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MUSSE EN OCCIDENT : SAINT CYPHIEN


De lapsis, 15. 16, 25, H., t. m « , p. 2-17-255. La faute de l’apostat qui communie paraît à saint Cyprien

plus grave que son reniement. ld.. 16, p. 248.

Ce n’est pas seulement avec Dieu, mais avec ses frères, qu’il faut être en paix pour pouvoir offrir le sacrifice. De dominica ofatione, 23, II., t. m a, p. 281. D’ordinaire, cependant, Cyprien ne se demande pas quelles dispositions il faut avoir pour assister à la célébrai ion de l’eucharistie : ce sont les mêmes qui sont requises pour communier, car alors tous les assistants recevaient l’eucharistie. Une histoire bien connue le démontre. En temps de persécution, les païens avaient obligé une toute petite tille chrétienne, incapable de savoir ce qu’elle faisait, à manger un morceau de pain trempé dans du vin olïert en libation aux idoles. Plus tard, et toujours avant d’avoir l'âge de raison, cette petite tille fut amenée à l'église et assista au sacrifice. Quand le diacre qui présentait la coupe aux assistants vint à elle, il voulut lui donner la communion : l’enfant sous V instinct de la divine Majesté se détourna du calice consacré. Le diacre persista à vouloir la communier et lui donna de force l’eucharistie. De lapsis, 25, IL, t. m a, p. 255. Tel est donc l’usage : tous les assistants communient. Aussi, puisque assister à l’eucharistie, c’est recevoir l’eucharistie, on comprend pourquoi saint Cyprien exige pour une action si sainte la plus haute sainteté.

Il démontre par des faits qu’elle est indispensable. Ainsi l’enfant dont il est parlé plus haut, et qui, sans avoir commis aucune faute personnelle, avait participé au culte des idoles, ne peut consommer le vin consacré qui se refuse à rester en son corps souillé. La femme qui, chez elle, veut se communier avec des mains impures est détournée de cet acte par l’apparition d’un feu miraculeux. De lapsis, 26, p. 256. Un fidèle indigne de participer à l’eucharistie et qui vient de recevoir en ses mains le pain consacré constate qu’il se change en cendres. De lapsis, ibid.

Quand il le faut, la discipline ordinaire sait fléchir. Survient la menace d’une persécution. Saint Cyprien et avec lui quarante et un évêques réunis en synode à Carthage en 255 prennent les dispositions que commandent les circonstances et qu’ils font connaître au pape Corneille. Toutefois, même alors, ils commencent par le déclarer : « Aussi longtemps que l'Église est en paix, on observera les règles existantes sur la réconciliation des lapsi : tout ce qui est imposé pour leur rentrée en grâce doit être accompli à moins que malades ils ne soient exposés à mourir. » Epist., lvii (ol. liv), 1, H., t. m b, p. 650. Mais, en temps de persécution, ce ne sont pas seulement les malades, mais aussi les bien portants qui ont besoin de la paix, et il s’agit alors d’assurer, non aux mourants, mais aux vivants ce qui leur est utile pour qu’ils puissent résister à la persécution. On admettra donc les apostats repentants aux saints mystères et à la communion, sans exiger tout ce que requiert en temps ordinaire la discipline en vigueur : communicatio a nobis danda est, et on leur permettra de boire dans l'église la coupe du Seigneur : ad bibendum in ecclesia poculum Domini jure communicationis admittimus. ld., 2, p. 652.

Cyprien nous apprend aussi que le sacrifice est offert pour la réconciliation des apostats repentants. Il range même cet acte au nombre de ceux qui doivent être accomplis avant que le coupable soit rendu à la communion. Non seulement, il doit faire pénitence pour expier ses fautes, accomplir l’exomologèse, recevoir l’imposition des mains de l'évêque et du clergé, Epist., xv (ol. x), 1, p. 514 ; xvi (ol. ix), 2, p. 510, mais il faut aussi que le sacrifice soit offert : unie expiala delicta, ante exomologesim factam criminis, ante purgalam conscienliam sacrificio et manu sacerdotis, ante offensam placatam indignantis Domini

et minantis, vis infertur corpori ejus et sanguini. De lapsis. If). IL. t. in a, p. 218.

