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MESSE DANS L’EGLISE LATINE DU I’e AU XVe SIÈCLE

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tenu pour remontant à une très haute antiquité. Or, partout, après avoir redit sur les aliments choisis par le Christ à la première cène les mots prononcés par lui en ce dernier repas, l’officiant offre à Dieu, en action de grâces, le pain et la coupe, corps et sang du Christ, afin que ces dons soient agréés du Très-Haut, et que remplis de ses bénédictions ils soient ensuite par la communion une source de bienfaits célestes pour les fidèles.

Nous croyons donc pouvoir l’affirmer : cette conception est celle qu’expriment les plus antiques liturgies, celle qui s’accorde avec le langage de tous les anciens écrivains chrétiens et que plusieurs d’entre eux énoncent en termes formels ; elle est enfin celle qu’on obtient si on fond en un seul tout les données, du Nouveau Testament : les Synoptiques, la Première aux Corinthiens, l’Épître aux Hébreux. A l’auteur de cet article et du précédent qui a eu le constant souci de ne jamais substituer sa pensée à celle d’autrui, peut-être sera-t-il permis, au terme de son travail, d’ajouter d’un mot qu’à son humble avis cette théorie sur l’essence de sacrifice de la messe, est, de toutes, la moins subtile et la plus facile à justifier, la moins surchargée de concepts étrangers au christianisme primitif, et la plus respectueuse des enseignements révélés sur l’unité du sacerdoce et du sacrifice de Jésus ; c’est celle qui lui semble avoir été celle des premier chrétiens, des apôtres et du Christ.

Nulle part peut-être cette conception n’est mieux exprimée que dans un document vénérable et dont certaines parties, nous l’avons observé, sont plus anciennes que Tertullien et Cyprien, les prières du Canon romain après la consécration :

Se souvenant de la passion, de la résurrection et de l’ascension de Jésus-Christ, le peuple chrétien, par le célébrant, offre au Père la seule victime digne de lui, le pain et le vin devenus le corps et le sang de son Fils. Il est demandé que cette offrande soit agréée, comme l’ont été les dons d’Abel, le sacrifice d’Abraham et l’oblation de Melchisédech. Qu’elle soit donc portée par l’Ange de Dieu sur son sublime autel, en présence de la divine majesté, afin que, participant à cet autel pour recevoir le corps et le sang du Christ, les fidèles soient remplis de toute grâce et de bénédiction céleste.

Ce morceau fait connaître en même temps des conceptions très anciennes et la foi d’aujourd’hui n’exprime-t-il pas les croyances de toujours ?

Ne sont pas mentionnées ici les monographies consacrées a l’étude d’un écrivain particulier : elles sont citées au cours du développement consacré à cet auteur. Impossible aussi et inutile de mentionner tous les ouvrages généraux de théologie, d’histoire et de liturgie.

I. Travaux catholiques.

P. Batiffol, Études d’histoire et de théologie positive, IIe série. L’eucharistie, la présence réelle et la transsubstantiation, 8e édit., Paris, 1920 ; du même, art..4 quariens, dans Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie t. i, 1007, col. 26-18 ; J. Brinktrine, Der Messopferbegriff in den ersten zwei Jahrhunderten, Fribourg-en-B., 1918 ; F. Cabrol, Les origines liturgiques, Paris, 1906 ; O. Case], Oblalio rationabilis, dans Tiibinger theol. (Juarlalschrijt, 1917-1918, p. 419 ; du même, Das Gedàchlnis des Ilerrn in der allchristlichen Liturgie, Fribourg-en-B. ; du même, Die Liturgie als Mi/sterienfeier, dans Ecclesia Orans, t. ix, Fribourg, 1923 ; I. Coppens, L’offrande des fidèles dans la liturgie eucharistique ancienne, dans Cours et conférences des semaines liturgiques, Louvain, 1927, t. v, p. 93 sq. ; É. Dorsch, Allar nnd Opfer, dans Zeilschri/tfiir kathol. Théologie, 1908, t. xxxii, p. 307-352 ; du même, Der Upfercharakter der Eucharistie einst und jetzt, Inspruck, 1909 ; du même, Aphorismen und Erwàgungen zur Beleuchtung des vornicànischen Opferbegriffs, dans Zeitschrift fiir kathol. Théologie, 1910, t. xxxiv, p. 71117 ; F. Duchesne, Les origines du culte chrétien, 4e édit., Paris, 1908 ; A. Fortescue, La messe, étude sur la liturgie romaine, trad. par A. Boudinhon, 2e édit., Paris, 1921 ;

