'Église met en pratique, de telle sorte que nous tenions pour désignées par precationes les prières que nous faisons dans la célébration des saints mystères, avant de commencer de bénir ce qui est sur la table du Seigneur ; par orationes les prières que nous faisons lorsqu’on le bénit, le sanctifie, le fractionne pour le distribuer, ensemble de prières que toute l'Église presque termine par l’oraison dominicale. » Epist., cxlix, 16, t. xxxiii, col. 636.

Par ces orationes qui sont au cœur de la messe et par lesquelles on consacre. Augustin désigne sans doute le canon en général. Ailleurs, il précise davantage et semble bien affirmer que la force consécratoire se trouve dans une parole de Dieu », la bénédiction du Christ : Panis Me sanctificatus per verbum Dei corpus est Christi. Serm., cr.xxvii, t. xxxviii, col. 1099. Non enim omnis panis. sed accipiens benedictionem Christi fit corpus Christi. Serm., ccxxxiv, 2, col. 1116. Il semble bien que cette parole de Dieu soit la parole évangélique de l’institution : cela ressort du principe clairement établi que nous devons offrir le sacrifice uniquement selon le rite prescrit par Jésus-Christ.

Contra Faustum, XX, xxi, t. xi.ii, col. 385. Voir art. Épiclèse, t. v, col. 242.

Le signe de la croix. — Sans lui, le saint sacrifice eucharistique n’est pas accompli rite. Di Joan., tr. cxviii, 5, t. xxxv, col. 1950.

L’action de l’EspritSaint. — Les attestations d’Augustin sur la vertu des paroles du Christ ne l’empêchent point d’affirmer en même temps l’action invisible du Saint-Esprit dans la transformation opérée sur l’autel. Non sanctificatur ut sit tant magnum sacramentum, .nisi opérante invisibiliter Spiritu Dei. De Trin., III, iv, 10, t. xlii, col. 873, 874.

Cette affirmation cadre avec les principes généraux de l'évêque d’Hippone sur l’activité de l’Esprit dans toute sanctification : Sanctificatio nu.Ua divina et vera est nisi ab Spiritu Sancto. Serm., viii, 13, t. xxxviii, col. 72. Cf. Qua-st. in Ileptat., 111, 84, t. xxxiv.col. 711. Elle se retrouve équivalemment chez ses contemporains ; chez Optât, par exemple, ou Gaudence de Brescia. Voir art. Épiclèse, t.v, col. 244. Les augustiniens comme saint Fulgence et saint Isidore de Séville marqueront d’une façon plus précise encore l’importance et le sens de l’invocation au Saint-Esprit dans le sacrifice eucharistique.

De l’ensemble de ces vues sur la messe, découle tout naturellement la vérité du sacrifice chrétien. La liturgie eucharistique tout comme le sacrifice de la croix dont elle prolonge l’offrande est un sacrifice très vrai. Unde et in ipso verissimo et singulari sacrificio Domino Deo nostro agere gratias admonemur. De spir. et tilt., xi, 18, t. xliv, col. 211.

Jésus-Christ lui-même a déterminé le rite par lequel nous rendons le culte d’adoration à Dieu. « C’est un crime, dit Augustin, de sacrifier aux martyrs, mais non de sacrifier à Dieu dans les mémoires des martyrs, ce que nous faisons très fréquemment selon le seul rite avec lequel il nous a prescrit de lui sacrifier. » Contra Faustum, XX, xxi, t. xlii, col. 384.

L'Église possède vraiment un sacrifice qu’elle offre tous les jours. C’est le sacrifice unique prédit par Malachie. De civ., XIX, xxiii, 5, t. xli, col. 655. C’est le sacrifice accompli pour la première fois par Melchisédech, quand ce prêtre bénit Abraham avec du pain et du vin. De civ., XVI, xxii, col. 500. Nous le voyons aujourd’hui offert en tous lieux par le sacerdoce du Christ selon l’ordre de Melchisédech.

C’est l’unique sacrifice toujours le même dont la communion est proposée à tous : Nam unum atque idem sacrificium propter nomen Domini, quod invocatur et sanctum est et taie cuique fit, quali corde adaccipiendum accesserit. Contra epist. Parm., II, vi, 11, t. xliii, col. 57.

e) Le sacrifice eucharistique : Sa valeur et son efficacité. — Pour les vivants. — Il a pour effet de faire entrer les bons dans une communion tout intime au sacrifice du Calvaire et de leur communiquer ainsi la vie, le prix de leur rédemption, le gage du salut. De pecc. mer., i, xxiv, 34, t. xliv, col. 128 et 129 ; In ps. CXXV, 9, t. xxxvii, col. 1663. Il peut être offert pour des nécessités individuelles, même temporelles. C’est ainsi qu’un diocésain d’Augustin demande qu’un prêtre offre le sacrifice pour éloigner les démons qui tourmentaient ses bêles et ses esclaves. De civ., XXII, viii, 6, t. xli, col. 764.

Pour les morts. — On doit reconnaître, dit saint Augustin, « que les âmes des défunts sont secourues par la piété des vivants, quand le sacrifice du Médiateur est offert pour elles ». Ench., ex, t. XL, col. 283. « Il n’y a cependant à profiter de ces pratiques que les âmes qui, pendant leur vie, ont mérité d’en tirer profit. Donc, quand les sacrifices, soit de l’autel, soit des aumônes sont offerts pour les défunts, ils sont des actions de grâces pour les très bons, des propiliations