Le sacrifice eucharistique peut servir aussi à d’autres qu’aux assistants. Les fruits sont appliqués à des absents, Epist., lxh (ol. lx), 5, II., t. m b, p. 701, et aux défunts. Epist.. i (ol. lxvi), 2, p. 466. C’est le prêtre qui désigne lui-même nommément les personnes pour lesquelles il prie ainsi à l’autel, Epist., lxii (ol. lx), 5 ; i (ol. lxvi), 2. p. 701, 466, et auxquelles profitent d’une manière spéciale les fruits du sacrifice. Évidemment, il faut être mort dans la paix de l'Église pour pouvoir obtenir pareille faveur. Il y a même des lois qui défendent d’offrir ainsi le sacrifice pour les fidèles qui, de leur vivant, avaient commis certains délits, par exemple, pour ceux qui, par testament, avaient obligé un prêtre à se charger d’une tutelle ou de certains offices séculiers : le chrétien qui a voulu arracher un prêtre à l’autel ne mérite pas qu’on le nomme à l’autel. Episcopi antecessorcs nostri… censuerunt ne quis frater excedens ad lutelam vel curam clericum nominaret, ac si quis hoc fecisset, non offeretur, pro eo, nec sacrificium pro dormilione ejus celebraretur. Neque enim apud altarc Dei meretur nominari in sacerdolum prece qui ab altari sacerdotes et ministros voluerit uvocari. Epist., i (ol. lxvi), 2, p. 466. On le voit, saint Cyprien donne comme antérieur à lui l’acte du prêtre recommandant à l’autel une personne déterminée. On se rappelle que Tertullien lui aussi en signalant le même usage le présentait comme ancien dans l'Église.

5. Que produit le sacrifice eucharistique ? — Comme on l’a observé, saint Cyprien ne se livre pas à des études spéculatives, mais donne des ordres et des recommandations pratiques ; puisque de son temps les fidèles n’assistent pas à l’oblation sans y participer, il n’a pas distingué les effets propres à la communion et les fruits spéciaux du sacrifice. Il parle en général des avantages que retire le fidèle de la participation aux saints mystères.

Pourtant, il y a des textes qui montrent jusqu'à l'évidence que l’oblation elle-même, indépendamment de la réception de l’eucharistie, a son efficacité. On offre le sacrifice pour les morts : on estime donc pouvoir ainsi leur obtenir la rémission de leurs fautes et une fin plus rapide de leur expiation d’outre-tombe. Les théologiens modernes diraient que le sacrifice a une efficacité propitiatoire et satisfacloire. On fait aussi à l’autel la mémoire des absents, pour leur obtenir évidemment des grâces de Dieu. De même le sacrifice a lieu pour la réconciliation des apostats repentants et qui ne sont pas encore admis à communier : de nouveau apparaît sa vertu propitiatoire et satisfactoire ; le texte où cet usage est attesté signale expressément ce fruit du sacrifice eucharistique ; à côté de la mention du sacrifice sont indiqués la purification de la conscience et l’apaisement de l’indignation d’un Dieu offensé : ante purgalam conscienliam sacrificio et manu sacerdotis, ante offensam placatam indignantis domini et minantis.

Les affirmations de l'évêque de Carthage sur la stérilité du sacrifice offert par les hérétiques et les schismatiques attestent aussi que l’oblation a une valeur distincte de la communion. « Les novatiens. écrit-il, ne peuvent rien obtenir de Dieu par leurs tentatives illégitimes, leurs sacrifices soûl inefficaces. Epist., lxix (ol. lxxvi). 8, II., t. m b, p. 757. De même c’est en vain que l’apostat Fortunalien essaie de faire l’oblation : le Seigneur ne oient » as au secours, prosil, de ceux pour lesquels il prie. Epist., lxv (ol. lxiv), 4, p. 725. Celle vertu impétratoire est aussi affirmée d’une autre manière. Cyprien mentionne diverses personnes ou causes, pour lesquelles on fait la prière eucharistique, pour lesquelles on offre. Ministres et