A. Iluppertz, Veber den Opferbegriff der drei ersten christlichen Jahrhunderle, dans Der Katholik, 1908, t. xxxvii, p. 431 sq., 1909, t. xxxix, p. 126 sq., 188 sq. ; II. Lamiroy, De essentia ss. missæ sacrificii, Louvain, 1919 ; J. Lebreton, art. Eucharistie, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1910, l. i, col. 1548 sq. ; F. Probst, Liturgie der ersten drei christlirhen Jahrhunderle, Tubingue, 1870 ; G. Bauschen, L’eucharistie et la pénitence durant les six premiers siècles de l’Eglise, trad. Bicard, Paris, 1910 ; F. S. BonL, Die Geschichle des Messopferbegriff » oder der aile Glaube und die neuen Theorien iiber das Wesen des unbluligen Opfers, Frisingue, 1901 ; A. Sçheiwiller, Die Elernenle der Eucharistie in den ersten drei Jahrhunderten, dans Eorschungen zur chrisUichen Lileratur und Dogmengeschichte, t. iii, fasc. 4, Mayence, 1903 ; A. Schmid, Dr. Wieland Franz, Mensa und Confessio, dans Der Katholik, 1900, t. xxxiv, p. 23."> sq. et Mayence, 1906 ; A. Slruckmann, Die Gegenwart Christi in der heiligen Eucharistie nach den schriftlichen Quellen der vornicànischen Zeit, Vienne, 190.") ; M. de la Taille, Mysterium fidei, De augustissimo corporis et sanguinis Christi sacrificio et sacramento elucidaliones L in 1res libros distincUv, Paris, 1924 ; J.-B. Thibaut, La liturgie romaine, Paris, 1924 ; A. Vacant, Histoire de la conception du sacrifice de la messe dans l’Église latine, Lyon, 1894 ; F. Wieland, Mensa et confessio, Stndien iiber den Altur der altchristlichen Liturgie. I. Der Allar der vorkonstantinischen Kirche, Munich, 1906 ; du même Der vornicànische Opferbegriff, Munich, 1999 ; A. Schmid, Erwiderung, dans Der Katholik, 1906, t. xxxiv, p. 399 et D’Wieland, Eingesandt, dans Der Katholik, 1908, t. xxxviii, p. 463.

II. Travaux non catholiques.

On trouvera sur les ouvrages parus avant 1913, des indications dans la bibliographie de l’article Eucharistie d’après les pères, t. v, col. 1183, et aussi dans celle de l’article Eucharistie d’après la sainte Écriuire, t. v, col. 1120-1121, comme aussi au cours de ce dernier article, col. 1024-1030. Sur les ouvrages parus depuis 1913, voir la bibliographie de l’article Messe d’après la sainte Écriture, et ce qui a été dit de ces écrits au cours de ce dernier article.

f C. Ruch.


III. LE SACRIFICE DE LA MESSE DANS L’ÉGLISE LATINE DU IV » SIÈCLE JUSQU’A LA VEILLE DE LA RÉFORME.


I. Les Pères des IVe et Ve siècles.
II. De saint Augustin à saint Grégoire le Grand (col. 976).
III. De saint Grégoire à l’époque de Charlemagne (col. 981).
IV. Les débuts de la Renaissance carolingienne (col. 993).
V. La controverse eucharistique du IXe siècle (col. 1009).
VI. La controverse bérengarienne du IXe siècle (col. 1027).
VII. Les résultats acquis à la fin du XIe siècle (col. 1031).
VIII. Les débuts de la scolastique (col. 1037).
IX. Les grands théologiens du XIIIe siècle (col. 1052).
X. Les continuateurs aux XIVe et XVe siècles (col. 1068).

I. Les Pères du IVe et du Ve siècle, plus particulièrement saint Ambroise et saint Augustin.

Depuis la mort de saint Cyprien, jusqu’à l’époque de saint Ambroise et de saint Augustin, la question du sacrifice eucharistique tient relativement peu de place dans les écrits des Pères d’Occident.

A cela rien d’étonnant : l’Église vit en possession tranquille du mémorial institué par le Sauveur ; elle a conscience de posséder un autel, un sacerdoce, un sacrifice. Les Pères de l’époque précédente, saint Irénée, saint Cyprien surtout, l’ont dotée d’un langage précis pour enseigner aux fidèles le sens du mystère eucharistique. Il suffit à ses évêques, à ses. commentateurs d’utiliser ce langage pour expliquer aux chrétiens le sacrifice qu’ils ont sous les yeux.

Ce que fut ce témoignage pratique rendu par les Pères d’Occident au caractère sacrificiel de l’eucharistie, nous le percevons à travers les réflexions de saint Hilaire sur le réalisme de la chair eucharistique, les allusions de saint Optât de Milève", les commentaires de saint Jérôme, de l’Ambrosiaster, surtout à travers les homélies de saint Ambroise et de saint Augustin. Le témoignage de ces Pères mérite d’être