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    1. MARONITE (ÉGLISE)##


MARONITE (ÉGLISE), PATRIARCHES, YIIIe SIKCLE « 0

Antoine de la congrégation dite du Mont-Liban et d’hospice pour les pèlerins maronites. Le 18 mars 1711, cet établissement fut rattaché par la Propagande à l’ordre en question. Voir la lettre du cardinal Sacripantc, préfet de la Congrégation de la Propagande, dans Anaïssi, Colleclio, p. 141-142. Sous l’inspiration du cardinal Nicolas Spinola, l’institution fut dotée d’une règle spéciale que confirma Clément XII, lettre In supremo militantis Ecclesiæ, 14 juillet 1732, dans Anaïssi, Bull., p. 227-231, et que modifia, à deu reprises, Benoît XIV. Lettres lnjunrlum nobis, 7 octobre 1744, et Apostolatus officium, 8 nov. 1745, dans Anaïssi, Bull., p. 318-328. En 1753, la maison fut transférée près de Saint-Pierre-ès-liens, où elle se trouve encore, et placé sous le vocable de Saint-Antoine le Grand. Lettre Alias porrectus nobis de Benoît XIV, 18 décembre 1753, dans Anaïssi, Bull., p. 347-348. Cf. le patriarche Mas’ad, op. cit., p. 161162. Enfin, nous —ne saurions passer sous silence les services rendus indirectement à la science par Jacques’Aouad. Il prêta, en effet, un concours efficace — les orientalistes doivent lui en savoir gré — à J.-S. Assémani qui, sur l’ordre du pape, était allé en Orient pour l’acquisition de manuscrits grecs, syriaques et arabes. Tous ces manuscrits sont actuellement à la Mibiiothèque vaticane. Cf. Bibl. or., . t. i, præf., p. xi.

Après un long pontificat, Jacques’Aouad rendit le dernier soupir au couvent de Mar-Challita, dans le Kasrawân, le 12 (et non pas le 9) février 1733. Voir les lettres de son successeur et du collège électoral au pape et à la Congrégation de la Propagande, dans le Cod. Val. lai. 7258, fol. 208-209 et 212-213.

L’élection du nouveau patriarche n’alla pas sans difficulté. Les évêques étaient divisés. Deux candidats obtinrent chacun six voix, un troisième, deux et un quatrième, une. A un certain moment, une manœuvre simoniaque s’esquissa. Pour y parer, l’on cessa les scrutins, et l’on élut par acclamation Joseph Dergham El-Khazen, évêque de Ghosta. Voir la lettre adressée à la Propagande par l’un des électeurs, ’Abdallah Qaraali, archevêque de Beyrouth, 28 février 1733, dans Anaïssi, Collect., p. 143-144 ; Le Quien, Oriens christianus, t. iii, col. 76. Ce fut le 25 (et non pas le 24) février 1733, au couvent de Raïfoun, dans le Kasrawân. Immédiatement, le patriarche désigna le P.’Abdallah Serour (Serur), pour porter à Rome les lettres électorales. Clément XII confirma Joseph El-Khazen sur le siège patriarcal et, à la postulation de Joseph Ascevolini, avocat consistorial, lui accorda le pallium. Lettre Cum nos a vinculo, 18 décembre 1733, dans Anaïssi, Bull., p. 232-234 ; voir aussi p. 235-237.

L’événement principal du pontificat de Joseph El-Khazen fut la tenue, en 1736, du synode du Mont Liban. (C’est, sans doute, par distraction que M. S. Deslandes le désigne sous le nom de concile de’Aïn-Traz, dans les Échos d’Orient, 1922, t. xxv, p. 321.) Cette assemblée marque une date importante dans l’histoire de l’Église maronite, puisqu’elle donna à celle-ci sa charte constitutionnelle. — Au lendemain de l’élection de Joseph El-Khazen, la question d’une réforme fut sérieusement agitée. La recherche d’une latinisation inconsidérée, mal comprise, le manque d’une organisation ecclésiastique définie, la suite des douloureux événements racontés plus haut, avaient jeté le trouble dans les esprits et le bouleversement dans la discipline. Le besoin de remédier aux abus se faisait grandement sentir. Dijesa del sinodo libanese celebrato d’ordine délia Santa Sede nel Monte Libano l’anno 1736, Rome, 1741, p. 55. A la nécessité de réformer les institutions se joignait le souci d’éviter les remèdes sans effets. Aussi jugea-t-on nécessaire de s’assurer le concours de l’autorité pontificale. Cf. deux lettres adressées par trois archevêques maronites, le

