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MESSE EN OCCIDENT : SAINT CYPRIEN


nique, un sacrifice proprement dit. Dr lapsis, 16, 25,. 28. II.. t. m a, p. 248, 255, 257 ; Epist., lxiii, 1, 4, 5, 9. 11. 17. H., t. m b, p. 701, 704, 708, 712, 714 ; Epist., lxxii, 2, ibid., p. 776 ; Epist., lxxiii, 2, ibid., p. 780. Sont sacrifices et le rite accompli' par le Christ à la cène et tous ceux par lesquels les chrétiens le reproduisent. Sans doute, il arrive à saint Cyprien d’employer ce mot en un sens figuré, comme on l’a fait avant lui et comme on le fera toujours. Il écrit que la paix entre les chrétiens est le meilleur des sacrifices. De dominica oratione, 23, H., t. m a, p. 285. Mais il suffit de comparer ce texte aux autres et on voit aussitôt en quel cas le mot a un sens rituel.

L'évêque de Carthage emploie presque aussi souvent les termes offrir ou oblation. Le Christ a offert, Epist., lxiii, 4, H., t. m b, p. 703, et nous aussi nous offrons. Epist., xxxvii (ol. xv), 1, ibid., p. 576. L’objet de Voblalion, ce qui est offert, c’est aussi bien le pain ou la coupe, Epist., lxiii, 4, 9, 13, ibid., . p. 703, 707, 711, que le corps ou le sang du Seigneur, id., 9, p. 708 ; Epist., lxv (ol. lxiv), 4, p. 725 ; c’est une passion du Seigneur, passio est enim Domini sacrificium quod ofjerimus, Epist., lxiii, 17, p. 714, c’est un sacrifice, id., 9, 14 ; les deux expressions techniques, sacrificium et efferre, sont rapprochées dans la même phrase, par exemple : si in sacrificio Dei l’atris et Cliristi vinum non ofjerimus, Epist., lxiii, 9, p. 708 ; in sacrificio quod Christus obtulil. Id., 16, 1>. 712.

Il est un troisième mot qui exprime la même pensée, le verbe sanctificare rendre saint ce qui était profane, faire du pain le sanctum, la chose sainte par excellence : In calice dominico sanctifteando, Epist., lxiii, 1, p. 701 ; sacrificium Domini cum leqilima sanctificatione celebrari, id., 9, p. 708 : nec oblatio sanctificari illic possit. Epist., lxv (ol. lxiv), 4, p. 725. Les recommandations de la liturgie sur la nécessité de réserver les choses saintes aux saints peuvent expliquer l’emploi de ce mot. D’ailleurs, les plus anciens documents chrétiens, la Didachè par exemple, insistent sur la pureté morale nécessaire au communiant. A l'époque de saint Cyprien, il semble, on l’a constaté, qu’en Orient et en Occident, l’attention se fixe avec complaisance sur cette pensée : ce n’est pas seulement l'évêque de Carthage, mais Tertullien et les Alexandrins qui font du mot sanctifier un synonyme de sacrifier. Toutefois, si on observe le souci de Cyprien d'écarter de la communion les indignes, on est tenté de croire que personne plus que lui n’a vu en elle le Saint des saints.

Mieux encore que ces noms, les affirmations de saint Cyprien sur l’eucharistie démontrent qu'à ses yeux, elle est un sacrifice proprement dit.

Il oppose le sanctum Domini, l’opération sainte, la coupe et la table du Seigneur, aux victimes et aux autels du démon, les sacrifices païens aux sacrifices chrétiens. De lapsis, 2, 15, 25, H., t. m a, p. 238, 248, 255. De même l'évêque de Carthage déclare qu’aux animaux immolés sous l’ancienne Loi se substitue le sacrifice de louange et de justice des temps nouveaux prédit par les prophètes, notamment par Malachie. Teslimoniorum, i, 16, H., t. m « .p. 49-50. Il applique à l’eucharistie les paroles du Lévitique, vil, 20, sur les oblations rituelles juives : « L'âme qui en état d’impureté aura mangé de la chair du sacrifice pacifique appartenant à Jahvé sera retranchée du peuple. » De lapsis, 15, H., t. m a, p. 248 ; Teslim., iii, 94, H., t. ma, p. 176.

Plus significatif encore est un autre rapprochement : Le sacrifice du pain et du vin de Melchisédech est aux yeux de Cyprien une figure de celui que le Christ devait offrir avec les mêmes éléments, faisant ainsi surcéder à l’image la pleine et parfaite réalité. Epist., lxiii, 4, H., t. m b, p. 703. De même, écrit encore

l'évêque de Carthage, le livre des Proverbes, ix, 1-2, annonce le sacrifice du Seigneur, ses hosties, sou autel et ses apôtres, lorsqu’il parle de la Sagesse qui édifie une maison, taille ses colonnes, immole ses victimes, mêle son vin et dresse sa table. Id., 5, p. 704.

