Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.1.djvu/483

Cette page n’a pas encore été corrigée
951
952
MESSE DANS LES SECTES HÉRÉTIQUES


Cette eucharistie se célèbre aussi après le baptême. C. 5, Lipsius, p. 50 ; Vouaux, p. 260. Pierre vient de conférer ce sacrement à Théon. Un jeune homme leur est apparu qui leur a dit : « Paix à vous. » Alors Pierre prit du pain et rendit grâces au Seigneur de l’avoir jugé digne de son saint ministère et de l’apparition de ce jeune homme : « Très bon et seul saint, c’est toi (dit-il) qui nous apparus, ô Dieu Jésus-Christ, c’est en ton nom que (Théon) vient d'être lavé, marqué de ton signe saint, aussi, toujours en ton nom, je lui fais part de ton eucharistie, afin qu’il soit ton parfait serviteur, sans reproche pour l'éternité. Et comme ils mangeaient, ils se réjouissaient dans le Seigneur… » Il n’est question en ce passage que du pain. Mais le fait ne prouve pas que l’eau soit exclue. Car ce récit est très court, il ne reproduit nullement, on peut le constater, des formules liturgiques et ne donne pas une description détaillée du rite. L’auteur ( au moins celui de l’arrangement final) qui, un peu plus haut, c. 2, a nommé le pain et l’eau, ne semble nullement vouloir se contredire.

Une dernière mention très courte se trouve dans le fragment copte des Actes de Pierre, édit. Vouaux, p. 227. Un dimanche, à Jérusalem, Pierre parle à une foule. Puis « louant le nom du Seigneur Christ, il leur partagea à tous le pain ». Ici non plus, la coupe n’est pas mentionnée. Est-ce parce qu’elle n'était pas en usage ou seulement parce que l’auteur rappelant l’eucharistie par une seule phrase, croit avoir assez désigné le rite tout entier en parlant de la fraction du pain ? Il est difficile et même impossible de déterminer laquelle de ces deux réponses est la yraie.

Les Actes de Thomas (on est porté à en placer la composition au iiie siècle, en Syrie ; voir É. Amann, Suppl. au diction, de la Bible, t. i, col. 503) parlent en un grand nombre de passages de l’eucharistie. Cf. Struckmann, op. cit., p. 105-110. L’apôtre Thomas dit au roi Gundaphorus et à son frère Gad : « Je me réjouis… de m’unir à. vous pour cette eucharistie et eulogie du Seigneur. 26, édit. Lipsius-Bonnet, Acla, t. n b, p. 141 : « Ayant rompu le pain, il les fit communier tous deux à l’eucharistie du Christ. » 27, p. 143. Une autre fois encore, Thomas leur « rompt le pain de l’eucharistie et le leur donne en disant : Cette eucharistie vous sera, eaxoa ûjjùv ocÛty) r) eùxapicma, en miséricorde et pitié, non en jugement et punition. » 29, p. 146. De même après avoir délivré du démon une possédée, l’Apôtre la reçoit ainsi que d’autres dans la religion chrétienne. Puis il fait apporter par son diacre une table, qu’il recouvre d’un linge blanc, il y dépose le « pain de l’eulogie » et fait cette prière : « Jésus, qui nous as rendu dignes de participer à l’eucharistie de ton saint corps et de ton sang, voici que nous venons approcher de ton eucharistie et invoquer ton saint nom. Viens maintenant et unis-toi à nous. » Il y a donc ici une épiclèse adressée au Christ. Dôlger, op. cit., p. 56. Suit une prière gnostique. Puis l’apôtre trace la croix sur le pain et commence à le distribuer. Il le donne d’abord à la femme, disant : « Ceci sera pour toi en vue de la rémission des péchés et des transgressions éternelles. » 49-50. p. 165 sq.