28 février 1733, à la Propagande, dont l’une se trouve dans le Cod. Vat. lut., 7262, fol. 178 et l’autre dans la Dijesa del sinodo libanese, citée plus haut, p. 55-50. Le patriarche, les évêques et les principaux du clergé séculier et régulier écrivirent au pape, à la Propagande et à divers cardinaux de la Curie, demandant l’envoi de J.-S. Assémani en qualité de légat pontifical. Lettre du 28 juillet 1734, dans Sijnodus provincialis a Remo D. Patriarcha Anliochenu, Archiepiscopis et episcopis, nec non clero seculari et regulari nationis Sijrorum Maronitarum una cum Remo D. Josepho Simonio Assemano, Sedis Apostolicæ Ablegalo, in Monte Libano celebrata annol 736, diebus 30 septembres, prima et secundo octobris. Clémente XII Pont. Max., Ruine. 1820, p. il. Voir ibid., p. iii, les autres lettres du 27 et 31 juillet et du 8 août de la même année. Rome exauça le vœu des maronites et Assémani fut envoyé avec faculté de réunir, au besoin, un concile. Voir les diverses pièces ibid., p. m-xiv et Anaïssi, Collectio, p. 146-147. La Congrégation de la Propagande lui donna des instructions particulières touchant la réforme de plusieurs questions disciplinaires, notamment la séparation des monastères de moines et de moniales, l’érection canonique des éparchies, les droits qu’on exigeait à l’occasion de la distribution des saintes huiles et de la collation des ordres. Muni de tous ces documents, Assémani quitta Rome le 17 décembre 1735 ; mais, à cause de la mauvaise saison. il ne put arriver à Beyrouth que le 17 juin de l’annee suivante. De là, il se rendit à Qannoûbîn, auprès du patriarche. Le 1 er juillet, celui-ci fit lire à l’église, en présence de l’épiscopat, du clergé, des notables et d’un grand nombre de fidèles, les brefs apostoliques et les lettres de la Propagande. Voir le rapport écrit par Assémani sous le titre : Relazione dcU’ablegazionc apostolica alla nazione de’Maroniti nella Siria, e Monte Libano di Monsignor Giuseppe Simonio Assémani alla S. Congregazione de Propaganda Fide, Rome, 1741, p. 2-4 ; J.-S. Assémani, Bibl. iuris, t. i, p. vi-vm. Le jour suivant (2 juillet), patriarche et évêques écrivirent à Rome pour témoigner de leur gratitude et de leur parfaite soumission aux ordres du souverain pontife. Ces lettres se trouvent dans l’append. du synode du Liban, p. 445-449.

Avant de quitter la ville éternelle, Assémani avait élaboré un vaste programme de réforme ; il avai’même rédigé en latin, sans doute pour le soumettre à la Propagande, le schéma du concile qu’il se proposait de réunir. Un maronite, André Scandar, professeur à la Sapience et interprète de langues orientales près la S. C. de la Propagande, en fit une traduction arabe, terminée le 15 novembre 1735. (Cette traduction est conservée parmi les mss. de la Vaticane : cod. Vat ; syr. 399.) Ce n’est pas le texte qui fut plus tard adopté. Dans l’intervalle, Assémani dut le modifier ; car, lors de son arrivée chez le patriarche.il fut obligé de traduire en arabe le texte latin qu’il avait préparé. Relazione, p. 5-7. Le programme de réforme, dressé par Assémani, rencontra dans l’entourage même du patriarche, une sourde opposition. Le véritable instigateur en était Élie Mohasseb, évêque d’Arka et vicaire patriarcal. Par des manières habiles, mais peu franches, il arriva à gagner le patriarche et ceux dont la réforme menaçait les intérêts ou les commodités. Aussi les discussions préalables furent-elles longues et laborieuses. Nous ne pouvons entrer dans le détail de leur histoire ; c’est un autre travail qu’il faudrait pour les retracer. Relazione, p. 7-10.

Les débats portèrent principalement sur les points suivants : monastères mixtes ou doubles, division de< éparchies, formation du clergé, discipline des sacrements, droits exigés à l’occasion de la collation des ordres, de la distribution des saintes huiles, des dis-