Aussi le Christ est-il présenté comme 1' « auteur et le docteur de ce sacrifice », en qualilé de maître * il a commandé et agi », « il a fait et il a enseigné ». Id.,

1, p. 701. « Jésus-Christ, Notre-Seigneur et notre Dieu, est lui-même le nouveau prêtre de Dieu le Père et il s’est le premier offert en sacrifice à Dieu le Père. » Id., 14, p. 713. C’est ainsi qu’il « a fait l’oblation du pain et du viii, de son corps et de son sang ». Id., 4, p. 703.

Pour le démontrer, Cyprien fait appel aux témoignages de l'Évangile et de l’Apôtre. Il reproduit les paroles de l’institution, Id., 9, 10, p. 708, telles qu’on les lit dans Matth., xxvi, 28 sq., et dans 1 Cor., xi, 23-26. Dans ce dernier morceau, on trouve l’ordre donné par Jésus de renouveler la cène. Cyprien rappelle avec insistance cette règle : « Il faut obéir au Christ, faire ce qu’il a fait, ce qu’il a ordonné défaire », « ce qu’il a prescrit d’accomplir en mémoire de lui ». Il est nécessaire de « le suivre », « d’imiter son acte », « d’offrir ce qu’il a offert », « de poser le rite tel qu’il l’a posé ». Id., 1, 2, 10, 14, p. 701, 702, 709, 712. Alors le prêtre remplit vraiment le rôle du Christ quand il reproduit l’action du Christ. « S’il offre de la manière dont il voit que le Christ a lui-même offert, il offre alors dans l'Église à Dieu le Père un sacrifice vrai et auquel rien ne manque, sacrificium verum et plénum. » Id., 14, p. 713.

3. Qui offre le sacrifice ? — >- Saint Cyprien parle de sa propre oblation : Sacrificantibus nobis, précis nostræ. De lapsis, 25, H., t. m a, p. 255. Pourquoi se sert-il ici du pluriel, alors que, dans le même récit, deux lignes plus haut, parlant de lui, il emploie le singulier prœsente ac teste me ipso, loc. cit. Sans doute parce qu’il y avait concélébration, tous ceux qui étaient revêtus du sacerdoce s’unissaient à Cyprien lorsqu’il offrait l’eucharistie.

A maintes reprises, il parle du « sacrifice célébré par le prêtre », sacerdos. De lapsis, 26, p. 256. Lorsqu’il l’offre comme il doit le faire, il est vraiment le représentant officiel du Christ. Epist., Lxiii, 14, H., t. in b, p. 713. Le prêtre a aussi le pouvoir de désigner nommément à l’autel des personnes pour lesquelles il prie et auxquelles s’appliquent les fruits du sacrifice. Epist., lxii (ol. lx), 5, p. 701 ; i (ol. lxvi), 2, p. 466467. Quiconque est revêtu du sacerdoce a encore le pouvoir d’accomplir seul le sacrifice, en l’absence de l'évêque et sans concélébrer avec ui. C’est si vrai qu’il peut bien arriver à des prêtres, presbyteri, d’abuser de ce droit. Saint Cyprien blâme sévèrement ceux qui accomplissent cet acte dans des conditions illicites. Ils ont offert pour des chrétiens apostats non réconciliés, Epist., xv (ol. x), 1„H., t. m b, p. 514 ; ils ont fait le sacrifice en leur nom, les ont admis à la communion, leur ont donné l’eucharistie. Ibid. ; cf. xvi (ol. ix),

2, 3, p. 519.

Cyprien parle de cette faute avec « très grande douleur » ; il y a eu manque de respect à l'égard de Dieu et violation de l'évangile, oubli de l’honneur dû à l'évêque et à son siège, mépris de la volonté des confesseurs de la foi et profanation de l’eucharistie Loc. cil. L'évêque de Carthage ne considère pas toutefois ces sacrifices comme nuls. Mais il dénie toute validité à des oblations offertes par certains prêtres. Il écrit de Novaticn : « Ce frère ennemi, méprisant les évêques et abandonnant les prêtres de Dieu, ose ériger un autre autel… profaner par de faux sacrifices la vérité de l’hostie du Seigneur. » De unitate Ecclesiæ, 17, H., t. m a, p. 226. « Il offre contre le droit » et » hors de l'Église s’arroge