Un jeune homme coupable d’un crime a reçu l’eucharistie. En punition ses mains se dessèchent. 61, p. 167. Le texte semble bien attester ici que le pain consacré était déposé entre les mains du communiant. Mygdonia se convertit et demande le baptême. Elle ordonne qu’on lui apporte de l’eau, un pain et de l’huile. L’apôtre lui fait une onction et la baptise. Puis il « romptle pain et, prenant une coupe d’eau, il lui donne la communion au corps du Christ et à la coupe du Fils de Dieu, et il lui dit : Tu reçois ton sceau qui t’obtiendra la vie éternelle. » 121, p. 231. Siphor, sa femme et sa fille sont baptisés par l’Apôtre. Il place

ensuite un pain sur la table, le bénit en disant : « Pain de vie, que ceux qui en mangent demeurent incorruptibles, SçGaprot. Pain qui rassasies les âmes affamées de bonheur, c’est toi qui as daigné recevoir le don, afin que nous arrive la rémission des péchés, et que ceux qui te mangent deviennent immortels. Nous t’invoquons, toi, le nom de la mère, mystère ineffable des principes et des puissances cachées : nous t’invoquons au nom de Jésus. « Et il dit : « Vienne la force et la bénédiction, et que le pain soit pénétré, afin que toutes les âmes qui y auront part, soient délivrées de leurs fautes. » Et ayant rompu (le pain), il le donna à Siphor, à sa femme et à sa fille. 133, p. 240. Uazanes est baptisé. L’apôtre prend du pain et une coupe, les bénit et il dit : « Nous mangeons ton saint corps qui a été crucifié pour nous, et nous buvons ton sang qui a été versé pour nous en vue du salut. Que ton sang devienne pour nous le salut, et que ton sang soit pour la rémission des péchés. » Puis il rompt l’eucharistie, la donne et il dit : « Que cette eucharistie devienne pour vous le salut, la joie et la santé de vos âmes, et ils répondirent : Amen. » 158, p. 268. — Le rite eucharistique est donc d’usage courant. Il se célèbre toujours après le baptême. En certaines descriptions il n’est parlé que du pain, mais dans deux autres est mentionnée la coupe.

Le second livre de Jeu (m siècle, Egypte) fait apporter au Christ deux cruches de vin et des branches de vigne. Alors Jésus dispose une offrande, 6ug[<x ; il place « une cruche de vin à gauche de l’offrande et l’autre à droite… » Les disciples se tiennent devant l’offrande. Jésus est debout et en face d’elle. II étend un linge de liii, y dépose une coupe de viii, puis des pains en nombre égal à celui des disciples. Il prononce ensuite une formule d’invocation avec mots magiques, et demande que par un prodige l’eau du baptême de vie soit versée dans l’un des vases de vin. L’opération s’accomplit. Les disciples s’approchent. Jésus les baptise, leur donne l’offrande, npoatpopdc. et les marque du sceau. Aussi sont-ils dans une grande joie pour avoir reçu le pardon de leurs péchés et être devenus héritiers du royaume de lumière. Éd. C. Schmidt, Koptisch-gnostische Schriflen, t. i, Leipzig, 1905, p. 308 sq.

Dans le quatrième livre de la Pislis Sophia, ouvrage apparenté au précédent et de peu postérieur, on retrouve une description du même rite. Jésus déclare à ses disciples qu’il a apporté dans le monde le feu, l’eau, le vin et le sang. « Le feu, l’eau et le vin sont pour la purification des péchés, le sang est un signe à cause du corps humain que j’ai pris là où est Barbelos la grande puissance du Dieu invisible… C’est pourquoi j’ai pris une coupe de viii, je l’ai bénie et je vous l’ai donnée en disant : « Ceci est le sang de l’alliance qui sera versé pour la rémission de vos péchés. » Jésus fait alors apporter du feu et des rameaux de vigne. Il place sur eux l’offrande, 7Tpoaçopâ, dispose à droite et à gauche deux cruches de vin et autant de pains qu’il y a de disciples. Jésus se tient ensuite devant l’offrande, 7rpoaçopdc, et fait une invocation pour obtenir aux disciples la rémission des péchés dont un signe nouveau dans l’offrande sera le signe. Ibid., p. 242-244.

Faut-il voir dans les Homélies clémentines un remaniement romain ou syrien fait au ive siècle d’un ouvrage composé au troisième, et qui synthétiserait deux écrits plus anciens et pouvant remonter vers 200 (YVaitz et Hamack)? Si oui, il y a lieu de relever ici les traits suivants : Pierre après avoir, conféré le baptême, rompt le pain pour l’eucharistie ; l’ayant saupoudré de sel, il le donne d’abord à la mère, puis à ses fils qui mangèrent en commun avec elle et louèrent Dieu. Hom., xiv, 1, éd. Lagarde, p. 141. La